La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Municipales : le fruit de la division s’installe chez LREM
Par Public Sénat
Publié le
Il a ouvert la voie. En déclarant sa candidature à la mairie de Paris, malgré l’investiture officielle reçue par Benjamin Griveaux, Cédric Villani va-t-il faire des émules à La République En Marche ? C’est toute la question et l’enjeu qui se posent pour le parti présidentiel, en vue du scrutin de mars 2020. Si le paysage est encore loin d’être figé, les tensions existent dans plusieurs autres villes. Certaines pourraient voir deux candidats issus de la majorité présidentielle se lancer.
« Il n’y aura pas d’autres dissidences qui seront tolérées »
« Je ne pense pas qu’il y aura tant de dissidences que ça. Il faut avoir des équipes » minimise François Patriat, président du groupe LREM. Difficile d’imaginer que le cas Villani ne laissera pas de traces. Mais à Paris, il s’agit de ne pas insulter l’avenir. Le sénateur de Côte d’Or justifie ainsi sa non exclusion : « Paris est une situation d’exception, ce n’est pas la France, c’est une élection dans l’élection. Hier soir, au bureau exécutif, on n’a pas exclu Cédric Villani à la demande de Benjamin Griveaux. Il pense toujours qu’il arrivera à discuter avec Cédric, et qu’au bout du compte, la raison l’emportera » lâche François Patriat. Le sénateur LREM Alain Richard, co-président de la commission nationale d’investiture (CNI), avait dans un premier temps parlé de l’exclusion « probable » du mathématicien. Aujourd’hui, il se borne à dire que « nos statuts restent en vigueur et ce sont des décisions du bureau exécutif », ajoutant que « ce n’est pas une exclusion, c’est un constat de mise hors du mouvement ».
Malgré l’imbroglio parisien, LREM aimerait dissuader d’autres velléités potentielles. François Patriat prévient : « Il n’y aura pas d’autres dissidences qui seront tolérées ». Pour les députés, la menace de perdre l’investiture du parti pour les législatives de 2022 est brandie aujourd’hui. « S’il y a des dissidences, je pense que le mouvement réagira. Dans les autres villes, c’est différent. Les parlementaires qui auront des volontés de dissidence, de facto, ils se mettront hors du parti. Et en créant des dissidences par des égo surdimensionnés, ils hypothèquent demain leur avenir parlementaire… » met en garde le président du groupe LREM au Sénat, qui avait participé aux investitures en 2017. Reste que plusieurs cas pourraient poser problème et doivent être démêlés.
Dans les grandes villes, tout n’est pas encore tranché
Dans les grandes villes, tout n’est pas encore tranché. A Marseille, plusieurs candidats sont sur les rangs : le député LREM Saïd Ahamada et le président de l’université d’Aix-Marseille, Yvon Berland. A moins que l'architecte Corinne Vezzoni, départage les deux hommes.
A Lyon, le maire Gérard Collomb et le président de la métropole de Lyon, David Kimelfeld, n’ont pas réussi jusqu’ici à s’entendre. Mais la tension semble être redescendue à la rentrée. L’ancien ministre de l’Intérieur aimerait récupérer la métropole et propose de laisser la main à mi-mandat. Pas question pour David Kimelfled.
A Lille, LREM échappe à la dissidence. Mais pour l’union, on repassera. Le parti a investi une ex-socialiste, Violette Spillebout, ancienne directrice de cabinet de Martine Aubry. La députée LREM Valérie Petit, qui briguait aussi l’investiture, a clairement annoncé qu’elle ne la soutiendra pas. Le week-end dernier, elle s’est même fait le plaisir de s’afficher aux côtés de Martine Aubry pour la braderie de Lille…
A Bordeaux, l’investiture de Thomas Cazenave, est mal passée. Elle s’est faite au détriment du maire sortant et dauphin d’Alain Juppé, Nicolas Florian. Ce dernier est aussi un proche du premier ministre Edouard Philippe. Et son premier adjoint est Modem
A Nice, le parti devra choisir entre soutenir le maire sortant Christian Estrosi, qui s’est montré, avec plus ou moins de constance, Macron-compatible, ou présenter sa propre liste. Le député LREM Cédric Roussel est bien décidé à obtenir l’investiture.
« L’erreur majeure d’En Marche, c’est de politiser les municipales »
Dans d’autres villes, la division s’installe. A Besançon, l’investiture a été donnée au député LREM Eric Alauzet. Mais Alexandre Cordier, la référente départementale, la conteste et veut se lancer. Elle a le soutien du maire sortant LREM Jean-Louis Fousseret.
A Montpellier, si le parti soutient le maire sortant, Philippe Saurel, le député LREM Patrick Vignal (qui n’a pas de lien avec l’auteur de ces lignes, ndlr) ne l’entendra pas de la sorte. « Vous avez aimé Villani ? Vous allez adorer Vignal ! », déclare au Monde le député de l’Hérault, prêt à y aller.
A La Baule, lors de l’université d’été des LR, Franck Louvrier, qui brigue la mairie, s’amusait de la situation. « Un marcheur peut en cacher un autre », lançait avec le sourire l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. C’est un avocat, responsable pédagogique à Sc-Po Paris, Jean-Yves Gontier, qui a reçu l’investiture LREM. Mais la députée Sandrine Josso, qui a quitté LREM en juin, a annoncé sa candidature au nom du centre. Pour compliquer le tout, Franck Louvrier a sur sa liste des marcheurs qui ont été exclus… « L’erreur majeure d’En Marche, c’est de politiser les municipales. Ils en arrivent à avoir des dissidences car leurs candidats sont désignés par la CNI. Quand vous désignez un candidat depuis Paris dans une ville de 16.000 habitants comme La Baule, c’est une erreur » estime Franck Louvrier.
A Tours, pas simple non plus entre le maire sortant, Christophe Bouchet, un divers droite Macron compatible proche de Christophe Bechu, le maire d’Angers, et Benoist Pierre, soutenu par le député LREM de Tours, Philippe Chalumeau.
Divisions aussi avec le Modem
On le voit, les difficultés ne se limitent pas à LREM. Elles viendront aussi des partenaires de la majorité présidentielle. « Ce qui m’inquiète, c’est que le Modem et LREM puissent vraiment marcher ensemble. Il faut discuter pour trouver un bon accord avec le Modem » glisse François Patriat. Alain Richard parle lui d’un « travail méthodique en lien avec tous nos partenaires ». De quoi régler la question à Rennes par exemple ? Carole Gandon y a été investie par LREM, quand Pierre Breteau l’est par le Modem. Les discussions continuent entre eux.
A Clermont-Ferrand, LREM a investi Eric Faidy. Sauf que les instances nationales du Modem ont désigné Michel Fanget comme « chef de file »… L’élu centriste demande un arbitrage national entre les partis partenaires. Au début de l’été, un ministre Modem appelait LREM à « ne jamais être hégémonique, ni arrogant », ni à se précipiter. « Il faut laisser décanter ». Pas trop longtemps, sinon ça risque de pourrir.