Le gouvernement a enfin procédé au « recalage » du calendrier du Grand Paris Express, cet ensemble de nouvelles lignes de métro, long de 200 kilomètres, autour de la capitale, et qui devait être achevé pour l’essentiel en 2024. Face aux contraintes techniques, la priorité sera donnée aux tronçons utilisés pour desservir les sites des Jeux olympiques. Pour le reste, Édouard Philippe a assuré qu’aucune ligne ne serait abandonnée et a confirmé que 2030 serait la deadline pour l’ensemble du projet.
Philippe Dallier, sénateur (LR) de Seine-Saint-Denis, département concerné par trois nouvelles lignes de métro, n’est pas surpris par cette modification du calendrier. « On était bien conscients depuis quelques semaines, quelques mois déjà, qu’il y avait sur ce projet à la fois une impasse budgétaire et des problèmes techniques qui se posent, et donc qui rendent quasiment impossible la tenue du planning qui avait été annoncé il y a quelques années. Je le regrette comme tout le monde ».
Des nouveaux logements sans les lignes de métro
« Maintenant, il va falloir faire avec, en espérant que les délais qui ont annoncé, notamment les délais pour les tronçons qui concernent les Jeux olympiques, pourront être tenus. Il y a quand même encore des certitudes », considère l’ancien maire des Pavillons-sous-Bois, citant le cas de la desserte de l’aéroport du Bourget. « Même ce qu’a annoncé le Premier ministre, à mon avis, reste ambitieux en termes de calendrier. Il n’y a plus qu’à espérer que techniquement il n’y ait pas de problème », s’inquiète-t-il.
Au-delà des sites olympiques, le sénateur évoque également le cas des programmes immobiliers engagés avec le précédent calendrier. « Il va y avoir des zones où beaucoup de logements vont sortir de terre et où les transports en commun ne seront pas au rendez-vous, donc c’est vraiment une très grosse difficulté à venir. »
Retard de la ligne 15 : « Beaucoup de logements vont sortir de terre où les transports en commun ne seront pas au rendez-vous », regrette Dallier
Images : Nelson Getten
Une annonce huit mois après la formation du gouvernement qui « n’est pas acceptable »
Sénateur du Val-d’Oise, qui a les yeux rivés sur la ligne 17, qui ira de Saint-Denis à l’aéroport de Roissy, Arnaud Bazin (LR) « regrette » des « retards qui sont très dommageables pour le projet ». L’ancien président du Conseil départemental considère que la décision du gouvernement, en place depuis mai 2017, a tardé. « Ce n’est pas acceptable, on a ajouté huit de mois de retard à des retards qu’on nous annonce aujourd’hui techniquement inévitables », s’agace-t-il.
Grand Paris Express : « Je veux regretter les délais ajoutés aux retards », réagit Arnaud Bazin (LR)
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Aujourd’hui, il demande au gouvernement « la transparence » sur la raison des reports. « Est-ce que ce sont des raisons purement techniques ou bien ou est-ce que c’est un choix financier ? »
Le décalage de trois ans de la fin du chantier de la ligne 17 sera, selon lui, très problématique dans la perspective d’ « Europa City », un vaste projet de zone commerciale et touristique à Gonesse de près de trois milliards d’euros. Arnaud Bazin rappelle que l’arrivée du métro en 2024 était l’une des conditions pour l’investisseur. « Est-ce que le gouvernement va pouvoir sauver ce projet ou est-ce qu’on va se donner le ridicule de le voir atterrir dans un autre pays de l’UE », s’interroge-t-il. Le sénateur appelle l’exécutif à la « responsabilité » et réclame des « garanties », voire des « compensations ».
Retards du Grand Paris Express : Arnaud Bazin, inquiet pour l'avenir du projet Europa City
Images : Nelson Getten
« Le président de la République perd du temps »
Grand Paris Express : « On doit faire un autre projet, le président de la République perd du temps », considère Philippe Dominati
« Ce n’est malheureusement pas une surprise, n’importe quel gouvernement aurait probablement fait la même chose », a réagi Philippe Dominati, sénateur rattaché au groupe Les Républicains, « il y a une impasse financière depuis longtemps. »
« On doit faire un autre projet, le président de la République perd du temps », est d’avis le sénateur de Paris, qui regrette le « peu de concertation sur un sujet aussi essentiel ».
« Des décisions douloureuses »
Ancien maire du Bourget, le sénateur (UC) Vincent Capo-Canellas, a écouté avec attention le sort réservé à l’aéroport de la ville. L’étude d’un raccordement au métro de l’aéroport pour les Jeux de 2024 est « une bonne nouvelle », selon lui. « Édouard Philippe a tenu un langage de vérité et annoncé des décisions douloureuses pour certains territoires. Il faut maintenant tenir les engagements », a conclu sur Twitter l’élu de Seine-Saint-Denis.
Soulagement également du côté d’Hervé Marseille. Le président du groupe de l’Union centriste a considéré, dans Le Talk-Le Figaro, que la confirmation de l’ensemble du projet par le Premier ministre était « un bon point ». Quant aux délais, peu de surprises non plus pour le sénateur des Hauts-de-Seine. « On savait très bien qu’il serait étalé dans le temps. Donc il n’a fait que dire ce qu’on attendait. »