Pour ses derniers voeux, Hollande multiplie les avertissements
Pour ses derniers voeux, à quatre mois de la présidentielle, François Hollande a lancé une série de mises en garde aux Français avec, en ligne...
Par Hervé ASQUIN, avec Baptiste PACE et Jérémy MAROT
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Pour ses derniers voeux, à quatre mois de la présidentielle, François Hollande a lancé une série de mises en garde aux Français avec, en ligne de mire, les programmes du FN et de François Fillon mais aussi le risque de "dispersion" de la gauche.
Le chef de l’État, qui ne se représentera pas en 2017, a multiplié les signes de sa volonté d'exister jusqu'au bout de son mandat sur la scène internationale aussi, annonçant qu'il se rendrait lundi en Irak pour y "saluer" les soldats français engagés dans la lutte contre l'organisation État islamique.
Autre mise au point à destination cette fois du président élu américain Donald Trump: "la France ne laissera personne, ni aucun Etat, fût-il le plus grand, remettre en cause" l'accord de Paris sur le climat.
Pour ce dernier exercice du genre, empreint selon ses propres termes d'"émotion" et de "gravité", François Hollande n'a pas dérogé à la tradition avec une allocution d'un peu moins de 10 minutes.
Sur le fond, il s'en est tenu à la ligne tracée depuis son renoncement à briguer un second mandat, le 1er décembre: non-ingérence dans les débats de la primaire de la gauche et mises en garde sur les projets de la droite et de l'extrême droite.
A l'adresse de François Fillon, le chef de l’État a lancé cet avertissement : "Le rôle des forces et personnalités politiques est immense, elles doivent être à la hauteur de la situation, faire preuve de lucidité, éviter de brutaliser la société".
Une allusion à la volonté du champion de la droite de supprimer 500.000 emplois publics ou de couper dans les prestations sociales alors que François Hollande s'est érigé au contraire en gardien du "modèle social" auquel les Français sont "attachés car il garantit l’égalité de tous face aux aléas de la vie et notamment la santé".
- En Irak lundi -
Le président français François Hollande (G) regarde un officier de police lors d'une visite du dispositif de sécurité mis en place pour le nouvel an à Paris le 1er janvier 2016
POOL/AFP
Face à la montée du Front national, il a averti sans nommer sa présidente, Marine Le Pen : "Comment imaginer notre pays recroquevillé derrière des murs, réduit à son seul marché intérieur, revenant à sa monnaie nationale et en plus, en plus, discriminant ses enfants selon leurs origines". "Ce ne serait plus la France", s'est-il exclamé.
Et à son propre camp, très divisé à l'approche de la présidentielle, il a lancé un appel à "écarter la dispersion" qui entraînerait "l'élimination" de la gauche.
"En cette fin d’année, ce que nous croyons acquis, parfois pour toujours, la démocratie, la liberté, les droits sociaux, l’Europe et même la paix, tout cela devient vulnérable, réversible", s'est encore alarmé le chef de l'Etat. "Il y a dans l’Histoire des périodes où tout peut basculer, nous en vivons une".
François Hollande s'est aussi à nouveau présenté en protecteur des Français face à une "menace terroriste qui ne faiblit". "Nous n'en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme (...) il nous faudra continuer à le combattre. A l'extérieur, c'est le sens de nos opérations militaires au Mali, en Syrie, en Irak, Irak où je me rendrai après-demain (lundi) pour saluer nos soldats".
Et il s'est fait l'avocat de son propre mandat: "Les comptes publics ont été rétablis, la Sécurité sociale est à l'équilibre, la compétitivité de nos entreprises a été retrouvée, la construction de logements atteint un niveau record, l'investissement repart".
"Et surtout, le nombre de demandeurs d'emploi baisse enfin depuis un an", a-t-il souligné, même si les "résultats arrivent plus tard" qu'il ne l'avait prévu.
Marine Le Pen a réagi en dénonçant des "propos lénifiants et moralisateurs à l'égard de (sa) candidature". Pour Pierre Laurent (PCF), "Hollande à parlé aux Français" mais "trop tard". "Pendant quatre ans et demi rien n’aura changé ou si peu", a déploré Eric Woerth (LR). Quant à Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, il a eu ce cri du coeur: "Ouf, c’était les derniers vœux de François Hollande".
A l'inverse, Jean-Christophe Cambadélis (PS) a loué une réponse "aux attentes de nouvelles conquêtes progressistes".
L'an dernier, quelque 11 millions de téléspectateurs avaient regardé ces vœux présidentiels. L'audience de cette année aura ainsi valeur de test de sa popularité et de ce qu'il représente encore d'autorité politique et morale après son renoncement.
La majorité sénatoriale propose d’assouplir les objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, dans un texte examiné à partir de ce 12 mars. Si la ministre de la Transition écologique accepte de donner « un peu de souplesse » aux élus locaux dans l’application de la loi, elle s’oppose à tout abandon des objectifs chiffrés.
Lors de son allocution, Emmanuel Macron a promis que la hausse des dépenses militaires se ferait sans augmentation d’impôts. « On ne peut pas demander aux Français de payer des chars avec leurs services publics et leurs retraites », dénonce la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui demande une contribution des plus riches à l’effort de guerre.
En raillant les forces françaises et anglaises, armées de « pays quelconques », le vice-président américain J.D. Vance a suscité les critiques. Mais au-delà de la polémique, l’armée française, constituée en temps de paix, reste limitée, malgré des efforts récents. « On a l’éventail des armées nécessaires, mais on n’a pas l’épaisseur et la profondeur », pointe le sénateur LR Christian Cambon.
La ligne suivie par Donald Trump, qui se rapproche de Vladimir Poutine sur l’Ukraine, place le RN dans une situation ambiguë. Si le parti apprécie à la base le président américain, il commence à prendre quelques distances. « On sent bien que le sujet les embarrasse. Car il est impossible de donner raison sur toute la ligne à Donald Trump », selon Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. « Ils ne sont pas à l’aise », résume le politologue Pascal Perrineau.