Masques : « Un problème de gestion collective » pour Olivier Véran

Masques : « Un problème de gestion collective » pour Olivier Véran

Auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat, le ministre de la Santé est revenu sur la gestion des stocks de masques et a vanté les avancées du « Ségur de la santé ». Une audition sur fond de tensions entre le Sénat et l'exécutif autour de la multiplication des commissions d'enquête sur la gestion de la crise du coronavirus.
Public Sénat

Par Fabien Recker

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Une répétition générale pour Olivier Véran. Alors que le Parlement s’apprête à mener deux commissions d’enquêtes sur la gestion de la crise du coronavirus, le ministre de la santé a pu affûter ses arguments devant la commission des Affaires sociales du Sénat, qui l’a auditionné mercredi 10 juin.

En premier lieu sur la question des masques. « Quand je suis arrivé il y avait 120 millions de masques chirurgicaux dans le stock d'État (...) Je ne vois pas de faute politique, ni individuelle, mais un problème de gestion collective » a indiqué Olivier Véran. Refusant de jeter la pierre à ses prédécesseurs, il a invité les sénateurs à une « réflexion collective » sur la stratégie future en matière de gestion des stocks. « Il y a des choix à faire pour la nation. Est-ce qu’un milliard et demi de masques de protection auraient suffi à équiper la population générale ? Oui, pendant 5 à 6 jours. Ca a un coût, ça engage dans la durée. Un débat démocratique devra se tenir. »

« Beaucoup d'émotion » sur l' hydroxychloroquine

Masques: "un problème de responsabilité collective" estime Olivier Véran
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Olivier Véran a récusé l’idée selon laquelle le gouvernement aurait adapté la doctrine sur le port du masque à l’état des stocks. « On est souvent et volontiers jugé au regard des éléments dont les uns et les autres disposent quand ils vous jugent, plus rarement au regard de l’état de la science au moment où vous prenez les décisions » a-t-il souligné. « La doctrine dont je disposais quand la crise épidémique a commencé, fondée sur des recommandations du Haut conseil de Santé publique, était qu’il n’y avait pas de preuve que le port du masque en population générale soit de nature à protéger, à l’exception de la situation où au moins 60% de la population serait amenée à le porter en permanence » a souligné Olivier Véran, rappelant que « la science évolue, les recommandations évoluent ».

Autre question sensible, celle de l’hydroxychloroquine, qui continue de susciter « beaucoup d’émotion, parfois teintée d'agressivité » a reconnu Olivier Véran, alors que plusieurs sénateurs l’ont interpellé sur le sujet. Le ministre a regretté les péripéties autour de l’étude de la revue The Lancet, qui avait abouti à l’interdiction du médicament avant d’être dépubliée, conduisant l’OMS à reprendre les essais cliniques. « Le retrait en question ne fait pas montre pour autant de l'efficacité du médicament » a insisté Olivier Véran, qui a indiqué avoir « demandé au Lancet qu’une relecture des données brutes soit faite par un comité indépendant ». « Le temps politique n’est pas celui de la science » a-t-il ajouté, assurant avoir « tout mis en oeuvre, y compris en sécurisant les matières premières nécessaires, pour que, si le traitement fonctionne on puisse le proposer à tous les Français ».

« Ségur de la santé »

L’échange avec les sénateurs s'est déroulé sur fond de « Ségur de la santé », grande concertation du monde de la santé débutée il y a deux semaines. « Vous souhaitez faire un “Ségur” pour répondre à la situation de l'hôpital. Il était déjà en crise, mais la pandémie en a révélé la profondeur » a rappelé la sénatrice communiste Laurence Cohen, pointant « une revendication forte pour une augmentation des salaires » et une « grande inquiétude » parmi les personnels. Alors que le syndicat Sud a rapidement claqué la porte du “Ségur”, Olivier Véran a tenu à rassurer les membres de la commission. « Une session de négociation multilatérale avec les syndicats aura lieu vendredi (le 12 juin, n.d.l.r.). La concertation progresse très bien, mais je réserverai les annonces aux intéressés ».

Commission d'enquête : « On voit où se trouve l'indépendance » ironise Alain Millon

Alain Milon, président de la commission des Affaires sociales, a pris la parole en fin d’audition pour décocher une flèche contre la commission d’enquête souhaitée par le gouvernement pour faire la lumière sur la gestion de la crise. Une initiative qui vient télescoper les deux commissions d’enquêtes parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale. « Le Président de la République a décidé de mettre en place une commission d’enquête indépendante, probablement financée par l'Élysée, on voit où se trouve d'indépendance » a ironisé M. Milon. 

Commission d'enquête:"Je ne me présenterai pas devant des procureurs, ni des avocats" prévient Olivier Véran
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« La démarche du Président de la République n’est pas une remise en question du rôle d’une commission d’enquête. C’est plutôt une comparaison au niveau international » a tenté de justifier Olivier Véran.« Il s’agit de voir quel impact les décisions prises par nos voisins européens ont pu avoir ». Au sujet de sa propre convocation par la commission d’enquête sénatoriale, Olivier Véran a déclaré qu’il ne se présenterait « ni devant des procureurs, ni devant des avocats ».


 

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