Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé "rompre la cloison" entre politique et syndicats et à faire l'unité "dans tout le pays" contre Emmanuel Macron, en défilant samedi à Marseille aux côtés de la CGT et d'autres syndicats et partis de gauche.
Ce défilé marseillais "Stop Macron", à l'initiative notamment de la CGT, mais ouvert aux autres organisations, s'est élancé vers 14H30 depuis le Vieux-Port, rassemblant plusieurs milliers de personnes. La CGT en a dénombré 58.000, et la police 6.000.
"Ce sont les syndicats qui ont pris l'initiative d'une mobilisation et qui ont appelé les organisations qui voudraient s'y joindre à le faire. Il m'a semblé que c'était quelque chose d’exemplaire (...) je souhaite que ça puisse être reproduit dans tout le pays", a déclaré M. Mélenchon.
Des manifestants, à l'initiative notamment de la CGT, lors d'un défilé "Stop Macron!", le 14 avril 2018 à Marseille
AFP
Le député des Bouches-du-Rhône, qui voulait faire de ce défilé une démonstration du dépassement des dissensions à l'intérieur de l'opposition de gauche à Emmanuel Macron, et d'unité avec les syndicats, y avait invité les dirigeants du PCF Pierre Laurent, de Générations Benoît Hamon et du NPA Olivier Besancenot.
Finalement, étaient présents dans le carré de tête, aux côtés de M. Mélenchon, des responsables départementaux de la CGT, de la FSU, de Sud, de l'Unef ou du PCF et d'Attac, ainsi que l'ancien candidat NPA à la présidentielle Philippe Poutou.
"Ce qui se déroule, ici à Marseille, c'est une bonne rupure de la cloison entre le mouvement social et l'action politique (...) Clairement, dans le pays, il y a une volonté d'envoyer un message +stop+ à Macron", a ajouté le leader de la France Insoumise.
Postiers, cheminots, étudiants, différents mouvements opposés au gouvernement se sont fondus dans le cortège, dont la CGT et la France Insoumise constituaient le gros des troupes.
"Le problème de l'unité et de la convergence est posé depuis le début. Pour faire reculer le gouvernement, il faut être des millions dans la rue, il faut combattre ce qui nous divise. Il faut arrêter les conneries", a déclaré de son côté Philippe Poutou.
Même ton du côté de la CGT : "On va continuer à mettre du monde dans les rues, on va continuer à développer les grèves, les luttes, partout dans les entreprises", a promis son secrétaire dans les Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu.
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.