Le leader de La France insoumise et nouveau député Jean-Luc Mélenchon a fait une arrivée groupée mardi à l'Assemblée nationale avec les élus LFI, en se proclamant "porte-voix du pays" et en criant "résistance" face aux projets d'Emmanuel Macron.
Cette élection de 17 députés LFI, tous nouveaux au Palais-Bourbon, "c'est un événement historique" et, "tous, on a beaucoup de fierté", a déclaré M. Mélenchon devant de nombreuses caméras aux abords de l'Assemblée.
Et celui qui entend être leur futur président de groupe d'ajouter: "Je sens une totale légitimation du projet politique qu'on a porté depuis fin 2008" et "dans quelques années nous serons au pouvoir".
Les nouveaux élus ont ensuite traversé les jardins de l'Assemblée, sous une chaleur torride, accompagnés par une nuée de journalistes. Tout sourire, M. Mélenchon a notamment eu un geste affectueux pour le jeune élu, sur le fil, de la 1ère circonscription du Nord Adrien Quatennens, 27 ans.
"Allez, avance!", a-t-il lancé à la cantonade alors que les journalistes ralentissaient.
Les parlementaires LFI ont ensuite fait une photo de famille sur les marches menant au Palais Bourbon, le poing levé et criant "Résistance!".
"Et à la fin, c'est nous qu'on a gagné", a alors lancé le nouvel élu picard François Ruffin, le mot "gagné" étant repris en chœur par les autres.
M. Mélenchon, interrogé sur ce qu'il ressentait, a répondu: "les ondes telluriques émanent de ceux qui avant nous ont eu à trancher ici: le grand Jaurès et les autres. Et on en a le cœur gros comme ça tous autant qu'on est là. Regardez nous bien, nous sommes la suite de cette histoire-là qui recommence".
Empêché momentanément d'accéder à la salle des Quatre colonnes, où les parlementaires rencontrent les journalistes, par cette arrivée très médiatique, un nouveau député a maugréé: "ça y est, Mélenchon commence l'obstruction!".
L'ancien candidat à la présidentielle était entouré notamment d'Alexis Corbière, d’Éric Coquerel, de François Ruffin ou encore de Clémentine Autain.
Jean-Luc Mélenchon et les députés de La France insoumise à leur arrivée à l'Assemblée nationale, le 20 juin 2017 à Paris
AFP
"Le groupe que vous voyez ici est à l'image du pays, de sa composition sociale", avec une bibliothécaire, une aide-soignante ou encore un technicien, a vanté l'ancien sénateur et ex-député européen.
Les députés communistes vont-ils se joindre à leur groupe? "On va parler ensemble, on a plusieurs questions préalables à régler" et il y a eu des "malentendus", a dit M. Mélenchon, évoquant notamment son remplacement au Parlement européen.
Bastien Lachaud, élu en Seine-Saint-Denis et portant sa cocarde, considère faire partie d'"un groupe d'opposition qui porte une alternative progressiste, sociale, écologiste, et qui sera fermement opposé aux projets d'Emmanuel Macron, tant sur la question de la destruction du Code du travail par ordonnances que l'inscription de l'état d'urgence dans le droit commun ou encore la ratification du CETA".
Danièle Obono, élue à Paris, promet que malgré leur nombre réduit, ils feront "deux fois, trois fois, quatre fois plus que tout le monde pour que ce soit entendu dans l'hémicycle et en dehors".
M. Mélenchon a lancé "un appel" aux socialistes: "la première étape de votre décontamination, c'est voter contre la confiance au gouvernement". C'est le "ticket d'entrée" pour des discussions avec LFI", a-t-il prévenu, jugeant qu'"il va falloir réhabiliter ce mot, la gauche" et "la première étape, c'est la clarté".
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.