Municipales : LREM penche à droite face à la poussée verte

Municipales : LREM penche à droite face à la poussée verte

Force centrale du premier tour, les Verts pourraient ravir plusieurs grandes villes au soir du 28 juin. En face, LREM semble avoir trouvé son allié naturel pour peser dans les futurs conseils municipaux : Les Républicains. Une stratégie locale à rebours de la deuxième partie du quinquennat d’Emmanuel Macron, annoncée plus sociale et écologique.
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Alors que sont déposées, ce mardi, les listes pour le second tour des élections municipales de quelque 5 000 communes, un clivage de « l’ancien monde » se dessine dans les grandes agglomérations. À Bordeaux, Toulouse ou encore Lyon, LREM a choisi de s’allier avec LR face aux listes de gauche conduites par les écologistes. « C’est un caillou dans le jardin de l’imaginaire macronien : ‘ni de gauche ni de droite’. Dans les grandes villes, le Rassemblement national est faible et la vie politique est polarisée entre un bloc de gauche et un bloc de droite » analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

À Bordeaux, le candidat LREM, Thomas Cazenave a rallié la liste du maire sortant LR, Nicolas Florian, proche d’Alain Juppé et de François Bayrou, face au candidat écologiste arrivé en tête au premier tour, Pierre Hurmic. À Toulouse, le maire sortant LR, soutenu par LREM, Jean-Luc Moudenc est en ballottage défavorable face à une liste de rassemblement de la gauche « Archipel citoyen » mené par l’écologiste Antoine Maurice.

Accord de dernière minutes à Strasbourg, où le candidat LR, Jean-Philippe Vetter a fait alliance avec Alain Fontanel (LREM) rapporte le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace.

« Si l’accord LREM/LR fonctionne à Lyon, on devra tous se poser des questions »

L’exemple peut-être le plus emblématique du décalage entre la réalité de terrain et les déclarations de principes venues d’en haut se trouve à Lyon, où le maire sortant, investi par LREM, Gérard Collomb a vu son accord avec la droite locale, contre deux candidats écologistes (à la métropole et à la ville), dénoncé par le parti présidentiel (voir notre article). « Lyon a toujours été un cas un peu à part avec des gestions successives qui ont toujours dépassé les clivages classiques. Mais quand même, si au soir du 28 juin, on voit que cet accord a fonctionné auprès des électeurs alors on devra tous se poser des questions. Au premier lieu, les dirigeants d’En Marche et le président de la République qui voulait aborder la deuxième partie de son quinquennat en laissant une large place à l’écologie » observe le sénateur des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi.

Toutefois, pas question pour l’ancien ministre des Relations avec le Parlement de faire entrer LREM dans le bloc de droite. « Dans l’immense majorité des communes, il n’y a pas eu d’accord LR/LREM. À Paris, Rachida Dati l’a refusé. C’est plutôt la gauche qui a profité de cette longue période d’entre deux tours pour faire des exercices d’assouplissements afin de préserver ce qui reste après avoir beaucoup perdu au premier tour. Comme à Toulouse où l’inquiétude du candidat LR (soutenu par LREM NDLR) c’est cette liste (Archipel citoyen NDLR) qui intègre une extrême gauche assez brutale ».

François Patriat : « Ça ne préjuge en rien pour l’avenir »

Ne prenez pas l’exemple des municipales pour dire à François Patriat, patron des sénateurs LREM, que le » ni droite ni gauche » ne fonctionne pas. « Bien sûr, nous restons ni de droite, ni de gauche. N’oublions pas qu’en période de crise, les électeurs choisissent la stabilité. D’un côté vous avez des maires sortants qui représentent le socialisme municipal qui existe depuis le temps de la SFIO et de l’autre des bastions de la droite. Au soir du second tour, les deux vont revendiquer l’existence de ce clivage. Nous, nous ne sommes pas structurés comme un parti, c’est un autre choix qui a été fait. Nous avons fait 13% des voix au premier tour, ce n’est pas si mal. Ça ne préjuge en rien pour l’avenir ».

« Ce qui se dessine pour le second tour, c’est qu’on observe dans les enquêtes d’opinion depuis un an et demi » note pourtant Frédéric Dabi au sujet de la porosité de l’électorat LR et LREM.

David Cormand, député européen et ancien secrétaire national EELV,  note ni plus ni moins une « union des droites » dans les coalitions du second tour. « Les masques tombent. Les listes LREM fusionnent presque systématiquement avec la droite. À Lyon, le berceau du macronisme de gauche, c’est encore plus révélateur. Le socialisme local a dérivé vers LREM et maintenant vers la droite. On voit bien de quel côté descend le toboggan idéologique ».

La gauche dispersée à Lille

De l’autre côté de l’échiquier politique la gauche ne fait pas toujours front commun. Comme à Lille où l’on s’oriente vers une triangulaire. La liste conduite par Martine Aubry n’a pas trouvé d’accord avec les écologistes face à la candidate LREM, Violette Spillebout. « EELV n’a pas accepté la main tendue qui ne pouvait pas se limiter à un accord arithmétique. La responsabilité en politique consiste à placer au-dessus de tout l’intérêt général, la solidarité, la transition écologique juste » a tweeté le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner, soutien de Martine Aubry.

« Martine Aubry, comme les socialistes de sa génération, a une vision hégémonique qui consiste à considérer les écologistes comme acceptables s’ils ne sont que des supplétifs » lui répond indirectement David Cormand.

À Strasbourg la gauche arrive également en ordre dispersé, la socialiste Catherine Trautmann et l’écologiste, Jeanne Barseghian, ne sont pas parvenues à trouver un accord.

Dernière inconnue du scrutin et non des moindres, la participation. Avec un niveau d’abstention record de 56% au premier tour, pour chaque formation politique l’enjeu sera la mobilisation dans la période d’entre deux tours la plus longue de la Ve République.

 

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