Emmanuel Macron, qui a dénoncé le "cynisme" et "l'irresponsabilité" de l'Italie qui a refusé d'accueillir un navire de migrants, "oublie" que ce pays a été "submergé par l'immigration clandestine", a estimé mardi Marine Le Pen.
"Ce que je trouve cynique c'est que le président français oublie encore une fois que l'Italie a été submergée par l'immigration clandestine et souhaite arrêter cette submersion, ce qui est parfaitement normal, parfaitement compréhensible. Au-delà du fait que c'est la volonté des électeurs" italiens, a affirmé la présidente du Rassemblement national (RN, ex-FN) en marge d'une visite au salon de la défense terrestre Eurosatory à Villepinte (Seine-Saint-Denis).
M. Macron a tardé à réagir parce qu'en ce qui "concerne le régalien, c'est un gigantesque océan de faiblesse et de lâcheté", a ajouté la députée du Pas-de-Calais.
"Je défends le droit des pays en Europe à refuser d'accueillir des migrants supplémentaires. L'Italie a pris très largement sa part".
Sur Twitter dans la matinée, la dirigeante politique avait estimé que les ONG, "derrière le vernis humanitaire, (avaient) un rôle objectif de complices des mafias de passeurs", après que le navire Aquarius eut secouru en Méditerranée 629 migrants, que l'Italie et Malte ont refusé d'accueillir.
Dans ce tweet elle a jugé "salutaire" la réaction du ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, chef de la Ligue alliée de son parti, qui a refusé que le navire accoste dans son pays et a crié victoire quand l'Espagne a décidé de recevoir le bateau.
"Accepter que les bateaux de migrants accostent crée un appel d'air irresponsable! Il faut qu'ils retournent d'où ils viennent", a ajouté la dirigeante d'extrême droite.
"La question n'est pas de savoir s'il faut leur porter secours. La réalité c'est que c'est la question de faut-il les accueillir. Ma réponse est +il n'en est pas question+. La France a pris sa part de l'immigration clandestine (...). Il faut arrêter cela", a-t-elle dit à Villepinte, en prônant des accords bilatéraux ou trilatéraux pour "opérer des sauvetages" de ces migrants "pour les ramener à leur port de départ".
Mme Le Pen a par ailleurs estimé que les dirigeants nationalistes de Corse, en proposant d'accueillir le navire Aquarius, voulaient "organiser la submersion migratoire" au lieu de défendre "l'identité" des Corses.
Le député FN du Gard Gilbert Collard a dénoncé un "piège émotionnel". "Secourir est une obligation compassionnelle à l'égard des migrants, renvoyer est un devoir humanitaire et de survie à l'égard des populations européennes", a-t-il estimé dans un tweet.
La président du Front National Marine Le Pen au palais des Congrès à Nice dans le sud de la France, le 1er mai 2018
AFP
Les 629 migrants secourus par l'Aquarius et bloqués au large depuis ce weekend vont finalement pouvoir débarquer en Espagne, après avoir été transbordés sur des navires italiens, a annoncé mardi l'ONG SOS Méditerranée.
L'Italie, qui a vu quelque 700.000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013, a régulièrement accusé les Européens d'avoir détourné les yeux et de l'avoir laissée seule face à la crise migratoire.
Emmanuel Macron a réuni mardi les responsables de plusieurs partis politiques à l’Élysée pour les consulter avant la nomination d’un nouveau Premier ministre pour remplacer Michel Barnier. Pour le député RN Thomas Ménagé, invité de la matinale de Public Sénat ce mercredi, cet échange marque « le retour de l’UMPS » sous la forme d’un « parti unique qui va du PS jusqu’à Laurent Wauquiez ».
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.