DOUAI : GERALD DARMANIN

Narcotrafiquants : Gérald Darmanin annonce une première prison de haute sécurité fin juillet

Alors qu’approche l’examen à la chambre haute, de la proposition de loi sénatoriale et transpartisane sur le narcotrafic, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin a annoncé, la mise en place d’une première prison de haute sécurité fin juillet, et deux autres d’ici deux ans, pour détenir « plus de 600 » narcotrafiquants « particulièrement dangereux ».
Simon Barbarit

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Une première prison de haute sécurité deviendra « réalité » fin juillet, et deux autres d’ici deux ans, pour détenir « plus de 600 » narcotrafiquants « particulièrement dangereux », a annoncé jeudi Gérald Darmanin, devant les étudiants de la 219e promotion de l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) à Agen.

Il y a 10 jours le ministre de la Justice, avait annoncé le regroupement des « 100 plus gros narcotrafiquants » dans une seule et même « prison de haute sécurité ». Le premier lieu où ils seront transférés, à partir du mois de mars, quel que soit leur statut de détention, n’a pas été précisé. Le ministre devrait annoncer son choix « dans le mois qui vient ».

« Je suis encore en train de visiter des établissements, il y en a trois-quatre en France qui sont capables d’accueillir » ces détenus, quel que soit leur statut, « avec évidemment beaucoup de travaux et un changement très profond du fonctionnement de la prison », a-t-il déclaré.

Dans le détail, « 4 millions d’euros » ont été débloqués pour la mise en place de cet établissement rénové, dont les pensionnaires seront « mis à l’isolement total » dans un lieu « inviolable », où il sera « absolument impossible de se faire livrer téléphone ou drogue », a promis le garde des Sceaux en rappelant que 52 000 portables ont été saisis l’an dernier en prison.

1 000 narcotrafiquants « particulièrement dangereux »

Regrouper les plus gros narcotrafiquants dans une même prison ne figure pas à proprement parler dans les recommandations de la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic. « Nous ne l’avions pas formalisée plus avant mais nous avions travaillé sur les conditions d’incarcération. C’est un sujet démocratique. Il est impensable pour les citoyens que les prisons ne constituent plus une entrave pour les narcotrafiquants », précisait, la semaine dernière, Jérôme Durain, sénateur socialiste, président de la commission d’enquête sur le narcotrafic, et cosignataire avec le rapporteur Etienne Blanc (LR), de la proposition de loi qui sera examinée le 28 janvier à la chambre haute.

Actuellement, 17 000 personnes sont détenues pour des faits liés au trafic de stupéfiants et à la criminalité organisée, selon lui, dont « au moins un millier » considéré comme « particulièrement dangereux ».

« Une très grande partie […] ont une surface financière importante, des complicités haut placées et désormais une violence totalement désinhibée, comme l’a démontré le drame d’Incarville le 14 mai dernier », a souligné Gérald Darmanin. Deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres blessés lors de l’attaque ultraviolente de leur fourgon au péage d’Incarville (Eure) pour libérer Mohamed Amra. Ce narcotrafiquant, soupçonné d’avoir commandité des meurtres alors qu’il était en détention, est toujours recherché, ainsi que ses complices.

« Changement radical »

Pour le ministre, « il y a encore beaucoup d’efforts à faire » pour qu’une nouvelle affaire Amra ne se reproduise pas, la dangerosité croissante de certains exigeant « un changement profond et radical du fonctionnement de l’administration pénitentiaire », à commencer par la différenciation des établissements.

Estimant que l’état général des prisons n’est « pas digne d’un pays comme la France », avec « 4 000 matelas par terre » et des détenus mélangés « selon, non pas leur dangerosité, mais leur arrivée devant la justice », Gérald Darmanin a également annoncé le doublement, d’ici 2027, des places de semi-liberté pour éviter à leurs bénéficiaires les cellules surpeuplées.

« C’est-à-dire 3 000 places que nous construirons dès la fin de cette année, en rénovant complètement les constructions et les cahiers des charges des lieux pénitentiaires », a-t-il précisé, appelant à écouter davantage les élus locaux « prêts à accueillir des lieux privatifs de liberté mais pas toujours des prisons pour personnes extrêmement dangereuses ».

Parmi les autres mesures annoncées, une mission sera lancée pour que l’administration pénitentiaire puisse organiser, en lien avec les préfectures, l’expulsion des personnes étrangères définitivement condamnées. « Il n’y a pas de raison que les personnes de nationalités non françaises restent dans nos lieux de détention », a déclaré Gérald Darmanin en rappelant que, « selon les normes » de l’UE, les détenus européens devraient déjà purger leurs peines dans leur pays d’origine.

L’ancien ministre de l’Intérieur a également annoncé la création, en 2026, d’une « police pénitentiaire » qui sera « la troisième force de sécurité intérieure » du pays, en plus de la police et de la gendarmerie. Une réflexion sera parallèlement engagée pour « recréer » une inspection générale de l’Administration pénitentiaire.

Enfin, le nombre d’élèves formés à l’Enap va augmenter, selon l’école, avec désormais deux promotions de 800 chaque année et une formation qui passera de six à huit mois.

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