Les Républicains choisissent mercredi soir leur candidate pour la bataille de Paris, investiture pour laquelle Rachida Dati est donnée ultra-favorite, même si ravir la mairie à la gauche s'annonce compliqué pour une droite affaiblie et divisée.
Mercredi dès 18H00, les deux candidates, Rachida Dati, maire du VIIe arrondissement, et Marie-Claire Carrère-Gée, conseillère LR du XIVe arrondissement et présidente du groupe LRI (Les Républicains et indépendants), passeront chacune leur tour devant les membres de la commission pour exposer leurs motivations en vue des municipales de mars 2020.
"Le choix de la CNI (Commission nationale d'investiture) ne va pas être difficile à prendre à Paris", se réjouit une proche de Rachida Dati auprès de l'AFP. La droite n'a "pas d'autre choix", assure un autre responsable LR, sous couvert d'anonymat: "On a essayé de chercher Baroin, Pécresse devait y aller, Calmels et Douste-Blazy on y a pensé... Tout le monde a décliné. On a même pensé à Sarkozy..."
Ancienne Garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Mme Dati est fréquemment décrite comme "pugnace mais clivante". Pour la présidente de la fédération parisienne LR, Agnès Evren, elle "veut l'investiture LR à un moment où personne n'en veut".
Reste un hic, selon de nombreux cadres du parti: "Elle a un vrai problème conjoncturel avec le risque d'être mise en examen", dit ce responsable LR qui évoque une "fillonite aigüe".
Rachida Dati est en effet visée par une enquête pour "abus de biens sociaux" et "corruption" du Parquet national financier (PNF). Elle porte sur des prestations de conseils conclues notamment par l'élue avec la filiale néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan, RNBV. Fin octobre, des perquisitions ont été menées dans le bureau et le domicile de la maire du VIIe arrondissement, qui nie toute irrégularité.
"Le PNF n'en a rien à faire du calendrier politique, au contraire, ça le fait saliver", estime un élu parisien, soucieux de "ne pas revivre 2017" lorsque François Fillon, plombé par le "Penelope Gate" a échoué à qualifier la droite pour le second tour de la présidentielle.
Mais quand les élus s'en émeuvent auprès des cadres du parti, "on a l'impression que c'est un sujet tabou; on nous explique que c'est un complot".
- Convaincre les barons -
Malgré tout, Rachida Dati reste l'ultra favorite pour endosser la candidature LR. Reconquérir Paris sera une autre paire de manches. Dans un sondage publié mi-septembre, elle n'arrive qu'en quatrième position avec 14%, derrière une liste de la majorité municipale menée par Anne Hidalgo (24%), Benjamin Griveaux (17%, LREM) et Cédric Villani (15%, dissident).
Pour la droite parisienne, l'époque des deux grands chelems de Jacques Chirac est loin, et la déroute aux élections européennes (8,48% des voix le 26 mai) a fini de précipiter la défection de barons parisiens, déjà secoués au lendemain des législatives de 2017 où des députés LREM avaient raflé des sièges dans des circonscriptions qu'on pensait acquises à la droite.
"L'équation va être compliquée mais l'enjeu est la survie de la droite à Paris", annonce franchement une responsable LR.
"LR risque d'être rayé de la carte. On peut perdre tous les arrondissements", ajoute un élu.
Face à cette menace, la stratégie est claire: "On présentera des candidats dans chacun des 17 secteurs. Ceux qui soutiendront Dati seront investis, les autres auront un candidat LR en face", prévient Mme Evren.
Quelle sera alors "l'attitude des maires sortants dans les XVe, XVIe et XVIIe ?", s'interroge quant à lui François-David Cravenne, premier vice-président du groupe Les Républicains et Indépendants au Conseil de Paris.
Si l'ancien maire du XVIe arrondissement, Claude Goasguen, et Rachida Dati sont tombés d'accord après s'être violemment écharpés, d'autres élus ne sont pas revenus dans le rang.
"Il faut s'affranchir des postures partisanes nationales", plaide le maire du XVe Philippe Goujon, convaincu que "pour gagner à Paris, il faut créer un rassemblement large et rassembler les électeurs de la droite, du centre, aller pourquoi pas jusqu'au centre gauche".