Notre-Dame-des-Landes: pour Macron, la “colère” des opposants n’est “pas légitime”
Emmanuel Macron a martelé dimanche que la "colère" des opposants à l'évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes n'était "pas légitime",...
Par Antoine AGASSE, avec Pauline TALAGRAND à Paris
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Emmanuel Macron a martelé dimanche que la "colère" des opposants à l'évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes n'était "pas légitime", promettant que "tout ce qui devra être évacué le sera" à l'issue du nouveau délai de régularisation le 23 avril.
Au 7e jour de l'opération d'expulsion des occupants illégaux, le chef de l'Etat a adressé ce message de fermeté durant son interview à BFMTV, RMC et Mediapart, au soir d'un rassemblement sur la Zad ("zone d'aménagement différé", rebaptisée "zone à défendre" par les opposants) encore une fois émaillé de heurts avec les forces de l'ordre.
"Vous me parlez d'une colère aujourd'hui mais la colère de qui? Des gens, qui depuis des années bloquaient un endroit où on faisait construire un aéroport qu'on ne construit pas et qui aujourd'hui viennent continuer à protester ? Je considère qu'(...) elle n'est pas légitime", a lancé M. Macron, jugeant "inadmissible" que "plus d'une soixantaine de gendarmes" aient été blessés en une semaine.
L'opération d'expulsion des occupants illégaux de la Zad, qui mobilise 2.500 gendarmes, a commencé lundi et en trois jours 29 squats ont été détruits.
Depuis jeudi, les opérations de déblaiement et de maintien de l'ordre se poursuivent, au rythme des affrontements avec les soutiens des zadistes de plus en plus nombreux. Pour les autorités, l'enjeu est désormais d'empêcher toute reconstruction, au risque de s'enliser dans un face-à-face avec les militants les plus durs.
Des forces de l'ordre chargent contre des manifestants, le 15 avril 2018 lors d'une opération d'évacuation sur le site de la Zad de Notre-Dame-des-Landes
AFP
L'État a appelé les occupants de la Zad, expulsés ou non, à régulariser leur situation avant le 23 avril en déclarant leur nom, leur projet agricole et les parcelles concernées.
"Nous laissons ce délai complémentaire pour ceux qui portent un projet mais à l'issue de ce délai tout ce qui doit être évacué sera évacué. L'ordre républicain doit être respecté", a affirmé M. Macron.
- "Pistolet sur la tempe" -
Carte du site de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
AFP
Plus tôt dans la journée, Dominique Fresneau, coprésident de l'Acipa, l'association historique d'opposants, a réagi à ce nouveau délai: "Moi, je n'ai jamais travaillé avec un pistolet sur la tempe. On n'a jamais demandé à un agriculteur de monter un projet en six ou deux mois".
L'Acipa a demandé que la violence cesse "des deux côtés". "Chaque jour de violence qui passe à NDDL, ce sont des semaines avant de pouvoir se remettre autour de la table", a jugé M. Fresneau.
Les heurts de dimanche ont fait sept blessés côté gendarmes: trois ont été atteints par les éclats d'une bombe artisanale, deux ont été brûlés par des cocktails Molotov et deux par de l'acide, selon une source proche du dossier.
Huit manifestants on été interpellés, selon la préfecture de Loire-Atlantique.
Environ 4.000 personnes étaient présentes dans l'après-midi sur l'ensemble de la zone, au plus fort du rassemblement de soutien aux occupants expulsés, essentiellement à l'ouest de la D81. Les zadistes ont annoncé pour leur part "15.000 à 20.000 personnes".
Heurts entre manifestants et forces de l'ordre sur le site de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, le 15 avril 2018
AFP
Un homme de 64 ans, habitué de la Zad, a expliqué être venu "pour leur montrer qu'on est là et qu'on sera là demain". "Les flics ne vont pas rester six mois. Les cabanes, on va les reconstruire", a-t-il assuré.
En fin de matinée, environ 300 personnes, armées notamment de fusées et de cocktail Molotov, ont tenté de forcer le barrage des forces de l'ordre présentes sur la D81, afin d'aller reconstruire les squats détruits, à l'est de cette route.
Les manifestants ont symboliquement transporté une charpente à travers champs, en fin d'après-midi, afin de reconstruire l'ancien "Gourbi", un lieu de vie emblématique détruit par les opérations en début de semaine. Sur place, de nouveaux heurts ont éclaté.
Les gendarmes devraient rester trois semaines à un mois sur place, pour déblayer les parcelles, garantir la libre circulation sur la D281 (l'ex-"route des chicanes") et la D81 et prévenir toute réoccupation illégale.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.