Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Macron / Collomb : le désamour
Par Public Sénat
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« Mais qu’est-ce qui se passe ? » s’est interrogé le sénateur (LR) des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, à propos de l’embrouillamini lié à la démission de Gérard Collomb, de son poste de ministre de l’Intérieur. C’est bien la question que tout le monde se pose. Alors que Gérard Collomb était considéré comme son plus fidèle compagnon, le divorce est acté avec le président de la République.
Serge Raffy , éditorialiste à L’Obs analyse cette rupture : « Au fond le couple Macron et Gérard Collomb, c’était le mariage de l’ancien monde et du nouveau monde, mais avec les idées de Gérard Collomb. Il ne faut jamais oublier que le président de la République s’est beaucoup appuyé sur les idées, sur la philosophie politique de Gérard Collomb (…) On est dans un mariage politique, idéologique entre les deux hommes. Donc ce qu’on est en train de vivre c’est vraiment une rupture aussi politique et idéologique. »
« Le devoir d’ingratitude »
Et il ajoute : « Gérard Collomb est celui qui a fait la courte échelle à Emmanuel Macron pour arriver à l’Élysée. Simplement, c’est la vie politique que l’on connaît, il y a des règles assez simples : c’est le devoir d’ingratitude (…) C'est-à-dire que quand on devient président de la République, on n’a plus d’amis, on n’a moins d’affidés, on est isolé. Et donc Gérard Collomb quelque part a pâti de ce devoir d’ingratitude. Il a payé cela. »
Pour le journaliste, le divorce entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb vient également du fait que le ministre de l’Intérieur « n’était peut-être pas le bon candidat pour ce poste » : « Il a un côté sénateur provincial, très sympathique, qui parle lentement, qui ne donne pas ce côté de fermeté qu’avaient les autres ministres de l’Intérieur. »
Serge Raffy explique qu’Emmanuel Macron avait surtout nommé Gérard Collomb à ce poste « parce qu’il voulait avoir un bouclier » : « Le ministère de l’Intérieur, [Emmanuel Macron] en avait peur parce qu’il était persuadé qu’il était toujours entre les mains des policiers sarkozystes et (…) qu’il fallait absolument avoir quelqu’un de sûr au sommet pour contrôler (…) ce ministère un peu étrange. Et Gérard Collomb n’a pas pu le faire parce qu’au fond, peut-être, qu’il n’était pas préparé pour ça. Et peut-être qu’aussi Emmanuel Macron ne lui a pas donné toutes les armes pour le faire. »
Mais alors, peut-on parler d’ingratitude d’Emmanuel Macron vis-à-vis de Gérard Collomb ? « C’est ce que certains témoins nous disent » répond Serge Raffy. « Petit à petit le parrain, celui qui l’avait aidé à gravir toutes ces marches, était moins utile. Il y avait des nouvelles têtes qui arrivaient, de nouveaux chouchous (…) Et peut-être que Gérard Collomb avait fait son temps auprès d’Emmanuel Macron et que quelque part il le ressentait. Et donc, il avait certainement envie de partir depuis plusieurs mois. »