Sous le feu de critiques des associations et de la gauche, la politique migratoire du gouvernement suscite des inquiétudes ouvertes jusqu'au...
Par Anne Pascale REBOUL
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Sous le feu de critiques des associations et de la gauche, la politique migratoire du gouvernement suscite des inquiétudes ouvertes jusqu'au sein du groupe LREM à l'Assemblée.
Après une levée de boucliers des associations contre la circulaire prévoyant un recensement des migrants dans les centres d'hébergement d'urgence, le sujet a agité la réunion du groupe majoritaire mardi matin.
L'intervention de l'administration "n'est pas pour organiser le flicage", a assuré Richard Ferrand, président du groupe, aux élus LREM, plaidant que "pas un seul gouvernement n'a pris autant d'initiatives concrètes pour accueillir dans de bonnes conditions des demandeurs d'asile".
"Silence et travail", a-t-il exhorté, appelant son groupe à ne pas "tomber dans le piège" de la polémique et à "éviter" le scénario connu sur la baisse des APL, où la majorité s'était "laissée enfermer" sans pouvoir débattre du fond, selon des propos rapportés.
Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb lors d'une session de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 19 décembre 2017
AFP/Archives
Le projet de loi piloté par l'Intérieur, pour une "refondation complète" de la politique d'asile et d'immigration souhaitée par Emmanuel Macron, ne devrait pas arriver à l'Assemblée avant le printemps.
Il est prévu de doubler la période maximale de rétention, réduire les possibilités de recours, introduire une notion de "pays tiers sûr" où les déboutés pourraient être renvoyés, selon le projet de texte.
Gérard Collomb reçoit déjà par grappes des députés de la majorité et a accueilli mardi matin avec certains les premiers réfugiés réinstallés en France après leur exfiltration de Libye.
Le ministre viendra "autant de temps" que nécessaire devant les députés marcheurs pour "une pédagogie rigoureuse", a promis Richard Ferrand, et la prochaine réunion sera "entièrement" consacrée au texte.
Certains LREM ont regretté en privé que le groupe ne prenne pas déjà "position", alors que le sujet, sur lequel "la majorité peut se fracturer", va revenir après la pause des fêtes.
- 'Personne ne doit mourir comme ça' -
Dans le huis clos du groupe, des divergences ont éclaté. Alors que Coralie Dubost (Hérault) demandait de "ne pas faire de misérabilisme", le député de Ouistreham (Calvados), Christophe Blanchet, a dépeint la situation dans sa circonscription, avec des enfants "à même le sol", ce qui n'est "pas faire du misérabilisme", appuyé par un autre élu LREM, selon des propos rapportés.
"On est là pour représenter le peuple, il n'y a pas de polémique", a affirmé ensuite M. Blanchet à l'AFP.
Joël Giraud (Hautes-Alpes, issu du PRG) a évoqué devant ses pairs les migrants traversant la frontière dans la neige, parfois avec "les extrémités gelées". "Personne ne doit mourir comme ça", a-t-il déclaré à l'AFP, demandant entre autres un "rétablissement du dialogue" entre préfet, justice et associations.
La députée LREM Sonia Krimi, lors d'une session de questions au gouvernement à l'Assemblée, le 19 décembre 2017
AFP
Dès lundi, la présidente de la commission des Affaires sociales, Brigitte Bourguignon, ex-PS devenue LREM, avait plaidé pour un travail "en partenariat et non en conflit avec le secteur associatif".
En toile de fond sur ce sujet éruptif, la volonté de nombreux parlementaires "marcheurs" de peser et ne pas "laisser Beauvau faire sa cuisine".
Un groupe de travail LREM sera constitué. "Sur ce texte, peut-être plus que sur d'autres", la majorité "a besoin de travailler en amont", selon Marie Guévenoux (ex-LR). Et Aurélien Taché (ex-PS) planche toujours, pour le 15 janvier - sur demande gouvernementale - sur une "refonte" de la politique d'intégration.
Les échanges ont rebondi mardi dans l'hémicycle, avec une question incisive au gouvernement de Sonia Krimi (LREM) sur une réforme à venir "juste et humaine, à laquelle nous nous étions tous engagés". Saluant son "très beau parcours" - née en Tunisie, elle est Française depuis cinq ans - Gérard Collomb a promis "une politique équilibrée".
L'Insoumise Bénédicte Taurine et le socialiste Olivier Faure ont ensuite interpellé le gouvernement sur sa circulaire "indigne" pour un "tri" dans les centres d'hébergement, "sanctuaires de notre humanité". C'est "indispensable" pour "traiter en priorité ceux qui ont vocation à être accueillis en France", a répliqué Edouard Philippe (ex-LR), invoquant aussi "une approche équilibrée".
"Equilibre", c'est aussi le maître-mot au MoDem allié, qui réclame "humanité et responsabilité", selon son président Marc Fesneau.
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