Projet d’attentat de l’ultradroite: Mélenchon et Castaner ignoraient la menace

Projet d’attentat de l’ultradroite: Mélenchon et Castaner ignoraient la menace

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, cités parmi les cibles possibles d...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, et Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, cités parmi les cibles possibles d'un projet d'attentat de l'ultradroite, ont chacun dit mercredi avoir été informés par la presse.

"Je n'avais pas été prévenu", a expliqué M. Castaner à la sortie du Conseil des ministres. "J'aurais apprécié être informé", a renchéri M. Mélenchon dans l'après-midi à l'Assemblée.

"J'estime que le Parlement tout entier peut se sentir visé", a encore affirmé le chef de file de la France insoumise, en assurant que "rien, jamais, aucune menace ne fera céder aucun d'entre nous dans le devoir de représenter la liberté d'expression du peuple français".

Alors que le député des Bouches-du-Rhône recevait une standing ovation de la quasi totalité de l'hémicycle, le Premier ministre Édouard Philippe (issu de LR) s'est félicité d'une "superbe - même si elle ne me surprend pas - attitude de la représentation nationale qui fait honneur à notre démocratie", saluant une question "dénuée de polémiques".

Mardi, neuf hommes - dont trois mineurs - gravitant pour la plupart dans la mouvance ultradroite, et une femme, ont été arrêtés par la Sous-direction antiterroriste de la police judiciaire (Sdat), en co-saisine avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), dans le sud-est de la France et en région parisienne, pour "association de malfaiteurs terroriste".

Selon les premiers éléments de l'enquête, les suspects ciblaient migrants, mosquées et hommes politiques et "étaient en lien" avec Logan Alexandre Nisin, un ancien militant de l'Action Française Provence arrêté fin juin.

Leurs gardes à vue ont été prolongées mercredi soir.

M. Mélenchon a suggéré qu'à l'avenir les personnes qui sont visées par ce genre de projets d'attentats "soient prévenues".

Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner quittant l'Elysée après un conseil des ministres le 4 octobre 2017
Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner quittant l'Elysée après un conseil des ministres le 4 octobre 2017
AFP/Archives

Christophe Castaner, ancien député-maire de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) où réside l'un des interpellés, a convenu que "ce que j'ai lu, ce que j'ai vu, peut m'inquiéter".

"Je suis papa de deux petites filles, je ne vis pas à Forcalquier puisque je suis ministre à Paris", a-t-il dit en soirée sur RTL. "Mon aînée ayant appris l'information par la presse et pas par moi, effectivement c'est un sujet de tension mais j'ai veillé à les rassurer", a-t-il ajouté.

- banalisation de la violence -

"Si lorsqu'une menace précise et caractérisée est identifiée, bien entendu nous prenons les mesures qui s'imposent en informant les personnes qui en font l'objet", a souligné le Premier ministre lors des questions au gouvernement.

Gérard Collomb, le 11 octobre 2017 à l'Elysée
Gérard Collomb, le 11 octobre 2017 à l'Elysée
AFP

"Je pense néanmoins qu'en la matière il faut laisser aussi aux forces de l'ordre et à l'autorité judiciaire le soin de mener son enquête", a-t-il ajouté, assurant que cette question, "sur laquelle de manière constante nous nous réinterrogeons", ferait l'objet d'une discussion avec le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

"J'accepte l'idée de ne pas avoir été informé parce que en matière de lutte contre le terrorisme il y a un procureur à Paris, il a ses troupes, et moi je leur fais confiance", a déclaré M. Castaner sur RTL, précisant qu'il n'avait pas demandé une protection renforcée, "parce que les premières informations que l'on nous a communiquées c'est que ces onze personnes interpellées présentaient une forme de dangerosité mais n'avaient pas expressément préparé un attentat contre Jean-Luc Mélenchon ou contre moi".

Le principal suspect, Logan Alexandre Nisin, outre son appartenance un temps à l'Action française, avait participé aux campagnes présidentielle et législatives 2017 du Front national, selon des éléments recueillis mercredi par l'AFP.

Le secrétaire national aux fédérations et à l'implantation du FN, Jean-Lin Lacapelle, a affirmé auprès de l'AFP que M. Nisin n'avait "jamais été adhérent au FN".

M. Nisin a néanmoins été, selon une source proche, "assesseur FN dans un bureau de vote lors des élections législatives à Vitrolles", une information confirmée par plusieurs opposants locaux à M. Lacapelle.

M. Castaner a noté "qu'il y a une banalisation de la violence qui est portée par le Front national, dans le langage (…) qui peut conduire à ce que des gens tarés puissent avoir ce genre de comportement. Je n'ai aucune complaisance pour le FN mais je ne mêle pas des radicalistes d'extrême droite et le FN", a-t-il toutefois affirmé.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le