Avec les municipales de 2020, la moitié des plus grandes villes de France va être dirigée par des femmes. On en compte 5 sur 10. C’est la parité et c’est une première sous la Ve République.
Alors que Martine Aubry, Anne Hidalgo et Johanna Rolland ont été réélues à Lille, Paris et Nantes, les mairies de Strasbourg et Marseille (quelle que soit la gagnante entre l’écologiste Michèle Rubirola et la candidate LR Martine Vassal) verront une femme à leur tête dans quelques jours.
C’est l’écologiste Jeanne Barseghian qui a ravi la ville de Strasbourg avec 41,70 % des suffrages face au candidat LREM Alain Fontanel (34,06%).
À Biarritz, c’est la candidate LR Maider Arosteguy qui l’a emporté avec 50, 22% des voix. Après sa victoire, elle a déclaré sur France 3 : « C’est une immense émotion d’être la première maire de Biarritz ».
Car rappelons-le, des villes comme Biarritz, Besançon, Périgueux ou Marseille n’avaient jamais été dirigées par une femme jusqu’à aujourd’hui.
« C’est déjà une satisfaction de voir que les femmes ne sont pas cantonnées aux petites communes, là où finalement le pouvoir est moins important » nous explique Annick Billon, sénatrice centriste de la Vendée et présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. « Mais on n’a pas été assez loin dans ces statistiques puisqu’on s’étonne et on se félicite encore aujourd’hui de voir des femmes à la tête de grandes villes ; donc cela veut dire qu’il nous reste encore du chemin à faire (…) Cela montre que l’on n’est pas encore tout à fait calé sur la parité et l’égalité homme-femme ».
« Un plafond de verre » pour les femmes ?
Cette parité dans les 10 plus grandes villes de France, une raison de se réjouir pour la sénatrice socialiste de l’Oise, Laurence Rossignol ? Pas plus que ça non plus. Car l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes se demande si tout cela ne cache pas « un plafond de verre » pour les femmes en politique : « Il y a un décalage entre le nombre de femmes élues dans des grandes villes, leur capacité à diriger des grandes villes et des coalitions et leur marginalité dans l’exercice du pouvoir central. Je rappelle toujours que le président de la République, le Premier ministre, le président de l’Assemblée, le président du Sénat, le président du groupe en Marche, le secrétaire national du groupe en Marche, tout ça c’est des hommes ».
« Il ne faut pas que le pouvoir local soit l’espace réservé pour les femmes et que le pouvoir central continue d’être, comme il est aujourd’hui, masculin ».
Un arbre qui cache la forêt
Si la parité existe maintenant dans les 10 plus grandes villes de France, on en est encore très loin sur l’ensemble du pays : « A l’arrivée, sur le total des 36 000 communes, des intercommunalités et des exécutifs, on s’apercevra que la situation des femmes n’a pas spectaculairement progressé même si on voit beaucoup de femmes qui ont gagné, y compris des petites communes, des communes moyennes (…) En pourcentage on est quand même loin de la parité, sur le total des femmes maires » estime Laurence Rossignol.
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 17 % des maires étaient des femmes en France en 2019.