Pour son projet, Benoît Hamon mise sur l’autofinancement

Pour son projet, Benoît Hamon mise sur l’autofinancement

Le candidat socialiste espère que ses mesures à 71 milliards d’euros stimuleront la croissance et que l’installation d’un cercle vertueux dans l’économie financera le programme pour une grande partie.
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Benoît Hamon avait exposé ce jeudi pendant près d’une heure et demie son projet au service d’un « futur désirable ». Ne manquait que le coût et le financement de sa longue liste de mesures. C’est désormais chose fait depuis ce matin. L’équipe de campagne du candidat a dévoilé le cadrage budgétaire et macro-économique du programme, qui prévoit 71 milliards de dépenses nouvelles.

Il ne s’en cache pas, ce projet travaillé par les économistes Pierre-Alain Muet (député socialiste du Rhône) et Julia Cagé, s’affirme clairement comme un projet de relance économique et faisant la part belle à la politique de la demande.

En termes de dépenses annuelles supplémentaires, le programme se chiffre à 71 milliards d’euros en 2022, « au terme de la montée en charge ». Le revenu universel d’existence, introduit dès le 1er janvier 2018 représente la moitié du total, avec 35 milliards d’euros chaque année. Les 36 autres milliards d’euros qui constituent les nouvelles dépenses, seront étagés au fur et à mesure du quinquennat et de l’adoption des réformes, selon l’équipe de Benoît Hamon.

Parmi eux, 6,7 milliards seront consacrés à la revalorisation des minima sociaux et à la prise en charge des personnes âgées. Près de quatre milliards d’euros seront investis dans l’éducation et la recherche, huit iront aux énergies renouvelables, aux travaux d’isolation, au logement et aux grandes infrastructures.

« Apporter un carnet de commandes aux entreprises »

« Le quinquennat qui s’achève a permis de rétablir la situation et les marges des entreprises. La priorité, pour que ces marges puissent se transformer en emplois, c’est de leur apporter un carnet de commandes », explique le directeur de campagne Jean-Marc Germain.

Dans son programme, Benoît Hamon insiste sur la nécessité « d’inverser la logique » : « investir d’abord », pour « répondre aux attentes Français » et permettre de réduire dette et déficits. Jeudi, quant à la règle européenne des 3% de déficit, il avait répété vouloir « s’affranchir d’une règle qui ne peut pas nous sortir de la crise », tout en visant un retour aux 3% en fin de quinquennat. Selon le cadrage présenté ce vendredi, le déficit se creuserait jusqu’à 3,5% en 2018 (le gouvernement table sur 3,3% pour 2016, toujours en cours de calcul) avant de se résorber jusqu’en 2022, où il atteindrait 2,7%.

« Tout ce que propose Benoît Hamon est financé à l’euro prêt », déclare Jean-Marc Germain
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Images : Samia Dechir

Ses troupes insistent sur l’inflexion qui sera menée par rapport à la politique de l’offre menée durant l’essentiel du quinquennat de François Hollande. Mais l’ancien candidat de 2012 est en revanche invoqué pour relativiser le coût du programme, critiqué sur l’aile droite du PS :

« Je veux vous rappeler que le programme de François Hollande, c’était 20 milliards d’euros équivalents à ceux dont on parle ici, dans son projet initial, plus 40 milliards du CICE. Donc ça représentait en termes d’équivalence des moyens mobilisés 60 milliards d’euros », compare Jean-Marc Germain.

« Notre stratégie est la seule qui peut avoir des effets rapides »

À travers ce soutien « massif » et « puissant » au pouvoir d’achat et aux investissements d’avenir, les architectes du projet de Benoît Hamon espèrent 1,95% de croissance annuelle en moyenne durant le quinquennat (la France a connu 1,1% en 2016). Dès 2018, la France retrouverait 2,4% de croissance et le chômage tomberait à 8,4% (il s’établissait à 9,7% au quatrième trimestre 2016 selon l’Insee). « Notre stratégie macro-économique est la seule qui peut avoir des effets rapides », défend le directeur de campagne. Pour la fin du quinquennat, le cadrage va même jusqu’à inscrire une projection d’un taux de chômage à 5,8%, un niveau que la France n’a pas connu depuis le début des années 80.

« Il est finançable sans hausse des prélèvements sur les Français » – Jean-Marc Germain

« Tout ce qui est proposé est financé à l’euro près », assure Jean-Marc Germain. Peu de nouvelles recettes ont été annoncées. Une promesse de taille : il n’y aura « aucun impôt nouveau sur les ménages ».

Benoît Hamon reprend à son compte la proposition d’Arnaud Montebourg de mettre en place une « taxe sur les superprofits des banques ». Gain attendu : cinq milliards d’euros par an. Il espère également que la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale – notamment grâce à l’installation d’une taxe sur les « profits détournés » – se traduira par 11 milliards d’euros de recettes supplémentaires chaque année. Enfin, dix milliards d’euros seraient économisés du CICE, pour le cibler « sur les entreprises qui en ont vraiment besoin ».

Du côté des économies, le projet prévoit de centraliser les commandes publiques afin de réaliser des économies d’échelle, de l’ordre de cinq milliards d’euros par. Là aussi, Benoît Hamon reprend l’une des mesures portées par Arnaud Montebourg durant la primaire. Par ses politiques de prévention, notamment en matière environnementale, le socialiste espère aussi dégager dix milliards d’euros d’économies à l’horizon 2022. Pour atteindre ce chiffre, le candidat compte notamment sur les six milliards d’euros de la « niche fiscale sur le diesel », qu’il envisage de supprimer progressivement sur trois ans.

« Les étapes de montagne »

L’équipe de Benoît Hamon table surtout sur les fruits d’une croissance, et notamment les apports fiscaux de la consommation et de l’activité économique. Le cadrage estime que l’impact macroéconomique de cette politique se chiffrera à un gain de l’ordre de 0,3% du PIB pour les finances publiques. L’estimation s’élève pour l’horizon 2022 à 30 milliards d’euros, selon le scénario. Soit plus de 40% de la somme nécessaire pour l’équilibre du projet.

Le soutien à la demande sur lequel insiste Benoît Hamon est « un point essentiel qui nous distingue des autres projets », appuie son équipe. Avec son meeting prévu dimanche à Bercy, et le premier débat télévisé lundi, entre les principaux candidats, Benoît Hamon espère entrer dans la « confrontation projet contre projet ». « On rentre dans ce que j’ai appelé les étapes de montagne de la campagne présidentielle », affirme Jean-Marc Germain.

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