L'eurodéputée Marielle de Sarnez, 66 ans, nommée mercredi ministre des Affaires européennes est depuis trente-cinq ans le bras droit et le conseil le plus écouté de François Bayrou, dont elle a accompagné l'ouverture politique à gauche et toute la carrière.
Silhouette longiligne, cheveux blonds, allure décontractée chic - veste, jean et baskets - Marielle de Sarnez a partagé sa vie politique entre Paris et l'Europe. Elue municipale dans la capitale, après avoir fait alliance avec Nathalie Kosciusko-Morizet, elle est députée européenne depuis 1999.
Elle n'est jamais très loin du président du MoDem, et forme avec lui un couple politique assez singulier. "Marielle, c'est mon alter ego. Elle est la personne de ma vie politique dans le jugement de laquelle j'ai le plus confiance. Sa boussole est juste à 95%", dit d'elle François Bayrou, qui la connaît de longue date.
"Notre relation est humaine avant d'être professionnelle. Sa présence m'est tout à fait précieuse. On parle de tout et la plupart du temps, on se comprend sans avoir besoin de rien se dire. Nous avons des intuitions accordées", ajoute le dirigeant centriste.
Les deux n'ont publiquement jamais un mot de travers l'un envers l'autre, même s'il arrive de voir de loin une discussion franche s'animer.
Ces dernières mois, plusieurs sources affirmaient que Marielle de Sarnez n'était pas partante pour que François Bayrou se lance dans une quatrième candidature présidentielle et qu'elle se voyait ministre, ce qu'elle n'a jamais été.
"Il y a chez Emmanuel Macron quelque chose qui est en résonance avec ce qu'on essaye de porter, de défendre (...) qui est au fond la nécessité vitale de rupture avec cette vie politique extrêmement frustrante", déclarait il y a trois mois la vice-présidente du MoDem.
Née à Paris dans le VIIIe arrondissement, Marielle de Sarnez y a mené une grande partie de sa carrière. Présidente de la fédération UDF de Paris en 2006 puis du MoDem Paris en 2008, elle a été élue conseillère de Paris en 2001 dans le XIVe arrondissement sur une liste d'union RPR-UDF. Battue aux législatives en 2007, elle retrouvera en 2008 un siège au Conseil de Paris sur une liste MoDem (9,08% aux municipales) avant de démissionner en avril 2010 pour se consacrer à son mandat d'eurodéputée.
Car l'autre passion de l'élue centriste, c'est l'Europe, où elle a décroché son premier mandat en 1999, a été réélue en 2004, 2009, et 2014 et a co-fondé le Parti démocrate européen.
Cette femme de l'ombre des grands combats présidentiels de François Bayrou a souvent été décrite comme autoritaire par certains des anciens amis du leader centriste, critiques de son influence.
"C'est elle qui tenait la boutique d'une main de fer. Elle est à elle seule son premier cercle. Mais, au final, c'est Bayrou qui prend les décisions", relativise Maurice Leroy (UDI), ancien de l'UDF.
"Elle a de l'autorité", mais "pour se faire une place dans ce monde politique de mecs, elle n'avait pas le choix", dit Jean-Luc Bennahmias, qui a quitté le MoDem au moment de l'alliance avec l'UDI de Jean-Louis Borloo en vue des européennes de 2014.
Elle avait défendu en juillet 2009 à Marseille le principe d'une ouverture du centre à gauche, lors de ateliers d'été du courant "L'espoir à gauche" du socialiste Vincent Peillon.
Pour beaucoup, ce fut l'acte fondateur de l'évolution du parti centriste qui a conduit François Bayrou à franchir le rubicon en 2012 en choisissant François Hollande au second tour de la présidentielle.
Entrée en politique en 1973 avec un bac en poche, comme simple secrétaire à mi-temps chez les jeunes républicains, Marielle de Sarnez s'est immergée dans le bain électoral un an plus tard en soutenant la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing.
"Avec François, on s'est rencontrés au moment de la création de l'UDF avec déjà l'idée de créer un parti centriste autonome, qui aurait vocation à gouverner", se souvient-elle. L'autodidacte urbaine et l'intellectuel paysan sympathisent et ne se quitteront plus.