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NDDL: “une amorce de retour à la normale” pour les agriculteurs “historiques”
Par Anne-Sophie LASSERRE
Publié le
"Une amorce de retour à la normale": quatre agriculteurs de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ayant lutté contre le projet d'aéroport en s'opposant à leur expropriation se sont dits "soulagés" mardi de signer des conventions d'occupation précaire, et attendent désormais de retrouver pleinement leurs droits.
"Ca soulage forcément. C'est mieux que d'avoir l'huissier comme on a pu l'avoir des fois plusieurs fois dans la semaine. On ne peut souhaiter ça à personne. On est un peu mal dans ses baskets quand on vous dit que le lendemain vous devez dégager", témoigne Joël Bizeul, éleveur laitier de 55 ans, qui a repris en 1992 la ferme familiale située au lieu-dit "Les Rochettes".
Il est l'un des quatre agriculteurs "historiques" à avoir été exproprié, puis expulsé pour permettre la réalisation du nouvel aéroport nantais, mais il n'a jamais quitté le site où il est né.
Sur ces terres que ces paysans exploitaient avant la déclaration d'utilité publique du projet, en 2008, tous ont toujours refusé de signer des conventions avec le concessionnaire de l'infrastructure, une filiale du groupe de BTP Vinci, et n'avaient pas touché le chèque d'indemnisation proposé.
- "Projets figés depuis dix ans" -
La signature d'une convention d'occupation précaire (COP) avec l'Etat, promise après l'abandon du projet d'aéroport, "légalise notre occupation des terres jusqu'à fin 2018, ce qui reste précaire", temporise Sylvie Thébault, installée avec son époux Marcel depuis 1999 au hameau du Limimbout.
"Je ne peux pas encore sauter de joie. Ca sera un retour à la normale quand on aura de nouveau des baux à long terme sur nos parcelles, que les forces de l'ordre seront parties et que Notre-Dame-des-Landes sera oubliée de tous et toutes", soutient l'exploitante agricole, qui "espère développer des projets figés depuis dix ans".
Joël Bizeul appelle aussi de ses voeux "un retour au calme, à la sérénité. Parfois, on se demande de quoi on va parler tellement ça nous a bouffé la vie quand même".
"Quand mes parents ont réparé la maison en 1968, la ZAD n'était pas mise en place mais on nous mettait déjà la pression en nous disant +il faut mieux que vous partiez+. Ca a été pareil quand j'ai repris la ferme, on avait une pression énorme et toujours (ce projet) au-dessus de la tête", se souvient l'éleveur laitier, évoquant des décisions parfois "lourdes à porter".
"Aujourd'hui, c'est plus clair, s'il y a des travaux à faire, on n'aura plus à se poser la question quand on risque de partir, c'est derrière nous", poursuit M. Bizeul.
"C'est l'aboutissement de 50 ans de lutte", salue l'éleveur laitier. "Le but de nos signatures aujourd'hui, c'est d'entraîner d'autres gens à faire la même chose", estime-t-il.
Sur la zone, "il faut faire de la place à un maximum de gens qui ont lutté contre le projet, ça me paraît normal", soutient l'exploitant agricole.
"Il faut que le mouvement d'occupation puisse aussi signer des COP comme nous. Pour le moment, aucun projet agricole déposé (par les zadistes) n'a été rejeté et j'espère que ça va continuer dans ce sens-là", souligne aussi Sylvie Thébault.
Les agriculteurs ne devraient pas obtenir la rétrocession des biens qu'ils avaient en propriété avant la fin de l'année.