Penelope gate : Fillon résiste face à une situation « intenable »

Penelope gate : Fillon résiste face à une situation « intenable »

François Fillon résiste malgré de nouvelles révélations. Les ténors du parti le soutiennent. Mais de plus en plus de parlementaires pensent à une candidature de remplacement pour résoudre cette « crise profonde ».
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L’étau se resserre sur François Fillon. Empêtré dans le Penelope Gate, le candidat de la droite et du centre semble dans des sables mouvants. Plus le temps avance, plus il s’agite et cherche à s’en sortir, plus il s’enfonce. Après de nouvelles révélations du Canard Enchaîné puis de Mediapart, la réunion hebdomadaire des parlementaires a pris des allures de réunion de crise mercredi matin, au QG du candidat.

« Coup d’Etat institutionnel »

Pendant que François Fillon dénonçait « un coup d’Etat institutionnel » (voir la vidéo de Thierry Solère ci-dessus. Images de Samia Dechir et Stephane Hamalian) et demandait à ses troupes de « tenir 15 jours », la sirène des pompiers s’est mise à sonner dehors, comme tous les premiers mercredi du mois. Symbole cruel. Il y a le feu et certains commencent à vouloir sauver leur peau.

Georges Fenech a allumé la mèche. Il n’y est pas allé de main morte. Pour ce député, qui avait soutenu Nicolas Sarkozy, « nous sommes un peu comme l’orchestre du Titanic. Nous sommes en train de couler », « on va droit dans le mur », a-t-il lâché sur BFM. Pour lui, le résultat de la primaire est « caduc ».

L’hypothèse d’un plan B, d’abord évoqué sous le manteau, commence à prendre corps.  Mais lequel ? Le juppéiste Philippe Gosselin a lancé « un appel » au maire de Bordeaux « pour qu'il réfléchisse à la possibilité de prendre le relais de François Fillon »…

« Il faut changer de monture »

Au Sénat, les langues se délient aussi. Le sénateur LR Alain Houpert demande à son tour le retrait de François Fillon. « Je pense que notre candidat doit arrêter » a affirmé au micro de Public Sénat le sénateur de Côte-d’Or. « Il faut changer de monture »… Alain Houpert, qui avait soutenu Nicolas Sarkozy à la primaire, évoque même des noms de remplacement : « François Baroin, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand (qui) sont des candidats jeunes ». Il ajoute : « François Baroin est un humaniste, apprécié par les médias. Dimanche dernier au meeting de François Fillon, il a fait un discours très lumineux. Il nous faut une lumière pour l’avenir, éclairer le chemin ». Ce radiologue se lance même dans une comparaison hasardeuse : « Je traite des cancers. Quand on a une maladie, il faut donner un traitement, une chimiothérapie. Donc il faut y aller ». Regardez :

Penelope Gate : « Je pense que François Fillon doit arrêter » affirme le sénateur LR Alain Houpert
03:49

Georges Fenech ou Alain Houpert ne sont que la partie émergée de l’iceberg. « Ils ont dit tout haut ce que beaucoup se disent tout bas actuellement au Sénat » glisse sous couvert d’anonymat une sénatrice LR. Elle raconte l’ambiance en interne :

« Hier en séance, c’était ça. On se regarde tous comme si on avait perdu notre père ou notre mère. On a le moral sans dessus dessous, républicains et centristes. Même des gens qui sont derrière François Fillon depuis longtemps. On est tous persuadé qu’il va devoir se retirer. Mais quel est le plan B ? »

« Il faut arrêter le massacre. C’est une espèce de tsunami »

Une autre parlementaire, membre de l’UDI, juge de son côté la situation « intenable » pour François Fillon, « il faut arrêter le massacre. C’est une espèce de tsunami ». Et les parlementaires ne veulent pas être tous emportés. On évoque « un vrai choc, c’est très déprimant, une espèce de nausée générale. Même si ce n’est pas illégal, ça crée une atmosphère terrible ».

« Son image, c’est la probité » rappelle ce même parlementaire, « et il va devenir le super menteur qu’était Chirac ! » La solution ? « Faire la tortue romaine et espérer un plan B rapidement, comme Baroin. Je crois que Gérard Larcher a aussi quelques velléités ».

Tribune des poids lourds pour soutenir Fillon

Le bateau prend l’eau. Mais le capitaine tient pour l’heure toujours la barre. « Je serai candidat à cette présidentielle » a assuré François Fillon en fin d’après-midi, lors d’une visite au Salon des entrepreneurs, comme pour faire taire les critiques. « C'est une campagne orchestrée, professionnelle » dénonce-t-il. La droite continue encore de faire « bloc » assure le porte-parole Thierry Solère. Dans une tribune au Figaro, les poids lourds des Républicains montent au créneau et dénoncent une « tentative de mise à mort », pour reprendre les mots de Luc Chatel avant la réunion de la matinée. « Depuis une semaine, François Fillon est cloué au pilori médiatique et politique. Pour y parvenir, tous les coups sont permis », dénoncent les auteurs. On y trouve Gérard Larcher, le président du groupe LR du Sénat Bruno Retailleau, Jean-Pierre Raffarin, Bernard Accoyer mais aussi les sarkozystes Laurent Wauquiez, François Baroin et Brice Hortefeux.

On le voit, la droite n’entend pas se laisser abattre sans bouger. « La guerre a été déclarée » pour Philippe Bas, président de la commission des lois du Sénat. « On ne va pas se laisser voler l’élection » lance Eric Woerth, après la réunion.

« Situation de crise profonde » selon Alain Joyandet

Le sénateur sarkozyste Alain Joyandet assure que « tout le monde a affirmé son soutien à François Fillon ce matin. On est unanime pour dire qu’il faut tenir bon ». Mais il reconnaît que « la situation politique est très difficile, c’est clair. (…) Il y a un très grand doute qui s’est installé. Mais il faut essayer de changer de pied et reprendre la main, d’une manière ou d’une autre ». Alain Joyandet parle de « situation très évolutive de crise profonde. Il ne faut pas le nier ».

Une sénatrice de droite s’inquiète : « On va avoir du mal à tenir 15 jours ». Un de ses collègues, qui soutient toujours clairement François Fillon, sait bien que le temps va être long : « Ça fait 15 fois 24 heures. En minutes ça fait beaucoup. Et en seconde ça devient interminable… »

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