Municipales: l’exception Verneuil-Grand, une petite Belgique en Meuse
"Quelle est la différence entre un Belge et un Français à partir du moment où l'on vit dans le même village?": Verneuil-Grand (Meuse), tout près...
Par Murielle KASPRZAK
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"Quelle est la différence entre un Belge et un Français à partir du moment où l'on vit dans le même village?": Verneuil-Grand (Meuse), tout près de la frontière, est la seule commune du pays à compter plus d'élus étrangers que de Français: les Belges y sont majoritaires au conseil municipal.
"Heureusement qu'ils sont là, sinon je n'aurais pas bouclé ma liste!", s'esclaffe le maire (SE) Daniel Dieu, dont l'équipe municipale se compose de sept Belges et trois Français.
L'agriculteur à la retraite, âgé de 63 ans, a eu l'idée, pour le scrutin de 2001, de solliciter les ressortissants belges, qui, en tant que citoyens européens, peuvent siéger au conseil municipal.
Ainsi, en France quelque 2.500 Européens siègent dans les municipalités, soit 0,5% des 495.000 élus.
"C'était un défi assez mal perçu (des administrés), mais j'ai passé toute ma liste dès le premier coup" face au maire sortant, poursuit M. Dieu.
"La surprise était d'être élu au premier tour, personne ne nous connaissait !", souligne Christophe Maertens, 48 ans. Ce docteur en chimie venait juste de s'installer dans le village de 208 habitants, dont 70 Belges, où d'anciennes bâtisses côtoient des maisons modernes.
Dans les années 1990, de nombreux Belges se sont installés en Meuse, de l'autre côté de la frontière, pour bénéficier des prix de l'immobiliser plus attractifs et d'un avantage fiscal leur permettant jusqu'en 2010 de payer en France leurs impôts, moins élevés qu'en Belgique. Plusieurs communes meusiennes ont ainsi des conseillers municipaux belges.
"On a un rôle à jouer, on peut être utile", souligne M. Maertens, qui voyage beaucoup pour son travail mais trouve toujours le temps d'être présent aux conseils municipaux.
- "Ils ont de bonnes idées" -
"Ils ont bousculé le système, ils ont pensé à des choses auxquelles on ne pensait pas. Ils ont de bonnes idées et comme ce sont presque tous des ingénieurs, ils apportent leur expertise", ajoute le maire.
Mayor of Verneuil-Grand and candidate for re-election Daniel Dieu (C) poses with Belgian (L) and French (R) members of his municipal council outside the town hall of Verneuil-Grand, north-eastern France, near the border with Belgium, on February 26, 2020, ahead of March 2020 mayoral elections in France. Verneuil-Grand is the only municipality in France with more foreign elected representatives than French citizens: Belgians are a majority on the municipal council. Dieu solicited Belgian nationals for the 2001 election, whom, as European citizens, can sit on the municipal council.
AFP
Les premiers pas des voisins du "plat pays" dans la vie municipale se sont déroulés sans accroc.
"Les Français sont minoritaires au conseil, mais on n'y a jamais pensé", assure M. Dieu qui loue l'implication de ses conseillers belges dans le village. Ces derniers ont découvert, effarés, "la lourdeur administrative".
"Le système administratif me paraît extraordinairement compliqué", observe Patrick Dupont, ingénieur polytechnicien de 48 ans, élu depuis 2001. Celui-ci souligne, moqueur, qu'"il faut une facture d'électricité pour tout!".
L'arrivée à la mairie des Belges a aussi permis d'apaiser les vieilles querelles entre des familles du village. "Ils ne connaissaient pas les anciennes rancoeurs des vieilles personnes et on est parvenu à avoir un village rassemblé", explique le maire.
Parmi les habitants, la présence majoritaire de Wallons à la mairie laisse indifférent.
- Echanges incessants -
"Belges ou Français, c'est pareil. Plus personne ne voulait aller au conseil, il fallait bien trouver quelqu'un", constate Roland Nave, 57 ans, qui s'est marié et travaille de l'autre côté de la frontière.
"Ils font vivre le village, ils paient leurs impôts ici, ils ont les mêmes droits que nous !", complète sa voisine, Claire-Line Nave, 40 ans, après une séance de natation avec ses enfants... en Belgique.
Dans cette région appelée la Gaume, à cheval sur la Belgique et la France, les mariages mixtes sont fréquents et les échanges incessants.
A Verneuil-Grand, rares sont les actifs travaillant en France: quasiment tous changent de pays chaque jour pour exercer leur métier. Les enfants sont scolarisés en Belgique, au grand dam du maire, les jeunes vont y faire la fête et leurs études.
Lors de la victoire de la France face à la Belgique en demi-finale de la Coupe du monde de foot en 2018, "c'était assez chaud", se souvient Daniel Dieu. "Certains ont gardé quand même quelques petites rancoeurs. Mon épouse est belge, c'était très tendu", glisse-t-il dans un sourire.
Pour le prochain scrutin, la liste de Daniel Dieu, la seule, se compose de six Belges et cinq Français. "On perd un Belge, mais ils restent majoritaires", souligne-t-il.
Le maire espère une évolution des droits civiques des citoyens européens, qui ne peuvent être ni maire ni adjoint, et ne votent que pour les élections municipales et européennes.
"Ils râlent car ils doivent tenir le bureau de vote pour les législatives et la présidentielle", sans pouvoir glisser de bulletin dans l'urne, "alors qu'ils paient leurs impôts en France", observe-t-il.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.