Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
ND-des-Landes: les médiateurs rendent leur rapport, Macron tranchera “en janvier”
Par Anne-Sophie LASSERRE, Marc PRÉEL
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Les médiateurs chargés de sortir de l'impasse dans le dossier de transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes ont rendu mercredi leur rapport à Edouard Philippe, remettant en selle l'alternative du réaménagement de l'actuel aéroport.
Le rapport préconise l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes quelle que soit la décision de l'exécutif. Celle-ci interviendra "avant fin janvier", a promis le Premier ministre.
Selon ce rapport d'une soixantaine de pages (sans les annexes), un transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord, ou son maintien, avec un réaménagement, à Nantes-Atlantique, au sud de Nantes, sont deux options "raisonnablement envisageables".
Sans trancher, il remet ainsi en selle l'éventuel réaménagement de l'actuelle infrastructure, écarté jusqu'alors par les pro-NDDL.
Mais dans ce dossier, "la première nécessité est celle d'une décision de l'Etat, qui n'a que trop tardé", jugent les médiateurs qui préconisent l'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes dès le choix de l'exécutif entre les deux options. Deux à trois cents personnes occupent actuellement le site.
Le gouvernement prendra "d'ici la fin du mois de janvier une décision" qui "sera claire, sera assumée", a assuré en réponse le Premier ministre. Cette décision "doit nous permettre (...) de garantir un retour à la normale, notamment s'agissant des questions relatives à l'ordre public", a-t-il ajouté.
L'exécutif devra mobiliser des milliers de gendarmes pour évacuer les zadistes installés sur la vaste zone de bocage où doit se construire l'aéroport. Des zadistes qui se préparent depuis des mois à un affrontement violent avec les forces de l'ordre, et qui peuvent possiblement compter sur le renfort de milliers de militants.
Las de l'indécision politique, "pro" comme "anti" en appellent au "courage" du président de la République sur ce projet déclaré d'utilité publique en 2008.
"Sur le fond, je suis extrêmement soulagée, c'est une grande satisfaction intellectuelle car le rapport dit que Nantes-Atlantique est une véritable option et qu'elle n'a pas été étudiée", a déclaré à l'AFP Françoise Verchère, co-présidente d'un collectif d'élus opposés au transfert, le Cédpa. Selon elle le rapport "fragilise considérablement la déclaration d'utilité publique" de Notre-Dame-des-Landes.
"Même si ce rapport peut laisser apparaître une apparence d'alternative à Notre-Dame-des-Landes, je continue à dire qu'il n'y a pas de plan B, ni en termes de trafic, ni en termes d'aménagement, ni pour les personnes impactées par les nuisances sonores", estime pour sa part Philippe Grosvalet, président PS de Loire-Atlantique et du Syndicat mixte aéroportuaire. "Je fais confiance au président de la République pour ne pas se fier aux apparences", ajoute-t-il.
Durant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron s'était montré plutôt favorable au nouvel aéroport, soutenu par quelque 55% des habitants de Loire-Atlantique lors du référendum local de juin 2016.
- étude des coûts -
Etudiant en profondeur cette fois-ci les coûts des deux options, pour l'Etat et les collectivités, la comparaison penche en faveur de l'option du réaménagement de Nantes-Atlantique.
Cela nécessiterait une fermeture de sa piste pendant neuf semaines environ pour la réalisation des travaux, dont le montant total - rénovation de l'aérogare comprise - est estimé "entre 365 et 460 millions" d'euros. Soit nettement moins que le chiffrage donné par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) en 2013 (825 millions), mais bien plus que celui avancé par les opposants au déménagement (175 millions d'euros).
Mais ces données ne prennent pas en compte l'éventuelle indemnité de résiliation du contrat de concession actuel entre l'Etat et une filiale du groupe de BTP Vinci. Jamais chiffrée par l'Etat et le concessionnaire, elle est évaluée à 150 à 200 millions d'euros par les opposants.
Le transfert à Notre-Dame-des-Landes est lui évalué à 730 millions d'euros, dont 160 pour la desserte en tram-train.
Travaillant sur la base d'un trafic de neuf millions de passagers à l'horizon 2040, la mission préconise, "dans l'hypothèse où le choix gouvernemental conduirait à un réaménagement de Nantes-Atlantique répondant aux besoins de mobilité de court et moyen terme", de "garder la maîtrise foncière des terrains acquis sur le site de Notre-Dame-des-Landes" pour laisser "la liberté de choix (...) à nos successeurs".