Présidentielle: un débat “de bonne tenue” pour Frédéric Dabi de l’Ifop

Présidentielle: un débat “de bonne tenue” pour Frédéric Dabi de l’Ifop

Le débat télévisé "de bonne tenue" entre les onze candidats à la présidentielle mardi soir aura été le "quart d'heure de gloire...
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Par Charlotte HILL

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Le débat télévisé "de bonne tenue" entre les onze candidats à la présidentielle mardi soir aura été le "quart d'heure de gloire warholien des petits candidats", mais il a peu de chances de bouleverser les rapports de force, selon le politologue Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

- Quelle était la qualité du débat?

"C'était un débat plutôt de bonne tenue, assez fluide, rythmé. Contrairement au premier débat (avec les 5 principaux candidats le 20 mars sur TF1, NDLR), qui apparaissait comme fourre-tout, les journalistes avaient bien ciblé les sujets.

On s'est aussi moins ennuyés qu'au premier débat, mais il restait les contraintes inhérentes à un débat à onze, avec certains candidats qui disparaissaient par moments, au point qu'on a pu voir sur Twitter, des internautes plaisanter en lançant des +alertes enlèvements!+"

- Qui a tiré son épingle du jeu?

"C'était vraiment le quart d'heure de gloire warholien des petits candidats qui ont un peu crevé l'écran. Par exemple, Philippe Poutou (NPA) qui a attaqué Marine Le Pen et François Fillon sur les affaires ou Nicolas Dupont-Aignan (DLF), dans une logique de chercher à récupérer les électeurs de droite, qui a attaqué François Fillon sur le non-respect des traités.

Les candidats les plus importants ont eu moins la possibilité de briller.

Sur ces grands candidats, je mettrais plutôt en avant Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Le premier s'en est bien tiré. Le +Tout sauf Macron+ ne s'est pas vraiment produit contrairement au premier débat, et il a su se différencier sur l'Europe, avec une vision positive.

Jean-Luc Mélenchon, lui, achève sa mutation d'image de l'homme du bruit et de la fureur à l'homme tranquille.

Le débat a aussi été meilleur pour Benoît Hamon car il a compris qu'il ne servait à rien d'attaquer ses adversaires à gauche, notamment Emmanuel Macron. Il a ainsi réactivé le clivage gauche-droite au moment de sa passe d'armes avec François Fillon sur les fonctionnaires.

Pour Fillon, c'était un moment essentiel, mais avec ce format, il était très difficile de renverser la table. Il a fait une sorte d'anti-anaphore de François Hollande ("Moi, président"), mais ça n'a pas suffi à faire fortement bouger les lignes et il a peu attaqué Emmanuel Macron sur le mode +héritier de François Hollande+.

Celle qui n'est pas apparue complètement à l'aise est Marine Le Pen. Elle a semblé parfois en retrait, laissant les bons mots et attaques aux petits candidats. Mais elle est aussi en situation de force et voulait peut-être ne pas prendre de risque, une stratégie qui n'avait toutefois pas réussi à Alain Juppé, lors de la primaire de la droite."

- Est-ce de nature à faire bouger les lignes?

"Les petits candidats ont sans doute gagné fortement en notoriété. On verra s'ils prennent des voix aux autres.

Le grand enjeu porte sur la logique de mobilisation des abstentionnistes, moins sur les indécis. Peut-être vont-ils être mobilisés par ce débat.

Au final, c'était un débat avec pas d'éclats, pas de dégâts, où personne n'a vraiment gagné, personne n'est apparu faiblissime, ainsi un bouleversement du rapport de force électoral est peu probable".

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