Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Perte d’adhérents, départs d’élus: la flamme du Front national vacille
Par Anne RENAUT
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Départs d'élus, perte d'adhérents: la flamme du Front national a vacillé cette semaine en raison d'une ligne qui pose toujours question, du mauvais souvenir du débat de Marine Le Pen, et de la frustration de militants jugeant le parti insuffisamment à leur écoute.
"Je préférerais oublier (...) le fameux débat de la présidentielle car c'est ce soir-là que la flamme en moi s'est éteinte", affirme Thierry Gourlot, ancien conseiller régional du Grand Est, pour expliquer son départ.
Outre la joute que la dirigeante frontiste a admis avoir "ratée" face à Emmanuel Macron, cet élu de Moselle ne se reconnaît pas dans le "slogan +ni droite-ni gauche+" de Florian Philippot, ancien bras droit de Mme Le Pen, parti en septembre fonder son propre parti.
Ce retraité de la SNCF qui se revendique de la "droite libérale conservatrice" a rejoint jeudi le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) avec quatre autres élus frontistes.
En tout, sept conseillers ont quitté le groupe régional, qui a fondu à 28 élus, au lieu de 46, depuis les régionales de 2015.
Onze d'entre eux avaient déjà quitté le FN en septembre, en suivant leur ex-tête de liste Florian Philippot.
- "Déficit de reconnaissance" -
Le FN a déjà connu des départs après les municipales de 2014, "suivies par une hémorragie, deux ans après, avec le départ d'un quart voire d'un tiers des conseillers municipaux", rappelle le sociologue Sylvain Crépon.
Au conseil régional d'Ile-de-France, les effectifs du groupe FN ont diminué de quasi moitié depuis 2015, passant de 22 à 12 élus. Deux conseillères l'ont quitté cette semaine en raison d'un collègue qu'elles accusent de "violences". Début décembre, trois élues ont démissionné d'un groupe jugé "trop à gauche" et pratiquant "un autoritarisme dans les relations entre les responsables et les élus de terrain".
Sylvain Crépon met ces déperditions sur le compte du "rapport que le parti entretient avec ses élus", qui souffrent d'un "déficit de reconnaissance, ayant l'impression de recevoir peu par rapport à ce qu'ils donnent" même si le congrès des 10 et 11 mars a validé une meilleure représentation des fédérations et des élus locaux.
Dominique Thomas, ex-secrétaire général du groupe FN dans le Grand Est, déplore que la direction "impose des positions de vote nationales sans tenir compte de nos particularités locales".
L'ex-conseiller régional Jean-Claude Dreistadt critique les "parachutages" et "les reculades dans la ligne originelle du parti".
- "Les gens n'y croient plus" -
"Il y a un certain nombre de personnes, après un congrès, qui expriment des regrets, des frustrations, des déceptions de ne pas avoir été élues", explique Marine Le Pen à propos de ces départs.
Une frustration qui pourrait grandir aux européennes, l'an prochain, car "ce ne sont pas des élections où le FN va pouvoir faire monter la base", ajoute M. Crépon.
L'ex-conseiller régional du Grand Est, Jordan Grosse-Cruciani, reproche au parti de lui avoir demandé d'annoncer "une progression" dans sa fédération des Vosges du nombre d'adhérents qui, selon lui, a chuté de 50% depuis mars 2017.
Le FN a admis jeudi avoir perdu des adhérents en raison de la clôture pendant 4 mois de ses comptes bancaires, qui empêchait d'adhérer en ligne. Depuis que cette forme d'adhésion a repris le 6 mars, "nous rattrapons le retard", assure le vice-président du FN Steeve Briois.
Le parti n'a pas confirmé ou infirmé le chiffre de 38.000 adhérents à jour de cotisation publié par le Figaro, pourtant jugé "vraisemblable" par une source interne.
Au 19 novembre, le FN revendiquait près de 51.500 adhérents à jour de cotisation.
"Les gens n'y croient plus", estime dans Minute M. Grosse-Cruciani. Pour lui, "tout était joué d'avance" au congrès, avec un "vrai-faux changement de nom imposé par la direction". Seule une courte majorité (52%) de militants en a validé le principe.