Présidentielle: Macron dévoile le cadrage économique de son projet

Présidentielle: Macron dévoile le cadrage économique de son projet

Fini le saupoudrage de mesures, place à la clarification: Emmanuel Macron a dévoilé vendredi le cadrage économique de son projet pour la...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Fini le saupoudrage de mesures, place à la clarification: Emmanuel Macron a dévoilé vendredi le cadrage économique de son projet pour la présidentielle, promettant notamment 60 milliards d'euros d'économies en cinq ans.

Dans une interview aux Echos mise en ligne dès jeudi soir, le fondateur d'En Marche! a présenté le chiffrage de son projet, qui veut allier "trajectoire budgétaire vertueuse" et "invention d'un nouveau modèle de croissance".

Réaffirmant son souhait de "rest(er) dans l'épure des 3% de déficit", l'ancien ministre de l'Economie s'engage à réduire la dépense publique française de trois points de PIB en cinq ans, soit 60 milliards d'économies par rapport à la hausse spontanée de ces dépenses, un objectif en ligne avec celui que s'était fixé François Hollande en 2012.

Pour y arriver, M. Macron vise "25 milliards d'économies sur la sphère sociale", dont 15 milliards sur l'Assurance maladie et 10 milliards sur l'assurance chômage.

File d'attente à l'accueil d'une agence de Pôle Emploi le 27 août 2014 à Armentieres
File d'attente à l'accueil d'une agence de Pôle Emploi le 27 août 2014 à Armentieres
AFP/Archives

Favorable à un système de "droits et devoirs", M. Macron a réaffirmé sur RMC/BFMTV son souhait que les chômeurs ne soient plus indemnisés au deuxième refus d'une offre d'emploi "décente".

L'ancien locataire de Bercy entend également réduire de 10 milliards d'euros sur cinq ans les dépenses des collectivités locales, en nouant avec elles un "pacte" et en leur donnant des "marges de manoeuvre".

Elles auront ainsi leur "mot à dire" sur l'évolution du salaire des fonctionnaires ("ce sera à elle de décider désormais pour leurs agents"), pourront "recourir plus largement à des recrutements de droit privé", devront "respecter la durée annuelle légale du temps de travail" et "pourront revenir sur la réforme des rythmes scolaires".

M. Macron a précisé vendredi matin qu'il souhaitait "dissocier les "trois fonctions publiques" (d'Etat, hospitalière et territoriale) et développer le plus possible le "paiement au mérite".

- 120.000 postes de fonctionnaires en moins -

Autres gisements d'économie: la baisse des effectifs des fonctionnaires, qui pourrait aller jusqu'à 120.000 postes (70.000 venant des collectivités et 50.000 de l'Etat). Ce chiffre est une "référence", un "ordre de grandeur" a souligné M. Macron, pour qui "ce sera aux ministres de faire des choix".

Le candidat souhaite également le retour à un seul jour de carence pour les fonctionnaires, mesure instaurée par la droite et abrogée par François Hollande en 2012. Il a laissé entrevoir une réforme du régime de retraite allant vers une plus grande "équité" entre le public et le privé.

M. Macron propose par ailleurs 50 milliards d'euros d'investissement public sur le quinquennat (dont 15 milliards consacrés à la formation et 15 autres à la transition écologique et énergétique), et 20 milliards de baisse nette des prélèvements obligatoires.

Le taux de l'impôt sur les sociétés sera ramené de 33,3% à la moyenne européenne, c'est-à-dire 25%. M. Macron, qui exclut "toute hausse de la TVA", propose par ailleurs d'exonérer de taxe d'habitation 80% des Français, une mesure qui coûtera environ dix milliards à l'Etat.

La présentation du programme complet de M. Macron doit intervenir le 2 mars, mais ce chiffrage devrait déjà contribuer à mettre en sourdine les critiques de ceux qui estimaient ces dernières semaines que M. Macron était un candidat "sans programme"... pour laisser place à des critiques sur le fond de ces mesures.

Benoît Hamon en meeting le 23 février 2017 à Arras
Benoît Hamon en meeting le 23 février 2017 à Arras
AFP

Interrogé sur France2, le candidat socialiste Benoît Hamon a ainsi dit ressentir "une forme de consternation" face au programme économique du "candidat de centre-droit" Emmanuel Macron.

"Emmanuel Macron, c'est en marche vers le passé thatchérien", lui a fait écho le porte-parole du Parti de gauche Eric Coquerel, affirmant que "si les gens ont détesté (Nicolas) Sarkozy et (François) Hollande, Emmanuel (Macron) c'est encore pire".

La publication de ce chiffrage intervient au lendemain de la célébration par le candidat d'En marche! et le président du MoDem François Bayrou de leur nouvelle "alliance". Dans Les Echos, M. Macron a de nouveau salué dans ce rapprochement un "tournant de la campagne", dont il doit espérer qu'il fasse oublier les polémiques de la semaine passée sur la colonisation ou le mariage pour tous.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le