Plans sociaux : la lourde tâche qui attend Macron et son futur gouvernement
Le futur gouvernement, qui sera nommé demain, aura fort à faire. Après les 290 salariés de l’usine Whirlpool d’Amiens, c’est au tour de ceux de l’équipementier GM&S Industry de manifester leur désarroi. Si Emmanuel Macron n’a pour l’instant pas prévu de se rendre sur place, deux anciens candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou, ont, eux, répondu à l’appel au rassemblement de la CGT, lancé la semaine dernière. Un dossier brûlant, mais pas isolé.
Par Alice Bardo
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En France, plus de 4000 salariés risquent de perdre leur emploi pour cause de plan social. Ils travaillent chez Whirlpool, Tati ou encore Vivarte. Au total, près d’une vingtaine d’entreprises sont concernées. Autant de dossiers sur le bureau du nouveau président de la République, qui a déjà assuré aux salariés de Whirlpool qu’il ne validerait pas un plan social qui ne soit pas à la hauteur. Son passage sur le site d’Amiens pendant la campagne d’entre deux-tours avait été l’occasion pour le candidat d’engager le dialogue avec les salariés, qui lui reprochaient de ne pas s’être intéressé avant à leur situation. Emmanuel Macron leur a fait la promesse de revenir. Mais les employés de Whirlpool ne sont pas les seuls à réclamer son attention.
Emmanuel Macron et un employé de Whirlpool devant le site d'Amiens, le 26 avril 2017
AFP
GM&S Industry
Cela fera bientôt une semaine que les salariés de l’équipementier automobile GM&S Industry menacent de faire exploser le site proche de La Souterraine, dans la Creuse. En installant des bombonnes de gaz dans l’usine, ils espèrent que leur colère sera entendue. 279 emplois sont menacés et le temps est compté puisque, fin mai, le tribunal de Poitiers examinera une éventuelle liquidation du site creusois. La table ronde d’hier, à Guéret, s’est soldée par un échec. Mais l’espoir d’un repreneur n’est pas encore éteint puisque le groupe français GMD a exprimé un intérêt pour le site.
Mim
L’enseigne de textile Mim est elle aussi menacée de liquidation. Un plan social a été lancé en novembre dernier et 791 salariés risquent de perdre leur emploi. Au terme du PSE (plan de sauvegarde de l’emploi), 3 600 euros devraient être alloués à chacun d’eux. L’État a également prévu de débloquer 2,2 millions d’euros pour accompagner leur reclassement. Reste à savoir si le nouveau gouvernement mènera à bien ce projet.
Vivarte
900 employés du groupe, qui détient notamment Naf Naf et André, redoutent de se retrouver sur le carreau. La restructuration de Vivarte coûte cher. D’autant qu’en 2015, 1850 emplois avaient déjà été supprimés. Le 7 avril dernier, en pleine campagne pour le premier tour de la présidentielle, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud avaient manifesté leur soutien aux salariés en se rendant au siège du groupe, dans le XIXe arrondissement de Paris. Pour sa part, Emmanuel Macron avait rencontré les salariés une quinzaine de jours avant l’élection présidentielle, dans le cadre de l’Émission politique de France 2. « Je ne vais pas vous mentir, il n’y a pas de magicien » leur avait-il dit. Près d’un mois plus tard, l’intersyndicale de Vivarte avait adressé un courrier au candidat d’En Marche, lui demandant quelles « solutions peuvent être mises en œuvre pour éviter le pire » aux employés de Vivarte et fustigeant sa « vision libérale de l’économie » ainsi que son projet de réforme du Code du travail.
Tati
La célèbre enseigne avait pignon sur rue dans le quartier parisien de Barbès depuis 1948. Peut-être est-ce la fin d’un mythe, et surtout un drame pour 600 des 1720 salariés. 140 magasins risquent de fermer, dont celui de Barbès. Plusieurs offres de reprises ont été présentées et un plan social a été lancé en février dernier. Un dossier sur lequel Emmanuel Macron est attendu au tournant puisque celui-ci est tenu pour responsable de la situation des salariés. « C'est la loi Macron qui a supprimé l'obligation pour les groupes de financer les PSE de leurs filiales en redressement judiciaire », a confié aux Echos.fr Thomas Hollande, leur avocat.
Accorhotels
À la suite de la cession de 62 établissements de la chaîne hotelF1 à l’Adoma, filiale de la caisse des dépôts, un plan social concernant 394 salariés a été engagé en avril dernier. Une partie sera des départs volontaires.
Seita
La dernière usine de fabrication de cigarettes françaises, installée à Riom, pourrait fermer ses portes. En cause, une délocalisation prévue en Allemagne et en Pologne. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de l’usine Whirlpool d’Amiens, dont la ligne de production de sèche-linge devrait être délocalisée en Pologne. 326 employés de Seita redoutent de perdre leur emploi.
Kindy
Le roi français de la chaussette, basé à Moliens, dans l’Oise, risque la liquidation judiciaire et ses 160 salariés d’être licenciés au terme du plan social engagé au début de l’année. Le groupe avait lancé un appel aux onze candidats à la présidence, mais aucun d’entre eux n’avait répondu.
Aérofarm
L’usine de Marseille, qui produit notamment des aérosols pharmaceutiques, devrait fermer d’ici juin. Actuellement en liquidation judiciaire, la totalité des salariés (50) est menacée.
Verbaudet
L’enseigne spécialisée dans la mode devrait fermer 7 de ses 66 sites et supprimer ainsi 44 emplois.
Airbus
Un Airbus 340 d'Air France décolle depuis l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle le 18 août 2014
Kenzo Tribouillard
640 postes doivent être supprimés en France dans le cadre de la restructuration voulue par l’entreprise. Le PDG d’Airbus, Tom Anders, avait ouvertement soutenu le candidat d’En Marche pour le second tour de la présidentielle. «Tu incarnes de manière très concrète le changement», lui avait-il écrit dans une lettre. Avant de l’appeler à « mener les réformes économiques qui s’imposent ».
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.