Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Privatisation d’ADP: Philippe appelle à “éviter les caricatures”
Par Public Sénat
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Edouard Philippe a appelé jeudi à "éviter les caricatures" sur le dossier polémique de la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP), en inaugurant à Orly le nouveau bâtiment fusionnant les ex-terminaux Ouest et Sud en une aérogare unique.
"Je comprends parfaitement les inquiétudes. Mais je crois qu'on peut collectivement éviter les caricatures", a déclaré le Premier ministre, lors du discours d'inauguration.
Le chef du gouvernement s'est dit "persuadé" que ce "point de crispation" pourrait être "surmonté", alors qu'au même moment se tenait non loin une manifestation de salariés d'ADP opposés à la privatisation.
L'opposition de droite et de gauche a saisi le Conseil constitutionnel de la loi Pacte autorisant la privatisation d'ADP, adoptée par l'Assemblée nationale début avril. Elle a aussi enclenché pour la première fois une tentative de référendum d'initiative partagée, qui nécessite pour se concrétiser quelque 4,5 millions de signatures de citoyens.
Reprenant l'argumentaire de l'exécutif, Edouard Philippe a souligné jeudi que le contrôle de la frontière resterait géré par l'Etat via la police, et que l'essentiel des revenus d'ADP venaient de l'activité commerciale, "moins" stratégique.
"Qu'est-ce qui est stratégique s'agissant de ce lieu? C'est la frontière, parce que c'est un élément de souveraineté. Le caractère commercial de l'entreprise l'est moins", a plaidé le Premier ministre, soulignant qu'"ADP compte déjà 49% d'actionnaires privés et près de 75% de son activité relève du résultat commercial".
"Il est donc évident que nous pouvons réfléchir ensemble et avancer sereinement", a-t-il estimé.
Selon la préfecture, la manifestation de salariés d'ADP contre la privatisation a réuni environ 400 personnes à Orly. Le personnel s'inquiète notamment du risque de suppressions de postes, selon Daniel Bertone, secrétaire général de la CGT d'ADP.
A la mi-journée à Paris, quelque 70 salariés d'ADP ont aussi manifesté près du Conseil constitutionnel, a constaté une journaliste de l'AFP. Vêtus de chasubles du groupe aéroportuaire ou de la CGT, les manifestants ont déployé une banderole disant "Non à la privatisation d'Aéroports de Paris".
"Nous voulons que les membres du Conseil constitutionnel mesurent bien leur décision", a déclaré à l'AFP Floréal Marin, élu CGT. "Si ce projet de privatisation n'est pas annulé, la politique qui sera menée dans l'entreprise sera encore plus drastique en matière d'effectifs et de gains de productivité", a-t-il ajouté.
Parmi les manifestants, une militante CGT , "depuis 28 ans" chez ADP, s'inquiétait "des risques pour la sûreté" des installations si le groupe est privatisé. Et, à cause des suppressions d'emplois, "le savoir-faire disparaît. Un sous-traitant n'est pas aussi efficace", a-t-elle assuré.
En inaugurant "Orly 3", le nouveau bâtiment reliant les ex-aérogares Sud et Ouest, Edouard Philippe a salué ce nouveau terminal unique qui "offre une nouvelle unité et une nouvelle envergure à l'aéroport".
"Il augmente la capacité de l'aéroport. Il améliorera le parcours des passagers en correspondance", a-t-il souligné.
Né en 1918 à 10 km au sud de Paris, Orly entame une nouvelle vie avec cette ouverture, destinée à accompagner la croissance en flèche du nombre de passagers drainés par les compagnies low-cost qui l'ont sauvé du déclin.
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