Pourquoi Emmanuel Macron rencontre l’Église catholique

Pourquoi Emmanuel Macron rencontre l’Église catholique

Le président de la République Emmanuel Macron est reçu par la Conférence des évêques de France, ce mardi soir au Collège des Bernardins à Paris. L’Église catholique cherche à être plus visible dans son dialogue avec l’État.
Public Sénat

Par Alexandre Poussart et Jules Duribreu

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C’est un événement inédit : le président de la République Emmanuel Macron est reçu par la Conférence des évêques de France (CEF), ce mardi soir au Collège des Bernardins à Paris, et par plus de 400 personnalités catholiques françaises.

L’Église catholique veut gagner en visibilité

Rencontre inédite entre Emmanuel Macron et l'Eglise catholique
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« L’Église catholique veut rendre plus visible son dialogue avec l’État », explique Gauthier Vaillant, journaliste au service Religions de La Croix. « Ce dialogue existe, notamment au niveau local car les évêques échangent beaucoup avec les préfets et les élus, mais il doit être rendu visible, dans un contexte où le catholicisme devient minoritaire dans la société française. »

L’État soigne son dialogue avec les cultes

Cette réception par la Conférence des évêques de France s’inscrit dans une série de rencontres publiques d’Emmanuel Macron avec les différents cultes. Le président de la République avait rompu le jeûne des musulmans en juin 2017, fêté le 500e anniversaire de la Réforme avec les protestants à Paris en septembre 2017, et participé au dîner du Crif en mars. L’État soigne ainsi son dialogue avec les différentes associations religieuses. Notons que ces dernières ont été exclues du registre des lobbies par le dernier projet de loi pour une société de confiance.

Migrants, bioéthique, laïcité : les désaccords

Migrants, bioéthique : les désaccords de l'Eglise catholique avec le gouvernement
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Des sujets de fond devraient être évoqués entre la CEF et Emmanuel Macron comme l’accueil des migrants et la bioéthique. « Sur les migrants, l’Église catholique défend un accueil ouvert et généreux et est en désaccord avec la politique trop ferme du gouvernement français », analyse Gauthier Vaillant. Alors que les États généraux de la bioéthique ont ouvert les débats avant la future loi bioéthique, « les catholiques ont posé des lignes rouges : l’euthanasie, la gestation pour autrui et la procréation médicale assistée pour tous. » La question de la laïcité pourrait être aussi au cœur de ces échanges : « l’Église catholique craint de subir les conséquences d’une laïcité restrictive tournée vers la lutte contre l’islamisme radical. »

Emmanuel Macron a eu un parcours spirituel chrétien

Emmanuel Macron et son parcours spirituel chrétien
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L’ouverture du président de la République envers les questions religieuses s’explique également par son parcours spirituel empreint de christianisme. « Emmanuel Macron a fait une partie de sa scolarité chez les Jésuites, il a été l’assistant du philosophe protestant Paul Ricœur », rappelle Gauthier Vaillant. Durant son adolescence, Emmanuel Macron avait choisi de se faire baptiser. Un parcours qui inspire ses discours politiques.

La réception du président de la République au collège des Bernardins devrait préparer une rencontre prochaine avec le pape François, probablement d’ici à l’été.

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Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

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