« Petit à petit, on grignote les libertés publiques», dénonce Marie-Noëlle Lienemann

« Petit à petit, on grignote les libertés publiques», dénonce Marie-Noëlle Lienemann

Le gouvernement a annoncé sa volonté de ne pas prolonger l’État d’urgence sanitaire au-delà du 10 juillet. Mais il présente en parallèle un projet de loi qui permet de restreindre plusieurs libertés pour quatre mois encore.
Public Sénat

Par Océane Blanchard

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Si l’État d’urgence devrait se terminer début juillet, ce n’est pas la fin des « mesures d’urgence » : un projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres prévoit que l’État d’urgence sanitaire soit suivi par un régime dérogatoire jusqu’au 10 novembre. Une période de 4 mois, pendant laquelle le gouvernement va pouvoir restreindre certaines libertés.

« Petit à petit, on grignote sur les libertés publiques. On affaiblit le Parlement. On fait croire qu’à coup d'ordonnances, c'est l'exécutif qui sait mieux faire » déplore Marie-Noëlle Lienemann (rattachée au groupe communiste), invitée de Parlement Hebdo. La sénatrice se dit favorable à « la sortie de l’État d’urgence, mais contre les dérogations ».

« Il y a une espèce de culture de généralisation de l'État d'urgence » analyse-t-elle, avant de mettre en avant la différence des gestions politiques de la crise chez nos voisins européens. « Les autres pays de l'Union Européenne, ils n'ont pas d'État d'urgence. Ils vivent quand même, ils ont pris des mesures quand même. Qu'on arrête de nous faire croire que dans ce pays on n'a pas d'outils pour agir quand il y a un problème majeur qui se pose quelque part. »

Les manifestations interdites ?

En pleine période de contestation sociale, entre les manifestations prévues pour dénoncer la situation des soignants et les mouvements anti-racistes après la mort de George Floyd, Marie-Noëlle Lienemann voit une complaisance de la part de l’exécutif sur ce projet de loi. « La loi elle n’est pas là pour être à géométrie variable. Je vois bien la pression qu'il y a pour essayer de tuer les mouvements sociaux. Les règles juridiques doivent permettre à l'émotion populaire de s'exprimer. »

Une sorte de « tentation » du gouvernement à étouffer la contestation sous couvert de prudence sanitaire. « C'est une tentation que l'on voit dans la plupart des pays. Parce que comme le libéralisme crée un système d'inégalités accrues, de violences accrues, leur réponse c'est : il faut absolument réduire les libertés » déplore-t-elle. La sénatrice voudrait un renforcement du rôle du Parlement, et plus de discussion entre l’exécutif, les députés et les sénateurs. « Non, ce n'est pas une faiblesse d'associer le parlement aux décisions publiques. »

Dans la même thématique

FRA – FRANCOIS BAYROU – PALAIS ELYSEE
7min

Politique

Dans le camp présidentiel, François Bayrou n’aura pas que des amis

Après la nomination de François Bayrou à Matignon, tout le monde, au sein du bloc central, salue la décision d’Emmanuel Macron. Mais hors micro, on comprend que le président du Modem n’a pas que des soutiens au sein de l’ex-majorité présidentielle. Pour durer, il devra aussi savoir convaincre son propre camp.

Le

the republicans received at the elysee
4min

Politique

Bayrou à Matignon : la droite attend le projet du Premier ministre pour savoir « s’il est l’homme de la situation »

Après l’annonce de la nomination de François Bayrou à Matignon, les sénateurs LR du Sénat sont dans l’expectative. La participation de la droite au prochain gouvernement, dépendra de l’engagement du Premier ministre sur les priorités qu’il a fixé notamment sur la maîtrise de l’immigration et bien sûr du maintien en poste du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Le

« Petit à petit, on grignote les libertés publiques», dénonce Marie-Noëlle Lienemann
6min

Politique

François Bayrou à Matignon : « Il ne semble pas disposé à être un Premier ministre collaborateur »

Emmanuel Macron vient de nommer François Bayrou Premier ministre. Le président du MoDem devient ainsi le premier centriste de la Vème République à accéder à Matignon, il doit désormais composer son gouvernement et se protéger du risque de censure. Allié fidèle mais critique d’Emmanuel Macron, il devra réussir à parler aussi bien aux socialistes qu’à la droite. Analyse sur le plateau de Public Sénat.

Le