Un jour de deuil national aura lieu, lundi 23 décembre, en hommage aux victimes du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel la semaine dernière. A 11 heures, tous les Français seront notamment invités à se recueillir.
Précarité étudiante : les sénateurs au secours de la jeunesse
Par Victor Missistrano
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C’est une scène devenue habituelle. Des bénévoles s’activent. Ils accueillent les visiteurs avec bienveillance, sourire perceptible derrière le masque. Les repas sont empilés. Le manège de la distribution tourne à plein, dans une ambiance de solidarité et d’entraide. Chez les étudiants venus chercher un repas ce jour-là, se mêlent découragement et espoir de lendemains meilleurs. Claire compte parmi ces nouveaux demandeurs, devenus précaires en raison de la pandémie. Une fois par semaine, elle vient chercher son panier. « Au début, je me disais qu’il y existait des gens davantage dans le besoin, qui le mériteraient plus. Ça me gênait un peu », confesse l’étudiante en cinéma.
La crise a eu cela de positif : avoir permis à plein de monde de s’engager, Ulysse Guttman-Faure
Pour répondre à la demande croissante, la solidarité s’est organisée. « 78 % des étudiants qui viennent ici bénéficient d’une aide pour la première fois », annonce Ulysse Guttman-Faure, président de l’association Co’p1, à l’origine de cette distribution. De plus en plus d’étudiants en difficulté, mais aussi davantage d’actions pour les épauler. « La crise a eu cela de positif : avoir permis à plein de monde de s’engager après s’être rendu compte de la situation », commente le jeune homme de 20 ans. Un constat partagé par Pierre Ouzoulias, sénateur communiste, président de la mission d’information sur la précarité étudiante, et universitaire : « Face à la précarité, on a été très impressionnés par la multiplicité des initiatives pour venir en aide aux étudiants, à commencer par celle des étudiants eux-mêmes ».
Mesures de soutien limitées dans le temps
Des initiatives locales, et une aide importante de l’État. Les repas à un euro distribués par le Crous constituent l’une des mesures majeures de soutien aux étudiants. « Cela a permis aux jeunes d’avoir un repas chaud, équilibré, et surtout de retrouver du lien social », considère l’élu des Hauts-de-Seine, qui plaide pour un prolongement du dispositif prévu pour durer le temps de la crise. « C’est très pratique et très avantageux ! », confirme Oriane, qui dit avoir du mal à se nourrir. 500 000 jeunes ne peuvent cependant pas en profiter, car logés loin des restaurants universitaires. Le Sénat a donc voté l’instauration de tickets-restaurants à leur destination. À ces mesures s’ajoute celle des « chèques psy », qui offrent aux jeunes la possibilité de bénéficier de six consultations gratuites chez un psychologue. La santé mentale de ce public fragilisé, et dépourvu de lien social, s’avère préoccupante. Deux élèves de l’université de Lyon ont tenté de suicider en début d’année.
Pistes de réflexion
L’une des causes majeures de la précarité des jeunes réside dans la perte des « jobs » étudiants. Pour beaucoup, ces emplois apportent une source de revenu indispensable. « Pensez-vous que des petits jobs pourraient se créer au sein des universités afin de donner aux étudiants - de façon pérenne - des emplois associés à la vie étudiante ? », interroge Pierre Ouzoulias au cours d’une table ronde organisée à l’Université de Saint-Quentin en Yvelines. Réponse positive des acteurs de l’établissement. Le sénateur communiste justifie : « La crise a mis en lumière le fait que ceux qui peuvent le mieux aider les étudiants, ce sont les étudiants eux-mêmes. »
Le système de bourse ne fonctionne plus, Laurent Lafon
Mais pour le sénateur (UDI) Laurent Lafon, rapporteur de la mission, la situation actuelle des étudiants traduit un dysfonctionnement beaucoup plus profond : « On voit bien que le système de bourse ne fonctionne plus. À peu près 20 % des étudiants sont en précarité, alors même qu’un système de bourse existe ». En partie en cause, un manque de visibilité. « Notre mission d’information montre qu’il existe beaucoup d’aides, mais que malheureusement, tous les étudiants ne demandent pas ce à quoi ils auraient droit », déplore Pierre Ouzoulias. Le sénateur communiste souhaite créer guichet commun pour les aider.
Et ce problème risque d’encore s’aggraver. Chaque année, 30 000 nouveaux étudiants entrent à l’université sans que le budget alloué n’augmente. La France consacre en moyenne 11 500 euros par étudiant. Remis le 8 juillet, le rapport de la mission d’information pourrait suggérer de commencer par réévaluer ce chiffre.
Retrouvez ce reportage de Flora Sauvage sur la chaîne Public Sénat mardi 22/06 à 22 h, mercredi 23/06 à 7 h 30, samedi 26/06 à 20 h 30 et dimanche 27/06 à 12 h 30.