« Les universités n’ont pas la capacité humaine de gérer le nombre de dossiers qui va leur arriver », s’alarme le sénateur communiste, Pierre Ouzoulias. Cette inquiétude a été renforcée par la diffusion d’une note confidentielle de l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) sur le suivi de la réforme de l’université, dans Le Monde, lundi.
Alors que les bacheliers ont jusqu’à mardi soir pour déposer leurs vœux d’études supérieures sur la plateforme Parcoursup, cette note fait état des difficultés « philosophiques » ou « techniques » que pourraient rencontrer les universités dans l’examen des candidatures des bacheliers. « La ministre s’est engagée à ce qu’il y ait un examen humain, individuel, pour tous les dossiers, aujourd’hui la réalité du terrain montre que ce n’est pas possible », déplore Pierre Ouzoulias qui cible le manque de moyens budgétaires alloués à cette réforme. En outre, le « oui si » - c’est-à-dire, les admissions à l’université conditionnées au suivi d’un parcours de remédiation - ne sont pas tout à fait au point, selon l’inspection générale. Certaines universités évoquent une « insuffisance de financement de la réforme et des délais de mise en œuvre ».
« Les universités vont recourir à des algorithmes locaux bidouillés »
« Les universités vont recourir à des algorithmes locaux bidouillés, université par université, et sur ce point-là la ministre nous avait promis une transparence lors de la discussion de la loi au Sénat », s’indigne Pierre Ouzoulias. Les algorithmes locaux dont parle le sénateur viendront compléter l’algorithme central de Parcoursup et, selon lui, ne seront pas rendus publics. Le fait que les critères qui tamiseront le flot de candidatures restent opaques fait craindre au sénateur une sélection discriminante aux portes de l’enseignement supérieur. « On sait que les universités, notamment celles où il y a beaucoup de droit, mettent en place des algorithmes qui font que, en fonction de votre lycée, vous n’avez pas le même classement », assure le sénateur communiste.
« C’est une période transitoire, la nouvelle procédure ne peut pas être mise en place du jour au lendemain sans imperfections »
Autre risque : « On ne peut pas complètement écarter l’hypothèse selon laquelle il y aurait une part de tirage au sort qui serait réintroduite dans ces algorithmes, ce qui serait proprement scandaleux ». De son côté, la sénatrice Les Indépendants, République et territoires - proche de la majorité présidentielle -, Colette Mélot, relativise : « C’est une période transitoire, la nouvelle procédure ne peut pas être mise en place du jour au lendemain sans imperfections, il faut être patient ». La sénatrice, qui a « l’habitude de voir le verre à moitié plein », rappelle que la plateforme Parcousup sera toujours plus performante que l’ancienne, Admission Post-Bac (APB).
Le sentiment d’être une « génération crash-test » est saillant et les discussions autour de Parcoursup qui traversent les réseaux sociaux en attestent. Un sentiment qui pourrait croître si les dysfonctionnements énumérés par la note de l’inspection générale se font sentir. Le verdict tombera le 22 mai prochain, date à laquelle les lycéens recevront les réponses à leurs candidatures.
En attendant, le Premier ministre, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale ce mardi, s’est voulu rassurant. « Le bac reste la clef d’entrée dans l’enseignement supérieur et nous n’avons aucune envie de changer cet élément presque fondateur du dispositif de l’enseignement supérieur », a assuré Édouard Philippe, répondant ainsi au député UDI de Seine-Saint-Denis, Jean-Christophe Lagarde, qui disait craindre « une discrimination géographique et une sélection sociale ». Le Premier ministre a ajouté que « le seul critère pris en compte » sera « la cohérence entre le profil de l'étudiant et les attendus de la formation demandée ».
Parcoursup : le Premier ministre se veut rassurant