Le suspense dure depuis plusieurs mois. Il va prendre fin samedi 13 octobre lors du Conseil national du PS, à la Bellevilloise, à Paris. C’est à ce moment-là que la vice-présidente du Sénat, Marie-Noëlle Lienemann, devrait selon toute vraisemblance annoncer sa décision de quitter le PS et expliquer les raisons de son départ, devant les cadres du parti. La sénatrice de Paris s’exprimera au lendemain de l’annonce du départ du PS d’Emmanuel Maurel. « Aujourd’hui, je ne pars pas seul mais avec de très nombreux militants, des centaines de cadres et d’élus sur l’ensemble du territoire », a déclaré le député européen dans Le Monde ce vendredi, au lendemain du vote des militants socialistes sur les deux textes d’orientation pour les prochaines élections européennes.
Selon nos informations, une liste de 500 élus locaux et cadres du PS quittant le parti dans le sillage d’Emmanuel Maurel sera dévoilée en début de semaine prochaine, lors d’une conférence de presse. Elle comprendra notamment des parlementaires actuels et des ex-parlementaires. « Marie-Noëlle Lienemann ne sera pas la seule sénatrice à partir. Des sénateurs et sénatrices s’interrogent », dévoile-t-on dans l’entourage du député européen.
Interrogée par publicsenat.fr début septembre, Marie-Noëlle Lienemann assurait « ne pas exclure » un départ du PS, même si « ce n’est pas ce qu’on préfère ». « On n’est pas en train de chercher à créer de la division. Mais ça y est, on n’en peut plus. Du moins s’ils continuent comme avant. Sinon, on a l’impression de ne plus servir à rien ou de cautionner », affirmait alors l’ex-secrétaire d’Etat au Logement.
« Les critiques étaient plus pertinentes quand nous étions au pouvoir » (Laurence Rossignol)
« Je regrette quand des gens quittent le parti mais je note que beaucoup ont choisi de rester, déclare le sénateur PS Rachid Temal, joint par publicsenat.fr. Je pense aux militants socialistes qui font campagne, qui ont participé au Congrès, qui sont impliqués dans la construction de la plateforme sur l’Europe et qui se réveillent avec une gueule de bois. Quand on est un dirigeant socialiste, on doit d’abord penser aux militants ».
Interrogée lors de l’émission Territoire Sénat, la sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol a exprimé ses doutes sur la stratégie de l’aile gauche du PS : « J’ai lu ce que disait Emmanuel Maurel et je me suis dit ‘pourquoi maintenant’ ? Il aurait pu le dire en 2014 et avant 2017, Marie-Noëlle Lienemann aussi aurait pu le dire quand elle a été réélue sénatrice socialiste, en 2017. Les critiques étaient plus pertinentes quand nous étions au pouvoir. Aujourd’hui, alors que le PS est clairement positionné dans l’opposition au gouvernement Macron, je ne vois pas pourquoi ».
« Quiconque quitte le PS n’est plus membre du groupe au Sénat » (Rachid Temal)
Mardi, la sénatrice du Val-de-Marne, Sophie Taillé-Polian annonçait à publicsenat.fr sa décision de quitter le PS pour rejoindre Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon. Tout en restant membre du groupe socialiste et républicain. Marie-Noëlle Lienemann devrait rapidement dire si elle entend rester ou non au groupe PS. « Quiconque quitte le PS n’est plus membre du groupe au Sénat, même si on peut demander à être apparenté au groupe socialiste », estime Rachid Temal. La question sera abordée mardi lors de la réunion du groupe socialiste. Autre sujet : la vice-présidence du Sénat assurée jusqu’à présent par Marie-Noëlle Lienemann au nom du groupe socialiste, élue à ce poste par ses camarades. Là encore, la question sera abordée mardi. « Tout ça est sur la table », précise Rachid Temal.
Emmanuel Maurel devrait figurer sur les listes de La France insoumise (LFI) pour les européennes. L’ex-chef de file de l’aile gauche du PS et Marie-Noëlle Lienemann, qui ont lancé leur club « Nos causes communes », pourraient se rapprocher des Insoumis ces prochaines semaines. « Ma stratégie est celle des convergences. Il faut faire avec LFI ce travail de convergences », a estimé dans Le Monde Emmanuel Maurel, dont l’objectif est « de préparer le Front populaire du XXIe siècle ». « Ils vont rejoindre Jean-Luc Mélenchon. Le choix qu’ils font n’est pas celui du retour de la gauche au pouvoir parce que je ne crois pas que LFI nous conduise tout seuls vers de nouveau un gouvernement de gauche », regrette Laurence Rossignol.