"Supercherie", "populisme mondain":... François Fillon et ses soutiens ont continué samedi à multiplier les attaques contre Emmanuel Macron, leur cible privilégiée à 22 jours du premier tour d'une élection présidentielle où ils croient encore la victoire possible, malgré les sondages et les affaires.
Le candidat de la droite, que les sondages donnent actuellement éliminé dès le premier tour avec des intentions de vote oscillant entre 17 et 19%, a aussi misé sur "un vote de résistance" d'électeurs en quête "d'alternance" pour empêcher un second tour Emmanuel Macron - Marine Le Pen. Il a comparé ses partisans à une "armée de l’ombre qui se lève pour une France libre".
Emmanuel Macron, "c'est une supercherie unique dans l'histoire de la Ve République", a assené à Biguglia (Haute-Corse) François Fillon, devant quelques centaines de supporters qui huaient le nom du candidat d'En Marche!, redoublant leurs rires et leurs sifflets quand leur champion appelait son adversaire d'"Emmanuel Hollande".
L'ex-Premier ministre a également accusé M. Macron de faire "semblant d'être un dissident", alors que son projet est "la continuation" de celui de François Hollande. "Il fait semblant d'être un candidat qui rassemble l'ensemble des Français (...) des anciens communistes jusqu'aux ultra libéraux", a-t-il raillé.
Lors de son meeting en soirée à Ajaccio, M. Fillon a livré de nouvelles attaques. "M. Macron n’a rien du renouveau mais tout de l’Ancien Régime. On a beau vouloir habiller complaisamment sa candidature de quelques plumes de l’Aigle, elle ne réussit pas à quitter la basse-cour socialiste", selon le député LR de Paris.
Dans une allusion au titre "Révolution" du livre de l'ex-ministre de l’Économie, il en a appelé à une "vraie révolution (...) celle du bon sens", qui "renvoie pour toujours aux rayons des accessoires historiques ce pouvoir socialiste qui a échoué".
- "Le choix de la raison" -
L'ex-Premier ministre avait également ciblé vendredi soir à Toulon l'ex-ministre de l’Économie, "prince de l’ambiguïté" et "maître du flou artistique".
La réponse de l'intéressé a été tout aussi virulente. A Toulon, où le patron LR de la région PACA Christian Estrosi a été sifflé, le "clan" des fillonistes a "montré le masque de la haine et de l'indignité. Ce n'est pas le visage que je veux pour la France", a lancé le candidat d'En Marche! samedi en meeting à Marseille. "Il y a eu peu de moments où le nom de ce parti (Les Républicains, ndlr) a été si immérité par celui qui en porte les couleurs", selon lui.
"C'est pour ça que j'ai décidé de manière républicaine de rendre visite" au président de la région PACA, a aussi affirmé M. Macron concernant sa rencontre avec M. Estrosi samedi matin. La nouvelle de cette visite, apprise via des journalistes, a fait rire M. Fillon, avant qu'il ne glisse que l'ancien maire de Nice devrait "faire attention à ce qu'il dit".
"Qu’un président de région reçoive les candidats à l’élection présidentielle, ça me parait républicain, démocratique, donc je n’ai rien à redire", a-t-il toutefois affirmé à France 3 Corse.
Des soutiens du candidat de la droite montent aussi régulièrement au créneau contre Emmanuel Macron.
Dernier en date, François Baroin, président de l'Association des maires de France, a dénoncé "les hypocrisies", "les illusions", "les mensonges qu'il essaie de vendre aux Français" mais aussi "le crash assuré" avec "un pilote qui n'a jamais rien piloté, des copilotes qui vont de Cohn-Bendit à François Bayrou (...) et un personnel navigant qui va de Ségolène Royal à Jean-Yves Le Drian", dans une interview au Parisien samedi.
"Macron, c'est du populisme mondain", a encore jugé le sénateur-maire LR de Troyes (Aube), pour lequel "ceux qui veulent une alternance sans équivoque se retrouveront dans la candidature de François Fillon".
Pour Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR et coordonnateur de la campagne Fillon, "Macron n'est pas mature". "Les choses se cristalliseront la dernière semaine. Les Français feront le choix de la raison", veut croire ce fidèle du candidat de la droite.