Ambiance électrique pour la première séance de questions d’actualité au Sénat de Christophe Castaner dans ses nouveaux habits de ministre de l’Intérieur. Interpellé par Philippe Dallier, sénateur (LR) de la Seine Saint-Denis, sur la mort d’un mort d’un collégien de 13 ans aux Lilas ce week-end, lors d’une rixe entre deux bandes, le nouveau locataire de la place Beauvau a fait sortir de ses gonds la droite sénatoriale.
Choqué par la mort de cet enfant de 13 ans à coups de barres de fer, le vice-président du Sénat s’est tourné vers le Premier ministre, qui avait reçu les parlementaires de la Seine-Saint-Denis le 26 septembre. « Vous nous avez écoutés. Nous attendons des mesures fortes. Est-ce que vous nous avez entendus ? »
« Et si ce gamin avait été le nôtre ? »
« Et si ce gamin avait été le nôtre ? Et si nous vivions dans l’un de ses territoires bientôt perdus de la République, serions-nous à l’abri de vivre un tel drame ? » s’est exclamé Philippe Dallier.
Drame aux Lilas : « Et si ce gamin avait été le nôtre ? » s'exclame Philippe Dallier
« Et si ce gamin avait été le nôtre ? » s'exclame Philippe Dallier
C’est finalement le successeur de Gérard Collomb qui saisit le micro. « Il nous faut agir à tous les niveaux », précise Christophe Castaner, qui s’est lancé dans une série de chiffres. 92 bandes organisées. 218 affrontements l’an dernier. Après avoir insisté sur la nécessité de « mobiliser » les services de renseignement et d’assurer une « réponse judiciaire », le ministre rappelle la droite à ses responsabilités :
« Après la suppression de 12.000 policiers et gendarmes en France, après le démantèlement de nos services d’information, nous nous sommes engagés, le gouvernement de la mandature précédente et ce gouvernement actuel, à recruter 10.000 policiers supplémentaires qui m’ont été demandés ce matin par les élus locaux ».
« Je suis sidéré par votre réponse »
Philippe Dallier cache difficilement son émotion, lorsque Christophe Castaner rappelle les conditions dans lesquelles l’adolescent a perdu la vie, avant de manifester quelques signes d’agacement et d’impatience sur son fauteuil. Quand vient sa réplique, il explose :
« Je suis sidéré par votre réponse parce que vous n’avez pas compris le sens de ma question et je crains que vous n’ayez pas compris ce qui se passe dans ces territoires (…) Et vous venez d’être nommé ministre de l’Intérieur alors je m’inquiète ! »
« Des ministres on en a vu défiler dans ce département, on n’en peut plus des ministres ministérielles, on a besoin de réponses », a-t-il poursuivi.
Après le sénateur LR, c’est autour de son collègue socialiste Gilbert, représentant le même département, d’aborder ce tragique fait-divers à son tour et d’apostropher le ministre. « Merci d’avoir posé votre question avec la sagesse nécessaire à ce problème qui préoccupe chacun, parce qu’en faire un sujet de politique politicienne ne me semble pas la meilleure façon d’agir », commence Christophe Castaner.
Il n’en fallait pas plus pour que Philippe Dallier décide de quitter l’hémicycle, immédiatement suivi par le président de groupe Bruno Retailleau, et l’ensemble du groupe. Christophe Castaner a fini sa question avec les bancs de la droite quasiment vidés de leurs occupants.