NDDL: veillée d’arme pour zadistes et forces de l’ordre avant les expulsions
Survols d'hélicoptères et patrouilles d'un côté, appels aux renforts et aux rassemblements de l'autre: gendarmes et zadistes affûtent ce week...
Par Alexandre HIELARD
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Survols d'hélicoptères et patrouilles d'un côté, appels aux renforts et aux rassemblements de l'autre: gendarmes et zadistes affûtent ce week-end leurs préparatifs avant l'opération d'expulsion des occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, annoncée comme imminente, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport.
"C'est le calme avant la tempête", résume Lucas, un "brasseur militant" installé au cœur de la zone occupée, qui s'étend sur 1.650 hectares. Mais, "le stress commence à monter" car "on sait qu'ils vont mettre le paquet".
L'opération, prévue en début de semaine, doit mobiliser sur plusieurs jours vingt-cinq escadrons de gendarmerie mobile, soit environ 2.500 militaires. Elle prévoit d'expulser toutes les personnes qui n'ont pas régularisé leur situation, en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuels.
Patrouille de gendarmes près de la ZAD de Notre-Dames-des-Landes le 6 avril 2018
AFP/Archives
La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l'ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles.
"Tous ceux qui ne s'inscrivent pas dans le cadre de la légalité devront quitter les terrains rapidement", a répété dimanche le Premier ministre, Édouard Philippe, dans une interview au Parisien.
De son côté, l'Acipa, la principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, a appelé l’État "à ne pas enclencher le processus des expulsions et de la violence" et à privilégier "le dialogue".
Si la ZAD n'est pas encore encerclée par les forces de l'ordre, plusieurs véhicules ont patrouillé discrètement tout le week-end dans les communes alentours, pour prévenir toute introduction de carburant, de matières dangereuses ou d'objets pouvant servir d'armes.
Chronologie du projet contesté d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, jusqu'à son abandon en janvier
AFP
Des hélicoptères survolent également la zone, un scénario habituel depuis plusieurs semaines.
L'artère emblématique de la zone occupée, l'"ex-route des chicanes", déblayée de ses divers obstacles et remise en état après l'annonce de l'abandon de l'aéroport, restait cependant sous étroite surveillance et interdite à la circulation.
- "Revenir et reconstruire" -
En face, les occupants, eux, ont déjà prévenu: ils mèneront une "résistance physique et déterminée".
Difficile de savoir pour l'heure la forme qu'elle prendra mais "il y aura sûrement un jeu du chat et de la souris", anticipe un zadiste. Un autre évoque la préparation de cocktails molotov.
Deux grands rassemblements sont programmés dès 4H00 du matin lundi, suivis d'une répartition sur les différents points de blocage.
Barricades, sit-ins, ravitaillement en soins et en nourriture: "chacun trouvera sa manière de se joindre à la lutte", explique à l'AFP "Camille", le pseudo commun des occupants de la ZAD.
Carte du site du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, abandonné en janvier
AFP
Des appels aux renforts ont été lancés... et entendus: un nombre plus important de voitures et d'occupants circulaient sur la zone dimanche. "Des gens sont arrivés de partout pour ne pas nous laisser seuls face à la police et les tractopelles", assure Camille.
A l'image de la vie quotidienne sur la ZAD, chaque quartier organisera sa résistance. "Il n'y a pas un général, ni un poste de commandement, c'est en autonomie", poursuit le zadiste.
Il rêve, comme beaucoup, d'une réédition du fiasco de l'"opération César", du nom de la précédente tentative d'évacuation massive du site, lancée à l'automne 2012 par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, ardent défenseur du projet d'aéroport.
"Ce n'est plus le même combat. Aujourd'hui, est-ce qu'on aura tous les soutiens?", nuance un autre zadiste, en référence aux tensions qui auraient cours entre occupants légitimistes et radicaux.
Des agriculteurs seront "sur place avec des tracteurs", annonce Vincent Delabouglise, membre de Copains 44, collectif d'organisations agricoles. "Le gouvernement vient mettre le feu sur un territoire où les choses commençaient à s'apaiser", soupire-t-il, disant "craindre le pire".
Deux personnes sur le site de la ZAD Notre-Dame des-Landes (Loire-Atlantique), le 8 avril 2018 à
AFP
"Il y aura des personnes arrêtées, des habitats détruits. Mais la ZAD ne va pas être rasée. Les gens vont revenir et reconstruire", prévient Camille.
"Tout ça pourrait se discuter beaucoup plus tranquillement, il y a des gens qui veulent rester sur place (...)Pourquoi faire tout ça? Pourquoi cette bataille rangée?", s'est interrogé Jean-Luc Mélenchon, invité dimanche du Grand rendez-vous Europe 1/Les Echos/ CNews. "C'est vraiment de la gesticulation, c'est une diversion...", a estimé le leader de la France Insoumise, accusant le président de la République d'espérer "créer un incident là-bas", lui permettant de dire "+il y a des violences partout+... tout ça est grotesque".
Selon une source parlementaire de la majorité ayant requis l'anonymat et évoquant cette évacuation à venir, "ils (le gouvernement) sont sur l'option maximaliste".
En parallèle à leur action sur le terrain, les occupants mènent le combat sur le terrain juridique.
Dans une lettre adressée samedi à Édouard Philippe, leurs avocats ont dénoncé des procédures d'expulsions illégales car menées "au mépris des droits (...) garantis par le code des procédures civiles d'exécution et, plus généralement, de l’État de droit". En cas d'expulsion, ils ont annoncé leur intention d'engager des recours pour faire condamner l’État.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.