« Vous resterez la ministre qui a augmenté le budget de la défense. » Florence Parly a été bien reçue par les membres de la commission des Affaires étrangères du Sénat, ce mercredi. La ministre a livré un état des lieux complet aux sénateurs en passant par les coopérations militaires avec les autres Etats européens mais aussi en s’arrêtant sur les relations avec les pays comme la Russie, la Turquie ou la Chine. Lors de l’audition, Florence Parly a été interpellée à deux reprises suite aux révélations de Mediapart concernant la présence de néonazis au sein des forces armées françaises.
« Nous sommes dans une période où le budget de la mission défense n’a cessé de croître exactement comme cela était prévu », a d’abord rassuré la ministre face à des sénateurs très soucieux que la crise sanitaire n’affecte pas le budget des armées. « Malgré la crise sanitaire, nous aurons recruté 21 400 militaires. Les effectifs sont conformes à notre trajectoire », a aussi assuré Florence Parly.
La ministre des Armées s’est exprimée sur deux acteurs de la scène internationale avec lesquels la France a eu maille à partir : la Russie et la Turquie. « La Russie développe depuis plusieurs années une stratégie de défiance afin de maîtriser son environnement proche, ces démonstrations de force se multiplient à mesure que ses capacités militaires se renouvellent », a exposé Florence Parly ajoutant que la Russie « s’est imposée comme un de nos principaux compétiteurs stratégiques […] où elle n’hésite pas à contester notre action ».
Florence Parly a, par ailleurs, déploré le fait que « la Turquie cherche à s’imposer par la force et par le fait accompli », que ce soit en Libye, en Syrie ou en Azerbaïdjan. Les sénateurs sont très sensibles au conflit du Haut-Karabagh. En novembre dernier, la Haute assemblée a adopté une proposition de résolution pour la reconnaissance de la République du Haut-Karabagh après l’écrasante défaite de l’Arménie face à l’Azerbaïdjan. Une mesure symbolique (lire ici).
« La première menace à laquelle nous sommes confrontés, c’est le terrorisme »
La ministre a également évoqué la situation sécuritaire, rappelant que « la première menace à laquelle nous sommes confrontés, c’est le terrorisme […] Nous sommes militairement engagés pour empêcher que ne s’implante un arc djihadiste du golfe de Guinée jusqu’au théâtre irako-syrien ». En écho à l’audition du ministre des Affaires étrangères, Florence Parly a indiqué « des résurgences du terrorisme au Sahel et en Syrie ».
Un dossier a beaucoup agité le Sénat ces derniers jours : le projet d’un Avion de combat européen du futur (SCAF). La commission de la défense du Sénat a auditionné cette semaine les dirigeants d’Airbus ainsi que le PDG de Dassault Aviation. Un accord entre les deux industriels semble être compromis, ou du moins empêché, par la question des brevets. « La coopération c’est un risque qui vaut le coup, cela nécessite volonté et détermination », a invoqué la ministre des Armées tout en se montrant optimiste quant à une issue favorable sur ce dossier.
Néonazis dans l’armée : « une véritable insulte à nos valeurs »
Plus délicat. La ministre des Armées a été interpellée au sujet des révélations de Mediapart sur la présence de néonazis au sein de l’armée française. Le média en ligne révèle que certains de ces militaires sont restés en poste malgré de premières révélations en juillet. « Quelles sont les mesures que vous entendez prendre ? », a interrogé le sénateur socialiste, Jean-Marc Todeschini. Le chef du groupe écologiste, Guillaume Gontard, a, lui, demandé à la ministre des précisions sur le mode de recrutement et de détection de ces profils.
« C’est une idéologie que je condamne absolument parmi certains individus qui relèveraient de nos armées », a insisté la ministre qui parle de « comportements sont totalement inadmissibles » représentant « une véritable insulte à nos valeurs et à ce que nos armées portent quotidiennement ».
« Après la parution de cet article j’ai demandé au ministère un état des lieux extrêmement précis sur chacun des individus qui avaient été mentionnés dans cet article », a assuré la ministre des Armées avant d’affirmer que « ces comportements extrêmement graves sont le fait de dérives individuelles » et de réfuter l’emploi du terme « filière » pour parler de ces néonazis.
« Concernant la détection des personnes qui, au recrutement, pourraient représenter des risques de radicalisation ou d’extrémisme […] Il y a un travail réalisé au moment de l’embauche et il y a, de façon continue, une attention très particulière qui est portée par le commandement à l’éventuelle émergence de comportements ou de signaux faibles. C’est un travail qui est rendu plus difficile du fait de l’utilisation croissante de réseaux sociaux privatifs souvent cryptés et qui ne sont pas détectables », a précisé Florence Parly.