Prisons:  début de la réunion entre la ministre et les syndicats

Prisons: début de la réunion entre la ministre et les syndicats

Les discussions ont repris lundi après-midi entre la ministre de la Justice et les syndicats de gardiens de prison, qui continuent de bloquer...
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Par Marie DHUMIERES et Caroline TAIX avec les bureaux de l'AFP en région

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Les discussions ont repris lundi après-midi entre la ministre de la Justice et les syndicats de gardiens de prison, qui continuent de bloquer plusieurs établissements pénitentiaires afin d'obtenir une hausse des rémunérations et une amélioration des conditions de travail.

Après l'échec de premières négociations samedi, Nicole Belloubet s'est personnellement investie dans ces nouvelles discussions qui visent à mettre un terme à une mobilisation lancée lundi dernier suite à l'agression de surveillants à Vendin-le-Vieil (Nord).

La garde des Sceaux, qui en a appelé à la "responsabilité de chacun", a commencé les discussions avec les trois principaux syndicats (Ufap-Unsa, CGT, FO) lundi après-midi à la Chancellerie, selon le ministère.

Des gardiens de prison en grève manifestent devant la prison de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, le 22 janvier 2018
Des gardiens de prison en grève manifestent devant la prison de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, le 22 janvier 2018
AFP

Le parti Les Républicains (LR) s'est rangé derrière les surveillants en accusant Mme Belloubet de ne "pas prendre la mesure" de leur "détresse" et en critiquant des propositions gouvernementales "en deçà des enjeux".

A 14H30, 23 établissements sur 188 étaient toujours bloqués, selon la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP). Dans 13 d'entre eux, les agents refusent même de prendre leur service, contraignant les forces de l'ordre à suppléer les surveillants dans sept prisons, dont Lille-Loos-Sequedin et la maison d’arrêt de Bayonne.

La DAP n'a en revanche pas donné le nombre total de prisons mobilisées. Lundi matin, il y en avait, selon le syndicat Ufap-Unsa Justice (majoritaire), entre 120 et 130, même si une minorité d'entre elles ont été totalement bloquées.

La ministre de la Justice à l'intérieur de la prison de Borgo en Corse répond aux journalistes, le 19 janvier 2018
La ministre de la Justice à l'intérieur de la prison de Borgo en Corse répond aux journalistes, le 19 janvier 2018
AFP

A Fleury-Mérogis (Essonne), plus grande prison d'Europe avec plus de 4.300 détenus, la mobilisation s'est achevée vers 10H30 dans le calme et certains surveillants sont symboliquement entrés dans l'établissement "à reculons" en signe de protestation.

A l'entrée, les visiteurs s'impatientaient, à cause d'un retard de plus de deux heures aux parloirs.

Aux Baumettes, à Marseille, où jusqu'à une centaine d'agents s'étaient rassemblés lundi matin, le blocage a été levé vers 11H00 après une intervention dans le calme des CRS. "Si les discussions n'avancent pas on remettra ça demain" (mardi), ont indiqué les manifestants.

- Attaques à répétition -

Des drapeaux d'organisations syndicales accrochés devant le pénitencier de Borgo, en Corse, le 19 janvier 2018
Des drapeaux d'organisations syndicales accrochés devant le pénitencier de Borgo, en Corse, le 19 janvier 2018
AFP/Archives

En revanche, à la maison d'arrêt de Pau, les forces de l'ordre ont délogé manu militari les piquets de grève, lors de l'extraction d'un détenu, ont indiqué les syndicats localement.

De même, à Nancy, des CRS sont intervenus pour permettre l'extraction d'un homme qui devait être jugé dans l'après-midi aux assises.

Au centre pénitentiaire de Gradignan, dans la banlieue bordelaise, des CRS ont lancé des gaz lacrymogènes contre une centaine d'agents qui bloquaient l'accès à un camion de livraison des repas des détenus.

La mobilisation a été suivie dans plusieurs régions en France: des établissements ont été mobilisés en Auvergne-Rhône-Alpes, dans le Grand Est et en Occitanie, selon des syndicalistes locaux.

Deux nouvelles agressions de gardiens ont par ailleurs eu lieu dimanche à Longuenesse (Pas-de-Calais) et Châteauroux (Indre).

Ces attaques à répétition alimentent la colère des gardiens qui jugent leur profession dangereuse, mal payée et mal considérée alors que les prisons souffrent d'une surpopulation chronique. C'est d'ailleurs l'agression de surveillants par un détenu jihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) le 11 janvier qui avait mis le feu aux poudres.

Devant cette prison a été dressé un épouvantail représentant l'administration pénitentiaire, avec cet écriteau: "Si on lâche, c'est le cimetière".

La semaine dernière, parallèlement à la mobilisation nationale des gardiens, l'Ufap-Unsa (40%) et la CGT-Pénitentiaire (environ 15%) ont participé à des négociations avec le gouvernement, mais ont refusé samedi de signer le "projet d'accord" qui en est sorti.

FO-Pénitentiaire, qui n'avait pas participé aux premières négociations, a appelé à "amplifier la pression".

La CGT et FO ont prévenu que le mouvement de blocage des prisons était reconductible "jusqu'à ce que le gouvernement entende (leurs) revendications".

L'Ufap-Unsa et la CGT jugent insuffisante la proposition de 1.100 créations de postes sur quatre ans.

Les trois principaux syndicats demandent des revalorisations: soit indemnitaires (pour l'Ufap), avec une hausse des primes de nuit ou de pénibilité, soit statutaires (pour FO et la CGT), avec le passage pour les agents de la pénitentiaire de la catégorie C à la catégorie B.

burs-ctx/jt/sd

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