Menace jihadiste, cyberattaques: une présidentielle sous haute surveillance

Menace jihadiste, cyberattaques: une présidentielle sous haute surveillance

Etat d'urgence, menace jihadiste accrue et crainte de cyberattaques comme celles qui ont ébranlé la campagne américaine: à un...
Public Sénat

Par Gregory DANEL

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Etat d'urgence, menace jihadiste accrue et crainte de cyberattaques comme celles qui ont ébranlé la campagne américaine: à un mois de la présidentielle, ce rendez-vous politique majeur est placé sous haute surveillance.

C'est inédit: le scrutin présidentiel, mais aussi les élections législatives des 11 et 18 juin, se dérouleront sous l'état d'urgence, ce régime d'exception décrété au soir des attentats jihadistes de novembre 2015.

Face à la "menace", "nous devons toujours être d'une extrême vigilance", affirmait samedi François Hollande après l'attaque contre des militaires à l'aéroport d'Orly, alors que le débat sur le maintien de l'état d'urgence - en vigueur jusqu'au 15 juillet - a été alimenté ces derniers jours par la fusillade dans un lycée de Grasse (Alpes-Maritimes) et un courrier piégé au siège européen du FMI à Paris.

En 2017, dans une France frappée depuis deux ans par une vague d'attaques jihadistes ayant fait 238 morts, l'"intense période électorale (...) accroît encore les risques de passage à l'acte des terroristes", avait mis en garde le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, lors de la cinquième prolongation de l'état d'urgence.

Le risque d'attentat a déjà conduit les pouvoirs publics à renforcer la sécurité des candidats et des meetings.

Les jours d'élection, un dispositif de sécurisation sera déployé "pour assurer une présence visible et régulière aux abords des bureaux de vote", selon une source au ministère de l'Intérieur. Il doit permettre aux forces de l'ordre d'intervenir rapidement si elles sont sollicitées par les présidents des bureaux de vote.

Les effectifs de police et de gendarmerie ne peuvent en effet pénétrer avec leurs armes à l'intérieur des bureaux de vote que sur réquisition écrite de leurs présidents, ou en cas de nécessité absolue lorsqu'il existe un danger imminent.

- "Fake news" et cybermenaces -

Autre front à surveiller: celui des cybermenaces qui pèsent sur la campagne.

L'enjeu? Eviter la diffusion massive de fausses nouvelles ou "fake news", et une campagne de piratage comme celle lancée par Moscou pour déstabiliser le processus électoral américain et discréditer la candidate démocrate Hillary Clinton.

"Nous y pensons très sérieusement dans le cadre des élections qui vont avoir lieu en France, car ce qui a été perpétré aux Etats-Unis peut l'être de nouveau en France, par les mêmes acteurs ou par d'autres. Maintenant que l'idée a été donnée, les attaquants vont rivaliser d'idées", a affirmé le patron de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), Guillaume Poupard, fin janvier devant des députés.

"Aux Etats-Unis, c'est la campagne électorale qui a été affectée, pas le scrutin en lui-même", observe Nicolas Arpagian qui dirige le cycle "sécurité numérique" à l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj). "Le gouvernement français est dans son rôle en faisant de la pédagogie. Il y a un climat général de méfiance".

Mi-février, l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron avait révélé avoir été l'objet de près de 4.000 attaques informatiques en un mois, et avait pointé du doigt des médias russes dans la diffusion de rumeurs malveillantes, y voyant la main du Kremlin, ce que Moscou a fermement démenti.

Pour Bruno Le Roux, "la menace est là": "elle est sur les sites des candidats, je leur ai demandé qu'ils puissent sécuriser leurs sites".

Des réunions ont déjà eu lieu entre l'Anssi et les différents partis sur ce sujet.

La manipulation de l'opinion, notamment via les réseaux sociaux, par exemple le référencement différencié d'informations, vraies ou fausses, privilégiant ou défavorisant tel ou tel candidat, est également un sujet de préoccupation.

Enfin sur le scrutin en lui-même, le processus qui débouche sur la proclamation officielle des résultats relève d'une "procédure papier" de "l'urne jusqu'au Conseil Constitutionnel", rassure-t-on au secrétariat général de la place Beauvau. Quant au "système d'information" qui permet au ministère de l'Intérieur de mettre en ligne les résultats par agrégation de données lors de la soirée électorale, il a fait l'objet d'un "plan de sécurisation", ajoute-t-on.

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