Marine Le Pen veut la victoire des “nations européennes” en 2019
Marine Le Pen a jugé possible mardi la victoire aux élections européennes de 2019 des partis nationaux-populistes, dont plusieurs représentants...
Par Anne RENAUT
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Marine Le Pen a jugé possible mardi la victoire aux élections européennes de 2019 des partis nationaux-populistes, dont plusieurs représentants étaient réunis autour du FN à Nice, où ils ont défendu "l'identité" des nations et les origines helléno-chrétiennes de "la civilisation" européenne.
"La perspective d'obtenir une majorité pour changer l'Europe n'est pas si improbable. A nous de construire cette victoire historique", a déclaré la présidente du FN devant plusieurs centaines de militants, en grande majorité de son parti, réunis au Palais des congrès de Nice.
"Nous pensions que nous ne pourrions changer d'Europe que par la voie de l'Elysée. (…). Nous pouvons changer d'Europe (à partir) de l'Europe", a estimé la finaliste de la présidentielle française, pour qui l'idée d'une sortie de la France de l'UE (Frexit), antienne de sa campagne, n'est plus une priorité.
La présidente du Front national Marine Le Pen dépose une gerbe "A Jeanne pour la France" au pied d'une statue de Jeanne d'Arc le 1er mai à Cannes (Alpes-Maritimes)
AFP
Avant ce rassemblement du Mouvement Europe des nations et des libertés (MENL), Marine Le Pen a déposé une gerbe au pied d'une statue de Jeanne d'Arc à Cannes, où elle a rendu "hommage" à la "belle opération de communication" du mouvement radical Génération Identitaire, qui a mené sous la bannière "Defend Europe" des actions antimigrants dans les Alpes voisines.
Devant un cercle restreint de fidèles, son père et cofondateur du FN - dont il a été exclu - Jean-Marie Le Pen a fêté comme à son habitude le 1er Mai à Paris devant la statue équestre de la pucelle d'Orléans.
- Deux absents de marque -
Deux invités de marque ont cependant brillé par leur absence, mettant à mal la stratégie d'alliances de Marine Le Pen, qui a encore plaidé à Nice pour une "liste d'ouverture" en France et des rapprochements en Europe.
Le chef de la Ligue italienne Matteo Salvini après une réunion avec le président de la République italienne Sergio Mattarella le 5 avril 2018 au palais présidentiel à Rome
AFP/Archives
Le chef de la Ligue italienne, Matteo Salvini, retenu dans son pays par des tractations gouvernementales après sa victoire aux législatives début mars, a salué dans un message vidéo le "réveil" des nationalistes.
Le chef du Parti pour la liberté néerlandais (PVV) anti-islam, Geert Wilders, s'est désisté à la dernière minute. Il doit comparaître devant la justice le 17 mai à son procès en appel pour discrimination.
Le secrétaire général du FPÖ autrichien, Harald Vilimsky, a asséné qu'il était "contre (l') immigration de masse en Europe, contre l'islamisation (du) continent européen", sous les applaudissements des militants qui scandaient "on est chez nous".
"Il n'y a de justice et de solidarité qu'au sein de l'identité nationale", a plaidé l'ancien dirigeant du Vlaams Belang belge, actuel président du MENL, Gerolf Annemans. Le président du SPD tchèque Tomio Okamura a dénoncé "la dénationalisation" de l'Europe par des élites "totalitaires et fascistes" et avec "l'aide de la migration".
Tous ont salué les récentes victoires en Autriche du FPÖ, en Italie de la Ligue, et celle en Hongrie du parti national-conservateur Fidesz de Viktor Orban, certes membre du PPE (droite) au Parlement européen mais que Marine Le Pen a été une des premières à féliciter.
Cette réunion visait à rassembler les partis du groupe ENL (Europe des nations et des libertés) au Parlement européen et ceux susceptibles d'obtenir des élus en vue d'une éventuelle recomposition, selon l'eurodéputé Nicolas Bay, grand artisan de cette manifestation, qui espère "un retour de la vraie Europe" fondée par les Grecs il y a 2.000 ans.
- Les Identitaires salués -
Mais "la marge de progression du FN" en termes de ralliements "est faible", estime le politologue Jean-Yves Camus.
Parmi les alliés traditionnels, certains sont au pouvoir ou à ses portes "ce qui ne leur permet pas de faire n'importe quoi" et "ce serait un suicide pour le parti de Viktor Orban de quitter le PPE".
Pour le chercheur au CNRS Patrick Moreau, la priorité de ces partis n'est de toute façon plus "la problématique européenne, qui ne permet pas de gagner des électeurs", mais celle de l'immigration et de l'identité. "Il y a trop de divisions sur l'Europe", explique M. Camus.
Des militants du mouvement radical Génération Identitaire (GI) et du mouvement antimigrants Defend Europe érigent une barrière au Col de l'Echelle, au-dessus de Briançon, pour empêcher l'entrée de migrants en France le 21 avril 2018
AFP/Archives
Mme Le Pen a d'ailleurs salué mardi les actions des Identitaires, dont Nice est un bastion, qu'elle a jugées légales, contrairement à celles de "groupuscules d'extrême gauche qui font passer les migrants clandestins".
Elle a dénoncé les eurodéputés qui votent des directives "à l'origine de la submersion migratoire", estimant que "Nice a en partie changé de visage ces dix dernières années".
La dirigeante frontiste s'en est aussi pris au gouvernement, coupable de ne pas avoir dissout les "milices d'extrême gauche", coupables, selon elle, des violences qui ont émaillé le défilé du 1er mai à Paris.
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