Candidat malheureux à l'investiture LREM à la mairie de Paris, Cédric Villani a décidé de se présenter en dissident aux municipales dans la capitale, un choix politique loin d'être inédit mais qui n'a réussi qu'à Jacques Chirac.
- 1977: l'élection du dissident Chirac -
En 1975, le Parlement approuve une réforme du statut de Paris - idée du président Giscard d'Estaing - qui prévoit l'élection d'un maire et de mettre fin à l'exception de la capitale, administrée jusqu'alors par l'Etat. Une rampe de lancement idéale pour l'ancien Premier ministre Jacques Chirac. Peu après avoir créé un nouveau parti -le RPR- l'élu de Corrèze se déclare candidat en janvier 1977, consommant sa rupture avec VGE.
Deux mois plus tard, Jacques Chirac est élu maire de Paris, contre Michel d'Ornano, ministre de l'Industrie et maire de Deauville (Calvados), candidat des Républicains indépendants et soutenu par la majorité présidentielle.
Il reste à l'Hôtel de ville pendant 18 ans, jusqu'en 1995, auteur d'un "grand chelem" dans les 20 arrondissements en 1983 et 1989. Il y construit sa machine de conquête du pouvoir qui le mènera jusqu'au sommet de l'Etat de 1995 à 2007.
- 2001: une brèche pour la victoire de la gauche -
Le 6 avril 1998, l'ancien garde des Sceaux RPR Jacques Toubon, fidèle du président Chirac, se lance dans une guerre ouverte avec l'édile d'alors, Jean Tiberi (RPR). Le maire du XIIIe crée le 6 avril un groupe dissident (P.A.R.I.S.: Paris, audace, rénovation, initiatives, solidarité) au Conseil de Paris, regroupant 33 élus RPR-UDF, pour tenter de renverser Jean Tiberi, déjà menacé par des affaires. Fin juillet, sommé par la direction du RPR de dissoudre ce groupe, sous peine d'exclusion, Jacques Toubon renonce à Paris et rentre dans le rang.
Trois ans plus tard, la candidature de l'ex-président du RPR et ancien ministre Philippe Séguin, investi par le parti, se solde par un échec. M. Séguin, parachuté à Paris, se voit concurrencé par le maire sortant Jean Tiberi, candidat à sa propre succession. Le 12 octobre 2000, Jean Tiberi est exclu pour candidature dissidente. Au nom de la non-ingérence dans les affaires municipales parisiennes, le président Chirac ne départage pas les frères ennemis. Une situation qui a contribué à la défaite de la droite face au socialiste Bertrand Delanoë.
- 2008: multiples contestations à l'UMP -
L'UMP parisienne est plombée par de multiples dissidences contre la candidate UMP (qui succède au RPR) à la mairie de Paris Françoise de Panafieu. Désignée en 2006 par les primaires, la députée-maire du XVIIe est devenue chef de file, après une élection contestée au sein de son propre camp et le retrait de Claude Goasguen, président du groupe UMP au Conseil de Paris, pour le second tour.
Aux municipales, les listes dirigées par Mme de Panafieu sont battues très largement par celles du maire sortant PS Bertrand Delanoë qui a dépassé 57%.
La gauche, sans réussir à récupérer l'un des arrondissements détenus par l'UMP, obtient la majorité absolue, soit le meilleur score qu'elle ait jamais fait dans la capitale.
- 2014: la fronde contre NKM -
La candidate de l'UMP, entrée en lice après les primaires, Nathalie Kosciusko-Morizet fait face à de multiples dissidences dans les arrondissements parisiens. Au point qu'en décembre 2013, l'UMP doive mettre de l'ordre dans ses rangs parisiens en prononçant la suspension de 16 candidats dissidents.
Le même mois, le secrétaire national de l'UMP Charles Beigbeder entre lui aussi en dissidence après son éviction de la deuxième place dans le VIIIe, qui lui garantissait son entrée au Conseil de Paris. L'entrepreneur (divers droite), proche du président Jean-François Copé, constitue un mouvement "Paris Libéré" et lance des listes de droite présentes dans 15 arrondissements parisiens, ce qui lui vaut son exclusion de l'UMP.
Candidat dans le VIIIe, Charles Beigbeder est battu au second tour. Déroute également pour la tête de liste du parti NKM, battue largement par la socialiste Anne Hidalgo (53,34% des voix).