C’est une tradition socialiste. Tous les deux ou trois ans, lors d’un congrès, les militants choisissent un texte d’orientation politique, qui définit la ligne du parti. Cette année, ils se sont majoritairement prononcés pour la motion d’Olivier Faure. Le texte du premier secrétaire a rassemblé 72,02 % des suffrages, et sera donc réélu à la tête du parti le 16 septembre prochain, à la veille du congrès de Villeurbanne. « C’est une très large victoire. On rassemble trois militants sur quatre. Quand vous êtes à ce score dans une élection, on considère que c’est plutôt une réussite », commente le sénateur socialiste Eric Kerrouche. Même satisfaction pour son collègue Rémi Féraud, qui y voit une volonté des militants de « conforter la reconstruction du PS entamée par Olivier Faure ». La motion adverse, défendue par Hélène Geoffroy, a obtenu 27,98 % des votes. « Les militants ne voyaient pas dans son texte une alternative crédible, il y avait beaucoup de critiques mais peu de propositions sur une autre orientation du PS », tacle le sénateur de Paris.
Etoile montante
Dans sa motion, Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, dénonçait un « effacement du parti » et un « mépris de la démocratie interne » sous Olivier Faure. Elle a rassemblé un peu moins d’un tiers des votants. « On n’espérait pas être majoritaires, l’idée c’était de faire vivre la démocratie au sein du PS. Par rapport à un mouvement qui n’existait pas il y a encore quelques semaines, obtenir un peu moins de 30 % des voix c’est pas mal », estime le sénateur Jean-Yves Leconte, signataire de sa motion. « Moi je suis assez satisfait du score, elle n’était pas identifiée dans le paysage politique du parti comme quelqu’un aspirant à prendre le leadership », renchérit Hussein Bourgui, lui aussi soutien d’Hélène Geoffroy.
Le sénateur socialiste de l’Hérault est convaincu que sa favorite, peu connue des militants, a été handicapée par un taux de participation « décevant ». Sur les 50 000 militants du parti, 22 000 ont pris part au vote. « Malheureusement j’y vois essentiellement une raison liée au calendrier. On sort à peine des vacances d’été. Organiser un congrès dans un délai aussi court ça ne nous a pas laissé le temps de faire le tour de toutes les sections. Les camarades n’ont pas eu le temps de saisir l’enjeu » regrette-t-il. Mais il reste persuadé que sa favorite est une étoile montante du parti. « Même ceux qui n’ont pas voté pour elle, disent qu’elle est la révélation du congrès ».
La présidentielle en ligne de mire
Les militants étaient aussi appelés à se prononcer sur le projet que devra défendre le ou la candidate à l’élection présidentielle 75,46 % l’ont approuvé. Reste à savoir qui portera ce projet. Olivier Faure soutient Anne Hidalgo. Faut-il voir dans la victoire de sa motion une adhésion des militants à une candidature de la maire de Paris ? Rémi Féraud y voit en tout cas un « signe positif ». « Cela ne veut rien dire », tempère Jean-Yves Leconte. « Olivier Faure a essayé, parce qu’il se sentait en difficulté, de dire « si vous votez pour moi, vous votez pour Hidalgo ». Ce n’est pas le sujet ».
Un vote interne pour désigner le candidat
Pour désigner leur candidat ou leur candidate, les socialistes n’organiseront pas de primaire ouverte mais un vote interne au parti. Il ne sera donc pas ouvert aux sympathisants. Jeudi, les votants ont été à 71,15 % à approuver une réforme statutaire. Quand aura lieu ce vote militant ? « Rapidement après le congrès de Villeurbanne » assure Eric Kerrouche. Stéphane Le Foll, maire du Mans et ancien ministre de l’Agriculture de François Hollande, est déjà candidat. Anne Hidalgo doit officialiser son entrée dans la course ce dimanche à Rouen.