Marine Le Pen prône à Prague une “nouvelle harmonie européenne”

Marine Le Pen prône à Prague une “nouvelle harmonie européenne”

La présidente du Rassemblement national français Marine Le Pen a déclaré jeudi à Prague que les partis nationaux proposeraient aux 500 millions...
Public Sénat

Par Jan FLEMR

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La présidente du Rassemblement national français Marine Le Pen a déclaré jeudi à Prague que les partis nationaux proposeraient aux 500 millions d'Européens "une nouvelle harmonie européenne" à l'occasion des prochaines élections au Parlement européen prévues du 23 au 26 mai.

Une alliance de partis populistes, avec la Ligue de Matteo Salvini ou le Parti de la Liberté d'Autriche (PLA) peut réaliser de bons scores, mais selon des experts, elle aura du mal à coopérer réellement, ces partis étant trop centrés sur leurs intérêts nationaux particuliers.

- "Nouvel élan" -

"Ce que nous voyons ici, sous nos yeux, c'est l'émergence d'une nouvelle harmonie européenne qui voit les partis nationaux se regrouper pour proposer à 500 millions d'Européens un nouveau cadre de coopération, un nouveau projet et un nouvel élan pour l'avenir", a déclaré Marine Le Pen aux médias.

"L'immigration doit être arrêtée et l'idéologie islamiste doit être éradiquée", a-t-elle martelé, accusant l'Union européenne "de financer une immigration massive, organisée et voulue".

"L'islamisation et le mondialisme sont de nouveaux totalitarismes qui menacent les pays" européens, a-t-elle déclaré à Prague.

Ses mots ont sonné comme ceux que l'homme fort du gouvernement italien Matteo Salvini avait prononcés récemment lors d'une visite à Prague au début du mois.

(g-d) Gerolf Annemans, du parti nationaliste d'extrême droite belge, Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national, le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders et le chef de file de l'extrême droite tchèque
(g-d) Gerolf Annemans, du parti nationaliste d'extrême droite belge, Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national, le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders et le chef de file de l'extrême droite tchèque Tomio Okamura, font un selfie lors d'une conférence de presse, le 25 avril 2019 à Prague
AFP

M. Salvini ne manque aucune occasion d'inviter les partis européens d'extrême droite à s'allier.

Il compte réaliser un score lui permettant de disposer du premier groupe politique au sein du Parlement européen, qui compte 751 sièges.

Les partis comme la Ligue italienne, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) ou le Parti populaire (DF) danois espèrent réaliser des scores sans précédent grâce à une campagne anti-immigration.

Lors de l'afflux de réfugiés dû à la guerre en Syrie, le SPD tchèque a attiré des électeurs par une telle politique anti-migrants, anti-islamiste et prônant la souveraineté des pays européens.

Tout comme le parti du néerlandais Geert Wilders qui veut un "Nexit", le SPD appelle de ses vœux un "Tchexit".

"Si l'UE ne peut pas être réformée en un bloc démocratique, nous devons en sortir", a déclaré Ivan David, psychiatre et tête de liste du SPD.

Un millier de ses partisans s'étaient rassemblés place Venceslas, lieu historique au cœur de Prague.

Certains portaient des affiches affirmant que "des hommes comme Geert Wilders peuvent sauver l'Europe" ou que "les migrants ne sont pas les bienvenus". D'autres scandaient "Marine, je t'aime!".

Les partis anti-système voient dans la percée des Vrais Finlandais aux législatives du 15 avril un bon signe pour eux.

- "Pas seul" -

La coopération des partis nationalistes reste cependant problématique.

Ces partis "seront une force, ils vont réaliser de bons scores, en particulier en Italie", estime l'analyste tchèque Jan Kubacek. "Mais le problème de toutes ces formations est qu'elles n'arrivent pas à coopérer réellement, étant trop centrées sur leur propres intérêts nationaux", souligne-t-il.

Mais selon le chef de file de l'extrême droite tchèque, Tomio Okamura, la coopération au sein de la nouvelle alliance est déjà un fait.

"Nous avons le soutien de M. Salvini et des Autrichiens du Parti de la Liberté. Nous coopérons sans le diktat de Bruxelles", a-t-il déclaré.

"Nous pouvons passer des accords en tant qu'Etats nationaux", a ajouté cet homme d'affaires de 47 ans né à Tokyo, que l'on voit poser aux côtés de Le Pen et Salvini sur les affiches électorales pour montrer que son parti "n'est pas seul en Europe".

Si une alliance se forme, il faudra lui choisir un leader. Aussi bien Mme Le Pen que M. Salvini sont déterminés à prendre la direction du futur groupe.

"Il est probable que Salvini, l'homme fort du gouvernement italien, devienne à un moment Premier ministre", ce qui renforcera son rôle, ajoute Jan Kubacek.

"Le Pen sera très active au PE. Elle, qui ne peut pas jouer le premier rôle dans la politique en France, voudrait utiliser le PE comme sa deuxième plateforme politique", dit l'analyste.

Dans la même thématique

Paris : Hearing of Elisabeth Borne at French Senate
7min

Politique

Dérapage du déficit : les moments clés de la mission d’information du Sénat qui étrille les gouvernements passés

Série. Retour sur les temps forts parlementaires de 2024 au Sénat. En mars dernier, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat se rendait au ministère de l’Economie pour enquêter sur la dégradation du déficit de la France. C’est le point de départ d’une des missions d’information les plus marquantes de cette année 2024. Retour en six dates sur ces travaux, ponctués d’auditions musclées.

Le

Paris, Matignon : minute of silence
5min

Politique

Gouvernement Bayrou : « Il y a une forme d’impasse stratégique », juge le constitutionnaliste Benjamin Morel

Alors que le gouvernement de François Bayrou doit être annoncé à 18h30, les principales interrogations concernent la durée de vie de cette future équipe. En effet, le Premier ministre s’appuie sur le même socle politique que son prédécesseur et souhaite reprendre les travaux de Michel Barnier sur le budget. Pour le même résultat ? Entretien avec Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas.

Le