Pavageau prend la tête de FO, sans la bénédiction de Mailly

Pavageau prend la tête de FO, sans la bénédiction de Mailly

Seul candidat en lice, Pascal Pavageau a été élu vendredi nouveau secrétaire général de Force ouvrière, à l'issue d'une semaine de congrès...
Public Sénat

Par Déborah CLAUDE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Seul candidat en lice, Pascal Pavageau a été élu vendredi nouveau secrétaire général de Force ouvrière, à l'issue d'une semaine de congrès chahutée à Lille, qui s'est conclue par un tweet assassin du sortant, Jean-Claude Mailly, contre son successeur.

"Hypocrisie" et "duplicité" : c'est par ces mots que M. Mailly a commenté le premier discours de Pascal Pavageau en tant que numéro un, ultime coup de théâtre d'un congrès houleux.

M. Pavageau venait pourtant, quelques minutes auparavant, de saluer le "travailleur acharné" et de lui souhaiter "bon vent, camarade", demandant à l'assistance de se lever pour celui qui a dirigé FO 14 ans durant et était absent de cette dernière journée à Lille.

Interrogé après son discours, Pascal Pavageau a "regretté" cette saillie, "y compris sur un plan personnel", se disant un peu plus tard "plus déçu que blessé".

L'intervention virulente de Jean-Claude Mailly tranche avec ses appels, jeudi, à l'unité de son syndicat, formation hétéroclite dont l'équilibre entre toutes les tendances est fragile. "L'unité, c'est comme dans le bâtiment, c'est plus long à construire qu'à détruire", avait-il lancé.

La sortie de scène de M. Mailly a été bien difficile. Il était critiqué en interne depuis plusieurs mois pour sa position jugée trop conciliante sur les ordonnances travail.

Il a essuyé un vote sanction de son rapport d'activité, qui a failli ne pas être adopté (il a obtenu 50,54% des suffrages exprimés), alors qu'il s'agit habituellement d'une formalité (vote à 97% lors des deux derniers congrès...).

Ce vote d'extrême justesse résume bien l'ambiance et les interventions qui ont eu lieu à la tribune du congrès depuis lundi, oscillant pour moitié entre violentes critiques et soutien loyal.

"Les choses ont été dites très fortement, mais il n'y a eu aucun incident", a estimé au final M. Pavageau, dont le discours en forme de réquisitoire contre la politique de Macron "Jupiter" a été un peu éclipsé par le tweet de son prédécesseur.

"Désormais, il y a ceux qui sont +les feignants+ et il y a ceux qui +ne sont rien+, quelle violence!", s'est-il exclamé. Il a condamné "la logique d'individualisation" en cours qui a pour conséquence de "déprotéger" les Français.

Il a par ailleurs indiqué que "dès la semaine prochaine" il allait prendre contact avec les autres syndicats avec comme perspective une "mobilisation interprofessionnelle".

-" Blessé" -

Le dernier discours officiel de Jean-Claude Mailly, jeudi, au bout de 14 ans de mandat, avait certes été applaudi, mais une partie de la salle était restée assise. Il a reconnu par la suite avoir été "blessé" par la tournure des événements.

Répondant aux critiques, M. Mailly avait estimé avoir "le dos large", jugeant que certains avaient "mordu le trait de la fraternité et de la camaraderie".

Pascal Pavageau photographié à Paris le 4 avril 2018
Pascal Pavageau photographié à Paris le 4 avril 2018
AFP/Archives

Il a également répété que les décisions à FO avaient été prises ces derniers mois "à l'unanimité" du bureau confédéral, une manière d'impliquer Pascal Pavageau, qui en était membre.

Le nouveau numéro un, élu confortablement avec près de 97% des voix, aura fort à faire pour pacifier son syndicat, tant les tensions auront été palpables jusqu'à la fin du congrès.

Dès après son élection vendredi matin, en guise de comité d'accueil, les fédérations FO métaux -- qui ont soutenu Jean-Claude Mailly -- se sont livrés à un chahut et des sifflets, déplorant de devoir voter sur des textes qu'ils n'avaient pas sous les yeux. L'incident a été réglé.

Avant d'entonner L'Internationale, les congressistes, qui dans leur ensemble ont chaudement salué le discours de leur nouveau patron, ont eu droit à quelques morceaux du groupe de hard-rock AC/DC.

Dans la même thématique

France Politics
11min

Politique

Budget, assurance chômage, Nouvelle-Calédonie… Les dossiers chauds qui attendent Michel Barnier

Après deux mois de flottement, de nombreux dossiers se sont accumulés sur le bureau du Premier ministre. Tout juste nommé, Michel Barnier va devoir relancer plusieurs réformes, mises à l’arrêt avec la dissolution. Néanmoins, la constitution d’un budget reste le premier saut d’obstacles pour le nouveau chef de gouvernement et sa future équipe ministérielle.

Le

NATO Summit
6min

Politique

« Depuis les élections législatives, l’autorité d’Emmanuel Macron s’est affaiblie en Europe et sur la scène internationale »

Ce vendredi, Emmanuel Macron rencontre Olaf Scholz sur les bords du lac Léman, à Évian-les-Bains. Le chef de l’Etat et le chef du gouvernement allemand participent à la nouvelle édition des rencontres franco-allemandes, un rendez-vous devenu incontournable dans les relations entre les deux pays. Alors que les deux hommes sont affaiblis sur la scène intérieure à la suite de revers électoraux, la professeure d'histoire et de civilisation allemande à Sorbonne Université, Hélène Miard-Delacroix, dresse un état des lieux des relations entre Paris et Berlin.

Le

France Politics
5min

Politique

« Ce n’est pas un amateur de punchlines », Michel Barnier raconté par ses soutiens au Sénat

Le nouveau Premier ministre au CV long comme le bras a été le troisième homme de la dernière primaire interne à LR. A cette époque, peu de sénateurs croyaient en ses chances de victoire. Ses soutiens de l’époque expliquent pourquoi ils avaient fait de lui leur favori. Ils décrivent un homme taillé pour exercer le pouvoir, beaucoup moins pour le conquérir.

Le