Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Nouvelle-Calédonie : « Le référendum serré a changé la donne » pour les années qui viennent
Par Juliette Beck
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Vous étiez lors du référendum, comment était l’ambiance globale sur place ?
Jérôme Rabier : « Il y avait quand même une effervescence autour de ce vote, il était attendu depuis près de 30 ans donc il y avait une animation, une agitation, les gens en parlaient, en discutaient entre eux et oui cela a évidemment occupé les esprits. D'ailleurs la participation a été très importante plus de 80 % des Calédoniens sont allés voter à ce référendum, c’est bien le signe qu’il y avait une forte attente de la population autour de cette question de l'indépendance ».
Plusieurs sondages donnaient le « Non » à l'indépendance victorieux à près de 70 %, à votre arrivée sur place, c’était aussi évident ?
Jérôme Rabier : « En arrivant une dizaine de jours avant le vote, on entendait beaucoup parler de cette large avance acquise au « non », à l’indépendance. C'est ce qu’on entendait beaucoup à Nouméa dans les partis politiques notamment les partis loyalistes mais dès qu’on se déplaçait en dehors de Nouméa, qu’on allait dans les territoires du nord un peu plus isolés et où la population kanak est majoritaire on n’entendait pas cette "musique-là" et on voyait bien qu’il y avait une mobilisation, qu’il y avait une mobilisation de ces populations-là qui avait été mal mesurée. La forte participation notamment des populations kanakes c’est ce qui a fait que le score a été finalement à l’arrivée bien plus serré que les 70 % annoncés ».
D’autres référendums sont à venir, est-ce que cela a réveillé une conscience politique chez les Kanaks ?
Jérôme Rabier : « Ça a réveillé une conscience politique, mais ce n’est pas ce 1er vote qui a réveillé la conscience politique, je pense que le mouvement indépendantiste, il est là, présent depuis 40 ans et finalement, il n'avait jamais eu l’occasion de se prononcer. Et là, on a vu qu'il y avait une forte mobilisation des Kanaks en faveur de l’indépendance. C’était la 1re fois qu’on le constatait vraiment (...) donc oui il y a cette attente qui s’est exprimée et qui va probablement s’exprimer lors du 2e et éventuellement du 3e référendum qui doivent se tenir en 2020 et 2022 ».
Les sénateurs de la Nouvelle-Calédonie étaient eux aussi sur place, quelles étaient leurs positions sur la question de l’indépendance ?
Jérôme Rabier : « Les deux sénateurs de Nouvelle-Calédonie, Pierre Frogier et Gérard Poadja ne se sont pas déplacés spécialement pour le référendum, ils sont élus du territoire, ils vivent en Nouvelle-Calédonie. Ce sont deux sénateurs non-indépendantistes, ils prônent le rattachement à la France, mais ils n’ont pas tout à fait la même position. Ils sont membres de deux partis politiques différents. "Le Rassemblement" de Pierre Frogier est plutôt sur une ligne dure, le rattachement à la France point final et le résultat a confirmé ce sentiment pour lui. Gérard Poadja, lui, est membre de "Calédonie Ensemble" et c’est un parti qui est qualifié de plus centriste en Nouvelle-Calédonie et c’est un parti qui prône finalement l’émergence d’un peuple calédonien, le rattachement à la France, oui, mais avec la prise en compte des spécificités calédoniennes ».
Pierre Frogier, sénateur LR souhaite "écarter" la possibilité d'instaurer un deuxième et un troisième référendum, prévus par l'accord de Nouméa, sur place, c’est une opinion partagée ?
Jérôme Rabier : « Pierre Frogier, a annoncé cette volonté de déposer une proposition de loi pour finalement écarter l’éventualité d'un deuxième et troisième scrutin, mais il l’a annoncé à quelques jours du vote quand il pensait que le « non » aller encore l’emporter très largement. Et les partis loyalistes, ceux qui sont opposés à l’indépendance souhaitaient tous écarter ces référendums si jamais le « non » était très large, puisque ces nouveaux votes auraient finalement paralysé le pays pour pas grand-chose. Mais ce résultat serré a changé la donne et il n’y a plus que Pierre Frogier qui défend cette position-là. La tenue de nouveaux référendums est contenue dans les accords de Nouméa en 1998 et le 1er ministre a déjà annoncé que sauf un consensus très fort de toutes les forces politiques,ces référendums auraient lieu , donc c’est vers ça qu’on s’oriente malgré la volonté de Pierre Frogier ».
Un événement ou une image marquante lors du tournage ?
Jérôme Rabier : « S’il y a un événement marquant autour de ce référendum c’est finalement le constat que le score, le score étant serré, qu’il y a une profonde division de la société calédonienne, il y a une fracture géographique, il y a Nouméa où beaucoup d’Européens vivent, vivent plutôt bien et où finalement le rattachement à la France est naturel et finalement tout le monde veut que ça continue comme ça. Mais il y a aussi tout le reste de la Nouvelle-Calédonie et qui n'est peut-être pas encore assez écouté, assez entendu malgré la politique de rééquilibrage qui a été mise en place ces trente dernières années et finalement, c’est cette Nouvelle-Calédonie-là aussi qui s'est exprimée lors du référendum et qui a montré que oui, il fallait faire plus attention aux problèmes sociaux, aux problèmes économiques, c’est peut-être ça l’essentiel à tirer de ce référendum ».
Revoir l'épisode de " Sénat en action Nouvelle Calédonie : l'heure du choix " mardi 27 novembre à 23 heures, mercredi 28 novembre à 7 heures, jeudi 29 novembre à 18 heures, et samedi 1er décembre à 19 heures.