Organisations syndicales, enseignants: Blanquer rencontre tous azimuts sur les retraites
Jean-Michel Blanquer accélère les discussions sur les retraites: il a commencé à recevoir vendredi des organisations syndicales, qui réclament ...
Par Anne-Sophie MOREL
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Jean-Michel Blanquer accélère les discussions sur les retraites: il a commencé à recevoir vendredi des organisations syndicales, qui réclament "du concret" depuis des semaines, et a échangé dans la soirée avec des enseignants à Nancy aux côtés d'Edouard Philippe.
Devant une petite centaine d'enseignants rassemblés dans un gymnase d'un lycée de Nancy, le premier ministre a qualifié "d'opportunité pour les enseignants" les discussions en cours pour revaloriser leur rémunération.
"Pour procéder de façon crédible, il faut une loi de programmation pluriannuelle qui fixe des marches progressives" dans cette revalorisation, a indiqué Edouard Philippe, en confirmant un effort total d'"à peu près de l'ordre" de 10 milliards d'euros.
"On a une dizaine d'années pour revaloriser progressivement les rémunérations des enseignants", a-t-il estimé, en assurant qu'il était "évidemment infaisable" de le faire "en une fois, ni même en deux fois".
De son côté, Jean-Michel Blanquer s'est évertué à répéter que "les pensions ne baisseront pas", en confirmant que "les augmentations" concernent "surtout les primes" plus que les salaires, provoquant les huées des enseignants présents dans ce gymnase.
"La revalorisation, nous la ferons, et ce sera vérifiable dans six mois, après la négociation avec les syndicats. Et vous verrez les résultats dans un, deux, trois ans", a promis Jean-Michel Blanquer.
Plus tôt dans la journée, le ministre de l'Education nationale avait ouvert le bal des discussions avec les syndicats enseignants, qui dureront jusqu'à lundi soir, pour se poursuivre sur un temps long, à horizon été 2020.
"C'était une réunion dense et franche, comme nous aurions dû en avoir depuis des mois, avec des enjeux précis posés sur la table" mais "il nous manque encore des précisions et nous maintenons notre appel à la mobilisation mardi", a expliqué à l'AFP Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, à la sortie de ces discussions au ministère.
Edouard Philippe et Jean-Michel Blanquer lors d'un débats avec des enseignants à Nancy le 13 décembre 2019
AFP
"Il y a encore beaucoup de travail à faire et nous avons demandé à ce que le premier montant de l'enveloppe des revalorisations, ainsi que le montant de l'enveloppe globale soient communiqués le plus rapidement possible", a poursuivi M. Crochet.
"Dès début janvier", le ministre devrait donner aux syndicats "une simulation portant sur une centaine de cas type de futures retraites, en fonction des différents profils et différentes catégories d'enseignants", a-t-il rapporté.
"Les primes, d'accord, mais il faut qu'elles soient accordées à tous les enseignants", demande Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire.
- "Balle dans le camp du ministère" -
Selon Stéphane Crochet, les dernières prises de parole du gouvernement ont fait "grandir le sentiment de défiance et d'inquiétude" chez les enseignants.
"Mais que signifie réellement le fait de sanctuariser le niveau des pensions?", s'interroge de son côté le président du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc), Jean-Rémi Girard. "Il est nécessaire de clarifier la revalorisation des enseignants qui ne peut pas se faire avec des contreparties, nous le refusons", a-t-il dit. Le Snalc sera lui reçu lundi.
Autre point de tension, le fait "de repenser" le métier d'enseignant. Jean-Michel Blanquer a en effet évoqué "l'organisation du travail" des enseignants, citant de manière très évasive des contreparties possibles. Un thème qui a du mal à passer côté syndicats.
"Discuter du métier d'enseignant n'est pas vraiment le sujet de cette réforme, le sujet qui en découle est que les profs sont mal payés, un point c'est tout", a martelé Jean-Rémi Girard.
"Ce qui nous inquiète, c'est que cette réforme puisse servir à repenser notre métier, et donc travailler plus sans gagner plus, alors que par exemple nous travaillons déjà 20 jours sur l'ensemble de nos vacances", ajoute Francette Popineau, qui prévient que "la balle est désormais dans le camp du ministère".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.