Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, réclame un Premier ministre de gauche, alors que LFI refuse de se mettre autour de la table pour travailler sur la mise en place d’un gouvernement, préférant pousser pour une démission du chef de l’Etat. Ce mercredi, députés et sénateurs PS se sont réunis alors que le nom du nouveau chef de gouvernement pourrait tomber d’un instant à l’autre.
Polémique du drapeau : « Un manque d’explications qui aboutit à un débat maladroit sur l’Europe »
Par Steve Jourdin
Publié le
Installé le 31 décembre sous l’Arc de Triomphe, le drapeau européen a finalement été retiré dans la nuit de samedi à dimanche (2 janvier). L’Élysée dément néanmoins toute « reculade ». Que vous inspire cette polémique ?
On touche à quelque chose qui fait clivage en France : la question de l’Europe. C’est un sujet complexe, qui ne se résume pas aux pro- et anti-UE. On voit que la question de l’intégration européenne divise toujours, alors même qu’on en a très peu parlé ces deux trois dernières années. Sur ce point, il y a un écart important entre les projets initiaux du candidat Emmanuel Macron, qui étaient très ambitieux, et les résultats concrets, même si des avancées intéressantes sont à noter dans le contexte de la crise covid-19.
Les premiers responsables politiques à critiquer la démarche de l’Elysée viennent de l’extrême droite. Marine Le Pen a dénoncé « un véritable attentat à l’identité de notre Patrie ». Cette dénonciation a ensuite été reprise par la droite et la France Insoumise. A 100 jours de l’élection présidentielle, c’est l’Union Européenne qui est visée ou Emmanuel Macron ?
Il faut prendre du recul. Encore une fois, cette polémique n’oppose pas les partisans aux opposants à l’Union européenne. On ne peut pas dire que Valérie Pécresse, qui a demandé que le drapeau tricolore soit rétabli à côté du drapeau européen sous l’Arc de Triomphe, est une anti-européenne. Il faut se dégager des analyses binaires.
Dans l’étude que nous avons réalisée avec Thierry Chopin (Institut Jacques Delors) et Emmanuel Rivière (Kantar), nous avons montré que les Français ont un rapport ambivalent à l’Europe. C‘est un sentiment d’identités imbriquées. Nous sommes à la fois Français et Européens. Personne, ou presque, ne prétend être Français sans être Européen. Le débat porte sur le sens que l’on donne à l’idée européenne.
» Lire aussi : Sondage : les élus locaux ont « une relation ambivalente » vis-à-vis de l’Union européenne
Comment expliquez-vous que certains responsables politiques opposent le drapeau européen au drapeau français ?
Les prises de position extrêmes ne traduisent pas l’état de l’opinion publique sur la question européenne. Les Français sont très intimement les deux à la fois, Français et Européens. Il n’y a pas qu’une seule dimension sur l’Europe. Les pro- et anti- ne représentent plus que des groupes minoritaires en France. Il y a par contre des clivages d’interprétation sur le niveau d’intégration souhaité, et sur le sens à donner à cette intégration. A droite, on est en faveur de l’intégration économique, mais on considère que l’UE protège mal nos frontières. A gauche, on voit d’un bon œil les libertés accordées au sein de l’Union, comme la liberté de circulation, mais on trouve que l’UE n’est pas assez écologiste, ou pas assez protectrice des droits sociaux.
Contrairement à 2017, aucun candidat majeur à l’élection présidentielle ne propose aujourd’hui la sortie de la zone euro. Un consensus s’est-il installé sur ce point ?
Clairement oui. L’opinion publique en France n’est pas la plus favorable à l’intégration européenne, mais les Français considèrent que nous sommes dans l’Union et que nous n’en sortirons pas. Il n’y a aujourd’hui aucune aspiration à un Frexit.
Beaucoup de Français très favorables à l’UE ont été choqués par l’installation du drapeau européen sous l’Arc de Triomphe. Les polémiques autour du manque de patriotisme d’Emmanuel Macron sont absurdes. Il est évident que le chef de l’Etat est un patriote. Mais il aurait été judicieux de sa part d’accompagner ce symbole d’une explication de texte, ou d’une préparation plus en amont. Cela aurait pu se faire par exemple lors des vœux du 31 décembre. Le chef de l’Etat aurait pu justifier sa volonté de visibiliser notre action européenne en mettant un drapeau sous l’Arc de Triomphe. A l’origine, l’idée est un peu disruptive, mais c’est une idée intéressante. Mais ce manque d’explications a abouti à un débat maladroit sur l’Europe.
Depuis le 1er janvier, la France préside donc le Conseil de l’Union européenne. Quels sont les grands défis des prochains mois pour Emmanuel Macron ?
Pour le chef de l’Etat, le premier défi est ne pas donner le sentiment aux Français qu’il s’intéresse plus au sort de l’Europe qu’au sort des Français. Son deuxième défi est de ne pas donner aux Européens l’impression qu’il s’intéresse plus à sa réélection qu’à l’avenir de l’Union européenne. La tâche n’est pas simple. Cette présidence ne dure que six mois, et le rôle du président du Conseil est un rôle de facilitateur. Il ne faut en effet pas oublier que l’Europe se fait à 27, et que notre président ne décide pas pour les 447 millions d’Européens.
» Lire aussi : Les principaux enjeux et le calendrier de la présidence française de l’Union européenne