Révélation des élections européennes, le Parti animaliste entend continuer sur sa lancée lors des municipales de mars 2020. Des alliances au cas par cas sont possibles mais avec un impératif non négociable: "le bien-être animal".
En obtenant 2,2% des voix, le mouvement n'a certes pas réussi à atteindre le seuil des 5% nécessaire pour obtenir un eurodéputé au soir du 26 mai. Mais il a fait pratiquement aussi bien que le Parti communiste et l'UDI et bien mieux que Lutte ouvrière ou les listes anti-UE de Florian Philippot et François Asselineau.
Fort de ce succès, le parti présentera en mars des listes indépendantes. "Nous avons reçu des centaines de candidatures", confirme à l'AFP Isabelle Dudouet-Bercegeay, cofondatrice et coprésidente du parti.
Le mouvement animaliste "a acquis une certaine légitimité, notamment dans les médias", explique Daniel Boy, directeur de recherche au Cevipof de Sciences Po et spécialiste de l'écologie politique. "Entre les prises de parole (du journaliste et militant antispéciste) d'Aymeric Caron à des heures de grande écoute et l'action de L214 (association qui diffuse des vidéos de violences en abattoirs), ça a pris de l'ampleur".
Onzième force politique française le 26 mai, le parti n'entend pas profiter de sa nouvelle notoriété pour former des alliances à tout prix. "Notre objectif, ce n'est pas d'avoir des sièges pour avoir des sièges", assure Mme Dudouet-Bercegeay, stipulant que "le seul critère" qui pourra présider à d'éventuelles alliances "sera le bien-être animal".
"Ca fait dix ans que le bien-être animal fait partie de nos programmes", rétorque Sandra Regol, porte-parole d'EELV, qui assure que, du côté des Verts, "la porte est ouverte" à des alliances au cas par cas.
Pour Mme Dudouet-Bercegeay, une "condition sine qua non": que figure dans le programme la création d'une délégation à la protection animale.
"Beaucoup de choses peuvent être faites à l'échelle communale", rappelle-t-elle: stérilisation des chats errants, repas végétariens dans les cantines ou encore interdiction des cirques avec animaux, comme cela a déjà été fait dans de nombreuses communes dont Montpellier et Ajaccio.
- "Pas la roue de secours" -
Des mesures que Stéphane Lamart, candidat à l'investiture du parti à Fresnes (Val-de-Marne), entend bien défendre pendant la campagne, ainsi que la création d'un parc pour chiens et le relogement du refuge pour chats de la ville.
Lui aussi soutient des alliances pragmatiques: "Si on fait une alliance, il ne faudra pas qu'on soit la roue de secours", dit-il à l'AFP. M. Lamart s'était fait connaître, fin mai, en réunissant plus de 160.000 signataires contre le festival de la viande de chien de Yulin, en Chine.
Pour le financement, le parti dit compter sur ses 4.000 adhésions payantes et sur les 60.000 euros qu'il reçoit annuellement de l'Etat, conséquence de ses scores aux législatives de 2017. Et ce malgré une amende annuelle de 30.000 euros pour n'avoir, lors de ces élections, pas respecté la parité en présentant plus de femmes que d'hommes.
A six mois du scrutin municipal, les animalistes sont sans plan d'action précis pour mener campagne. "Aux européennes, on avait vraiment fait un peu de tout", se souvient Mme Dudouet-Bercegeay: tractage sur les marchés, participation à des manifestations de défense des animaux et apparitions dans des médias avaient permis de faire connaître le parti.
Mais c'est surtout l'affiche choisie, sur laquelle un chien fixait, implorant, les passants, qui avait marqué nombre d'électeurs, dont un certain nombre de déçus de la politique: "Beaucoup de nos électeurs sont d'anciens abstentionnistes", assure Mme Dudouet-Bercegeay. "Les partis traditionnels, je ne m'y retrouve pas, comme de nombreux Français", abonde Stéphane Lamart.
"Il n'y a pas de raison qu'on ne remporte pas quelques communes", martèle-t-il, confiant. "Ce que l'on souhaite, c'est bien sûr avoir des élus", complète Mme Dudouet-Bercegeay.
Daniel Boy s'attend surtout à "des scores de témoignage, quelques pourcents, pas plus". Pour lui, l'objectif du parti est ailleurs: les fondateurs du parti "veulent l'accès aux médias" pour "faire infléchir la réglementation, obtenir des politiques publiques plus favorables".