Dix-sept personnes étaient encore interrogées dimanche dans l'après-midi, sur les 43 personnes initialement placées en garde à vue après la manifestation de "convergence des luttes" de Montpellier samedi.
Sur les 51 personnes interpellées samedi, 43 avaient été placées en garde à vue, selon les chiffres donnés par la Préfecture dans la matinée dimanche. À 18H00, 26 avaient été libérées sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elles, a précisé Me Sophie Mazas, présidente de la fédération de l'Hérault de la Ligue des droits de l'Homme (LDH), présente devant l'hôtel de police de Montpellier dans le cadre d'un rassemblement pour obtenir la libération de tous les manifestants arrêtés.
Les gardés à vue ont été entendus pour violences sur personnes dépositaires de l'ordre public, dégradations aggravées et/ou participation à un groupement en vue de commettre des dégradations, avait précisé le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret.
La manifestation, qui avait rassemblé entre 1.000 et 2.000 personnes samedi à Montpellier, avait été le théâtre d'affrontements : environ 200 militants, le visage dissimulé, s'étaient directement confrontés aux policiers, déployés en nombre, avaient constaté les journalistes de l'AFP.
Cette manifestation antigouvernementale réunissait notamment de jeunes anarchistes, des opposants à la loi Vidal sur l'accès à l'université, des militants défendant les droits des migrants ou des opposants à la dispersion de la Zad de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
Les dégâts causés à divers commerces - banques, agences immobilières ou magasins de téléphonie - en marge de la manifestation n'étaient pas encore évalués dimanche.
- Arrestations "très violentes", selon la LDH -
Ces interpellations et gardes à vue sont de "pure com'", avait regretté Me Mazas auprès de l'AFP : "Ces personnes, dont deux membres de l'équipe légale de la LDH, ont été arrêtées totalement au hasard, plus de deux heures après les dégradations commises en marge de la manifestation, et à 2 km des dégradations".
Dès samedi soir, la LDH avait dénoncé dans un communiqué "les entraves à la liberté de manifester". "Certaines arrestations ont été très violentes, il y a eu une répression inhabituelle à Montpellier, avec plusieurs dizaines de blessés", a insisté Mme Mazas dimanche auprès de l'AFP.
Le maire (divers gauche) de Montpellier Philippe Saurel a dénoncé dimanche dans un communiqué les "actes d'une violence inouïe" et les "débordements intervenus" lors de la manifestation de samedi. Il a annoncé une plainte contre X de la ville et appelé l'Etat à "agir avec fermeté pour mettre un terme à cette situation de tensions".
Accusant sans les nommer "ceux qui instrumentalisent et attisent les haines", M. Saurel a ensuite directement visé Muriel Ressiguier, députée France Insoumise de la 2e circonscription de l'Hérault, affirmant que "ces événements dramatiques se sont déroulés sous (son) regard accommodant".
Contactée par l'AFP, Mme Ressiguier a nié tout accord tacite de sa part pour les débordements de samedi : "J'ai toujours condamné les violences, et la violence, je la condamne encore aujourd'hui", a-t-elle affirmé, en maintenant vouloir "oeuvrer pour la convergence des luttes".
Pour Me Mazas, le "regard accommodant serait plutôt celui du président de l'université Paul-Valéry et de la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, qui n'ont pris aucune mesure conservatoire après l'opération d'une milice cagoulée" dans la nuit du 22 au 23 mars pour déloger des étudiants contestaires qui occupaient un amphithéâtre.