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Marion Maréchal abandonne le nom Le Pen pour mieux prendre son envol
Par Anne RENAUT
Publié le
L'ex députée du Front national Marion Maréchal-Le Pen a effacé sur ses comptes Facebook et Twitter le nom Le Pen, une manière, selon ses proches et des analystes, de se distancier d'un encombrant grand-père et d'aborder son avenir indépendamment de sa tante, présidente du FN.
L'ancienne élue du Vaucluse, qui doit s'exprimer le 31 mai à Paris et reste populaire au sein du FN, dont elle est toujours adhérente, a modifié ses profils sur les réseaux sociaux. Celle qui s'appelait mercredi encore "Marion Le Pen" se nomme désormais "Marion Maréchal".
A la soirée destinée à "débrancher Mai-68", organisée par ses proches, où elle doit intervenir, elle est présentée comme "Marion Maréchal".
"Marion pense peut-être que mon nom est trop lourd à porter", a déclaré à l'AFP Jean-Marie Le Pen, dont le nom est étroitement associé au parti qu'il a cofondé en 1972, puis dirigé pendant près de 40 ans, avant d'en être exclu en 2015 à la suite de ses propos répétés sur la Shoah.
"J'ai l'habitude d'être abandonné", poursuit celui qui conteste le changement de nom du FN - pour Rassemblement national - proposé par sa fille.
- "Identité claire" -
"Il y a peut être une volonté de se détacher du grand-père, qui est un lourd fardeau à porter", renchérit le député FN du Gard Gilbert Collard.
En mai 2017, après l'échec de sa tante à la présidentielle, Marion Maréchal avait qualifié de "bêtise" une information de Paris Match selon laquelle elle songerait à abandonner le nom Le Pen.
Jean-Marie Le Pen note que sa petite-fille ne lui a "pas demandé l'autorisation pour rajouter le nom Le Pen (à son patronyme), ni pour le retirer".
Pour le politologue Jean-Yves Camus, "c'est l'acquisition d'une identité claire qui la prépare pour l'avenir".
Marion Maréchal a "doublement intérêt à effacer le nom Le Pen. Pour ne pas apparaître comme la concurrente de sa tante. Et ne plus porter l'héritage de son grand-père".
Mais "cela ne change rien au fait qu'elle est en concurrence avec sa tante et qu'à ce jour, elle est toujours en bons termes avec son grand-père", précise ce spécialiste de l'extrême droite.
Jean-Marie Le Pen a encore reçu Marion jeudi, avec son arrière petite-fille Olympe, pour "deviser" avec elle, y compris de son projet d'école politique des droites qu'elle doit inaugurer à Lyon fin juin.
Dans l'entourage de Marine Le Pen, on rappelle que Marion Maréchal avait rajouté le nom Le Pen "pour faire de la politique". "Elle le retire pour faire des affaires. Elle doit donc considérer que dans ce domaine c'est un obstacle".
- "Obstacle pour les affaires" -
"L'étoile montante" de l'extrême droite française, comme l'a qualifiée Steve Bannon, l'ex-conseiller de Donald Trump, au congrès du FN en mars, a abandonné la politique électorale depuis la présidentielle.
Mais elle a fait un retour remarqué fin février devant le gratin conservateur américain, où elle a souhaité rendre à la France "sa grandeur", saluant le Brexit et la Manif pour tous.
Effacer le nom Le Pen lui permet de se différencier de sa tante, à la tête du FN depuis 2011, et dont elle ne partage pas la ligne souverainiste.
Marion Maréchal est plus identitaire et libérale sur le plan économique. Elle soutient l'idée d'une "union des droites" quand sa tante ne croit plus au clivage gauche-droite. Elle défend des valeurs sociétales plus rarement mises en avant par sa tante.
Pour son ancien directeur de la communication, Arnaud Stephan, Marion Maréchal revient "symboliquement" à un "patronyme plus neutre".
Il souligne son "humilité": "se dépouiller d'un attribut de notoriété aussi marqué c'est aussi dire qu'elle revient au milieu des citoyens, simplement".
Agée de 28 ans, Marion a pour père biologique l'ancien journaliste et diplomate Roger Auque, mort en 2014 mais a été élevée et reconnue par le mari de Yann Le Pen, Samuel Maréchal.