La campagne des municipales s’est une nouvelle fois invitée au Sénat mercredi soir, lors de l’examen du projet de loi Engagement et proximité. Après l’adoption d’un amendement visant à limiter les locations sur Airbnb (voir notre article), c’est un amendement sur la création d’une police municipale qui a quelque peu échauffé les esprits.
La sénatrice socialiste de Paris, Marie-Pierre de la Gontrie, avait déposé un amendement en ce sens. Il s’agissait de faire entrer dans le droit commun « les agents de la ville de Paris chargés d’un service de police » qui « ne peuvent pas sanctionner des infractions routières, de caméras piétons, bénéficier de formations continues ou professionnelles » a fait valoir la sénatrice.
« Il s’agit donc de travailler en complémentarité avec les agents de l’État »
Paris : amendement de Marie-Perre de la Gontrie sur la création d'une police municipale
Marie-Pierre de la Gontrie a, par ailleurs, rappelé que la délinquance à Paris avait « cru depuis un an » notamment à cause de la forte mobilisation des forces de l’ordre dans la lutte contre le terrorisme et les mobilisations des gilets jaunes. « Il s’agit donc de travailler en complémentarité avec les agents de l’État » a-t-elle précisé avant d’indiquer que la plupart des maires d’arrondissements, y compris LR, y étaient favorables.
Cet amendement a été rejeté par 228 voix contre et 72 pour. Le ministre en charge des Collectivités Territoriales, Sébastien Lecornu, a invoqué des raisons administratives. « Créer une police municipale à Paris demande techniquement d’avancer sur un certain nombre de sujets : la formation, la nomination et l’agrément, la carte professionnelle, la tenue et les équipements, l’armement » a-t-il par exemple, citer.
« Il ne faut pas que cet hémicycle soit une chambre d’écho des difficultés de la majorité municipale »
Soutien du candidat LREM aux municipales à Paris, Benjamin Griveaux, le sénateur LREM, Julien Bargeton a lui répondu sur le terrain politique. « C’est quoi l’histoire de cet amendement ? C’est l’histoire d’un revirement politique. Au détour de cet amendement, vous prenez acte que la maire de Paris, Anne Hidalgo, a changé d’avis sur la création d’une police municipale (…) Tout d’un coup, il faudrait se presser. Il faudrait un amendement insuffisamment rédigé (…) Le zèle des récents convertis vous pousse à déposer un amendement contre lequel vous auriez voté, il n’y a ne serait-ce que 6 mois » a-t-il estimé avant de conclure : « Il ne faut pas que cet hémicycle soit une chambre d’écho des difficultés de la majorité municipale ».
Le sénateur apparenté LR de Paris, Philippe Dominati a également noté « l’évolution de la majorité municipale au bout de 18 ans ».
Rémy Féraud, sénateur socialiste de Paris, a reconnu que l’idée d’une police municipale n’était pas souhaitée jusqu’en 2016, lors de l’examen du projet de loi sur le statut de Paris, avant de rappeler que Julien Bargeton, « était adjoint à la maire de Paris, à ce moment-là ». « Donc, je suis sûr qu’il assume cette position pleinement ».
Contactée par l’AFP, Colombe Brossel, adjointe chargée de la Sécurité à la mairie de Paris, a jugé « incompréhensible » le rejet de cet amendement.
Anne Hidalgo avait fait part en janvier de sa volonté de doter dès 2020 d'une police municipale armée de matraques. « Cette décision a en effet fait l'objet d'un débat » mais elle « a été prise d'abord en écoutant les Parisiennes et les Parisiens » a défendu Colombe Brossel.