Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
Macron annonce des aides à l’emploi aux Réunionnais revendicatifs
Par Cécile AZZARO
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Au deuxième jour de sa visite sur l'île, Emmanuel Macron est allé jeudi à la rencontre de Réunionnais qui lui ont réservé un accueil mitigé, dévoilant une série d'aides à l'emploi sans réussir à dissiper leurs doutes.
Comme il aime à le faire, il a effectué une visite surprise dans un quartier rénové de Saint-Denis où, délaissant le parcours prévu, il a répondu longuement à des Réunionnais parfois en grandes difficultés. Ils n'ont pas hésité à lui demander des comptes, entre scepticisme, plaintes et parfois une pointe d'agressivité.
"Y a pas de travail, Monsieur. Comment on fait avec 790 euros par mois ?" lui a demandé une femme. "Je suis au chômage, je suis au bout", lui a lancé une autre, au bord des larmes, et le chef de l'Etat a demandé au préfet d'examiner son dossier. Plusieurs l'ont accusé de venir chercher des voix. "Mais je ne suis candidat à rien !", a rétorqué le président.
"Qu'avez vous dans votre besace pour nous, j'ai traversé la rue, il n'y a rien", s'est désolé un jeune, en allusion à la petite phrase du chef de l'Etat l'an dernier. "Education, formation", lui a répondu le chef de l'Etat.
Attentif à désamorcer la tension toujours vive dans ce territoire de plus de 850.000 habitants, dont 40% vivent sous le seuil de pauvreté, il a dévoilé en fin de journée un plan pour l'emploi et la formation, d'un total de 700 millions d'euros sur 3 ans.
Notamment, le dispositif des emplois francs qui octroie une prime aux employeurs de chômeurs sera étendu à toute l'île, le cumul du RSA et d l'emploi à temps partiel autorisé et l'Etat maintiendra 12.000 emplois aidés par an.
De plus, le versement du RSA, jusqu’ici à la charge du département, sera à partir de 2020 payé par l'Etat, comme à Mayotte et en Guyane.
Ces aides s'ajouteront à l'exonération des charges patronales allant jusqu'à deux fois le montant du SMIC dans certains secteurs (agroalimentaire, agriculture, tourisme...), une mesure pour l'outre-mer votée dans la nuit par l'Assemblée, à la demande du chef de l'Etat.
Ces annonces n'ont pas suffi à éviter des heurts jeudi soir dans la commune du Port entre une centaine de jeunes et des forces de l'ordre.
Le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais est majoré de 7,1% par rapport à la métropole, selon l'Insee, alors que le revenu médian réunionnais est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015).
Près de 500 personnes s'étaient rassemblées auparavant à Saint-Denis en réponse à l'appel de l'intersyndicale à manifester, selon des chiffres de la police cités par l'Elysée. Mais l'appel à la "grève générale" pour dénoncer "la situation sociale" ne semblait pas suivi.
- "Antibiotiques" après "Doliprane" -
Emmanuel Macron a aussi rencontré une cinquantaine de participants à des "représentations citoyennes" mises en place dans le sillage de la crise des "gilets jaunes" qui a secoué l'île en 2018.
Rapportant "une aggravation de la situation depuis un an", un "gilet jaune" a estimé que "le problème de la vie chère, on pourra le régler s’il y a les revenus qui suivent".
Face à eux, Emmanuel Macron a dit ne pas penser "que la solution puisse être dans la baisse des prix de X produits", soulignant vouloir "donner la possibilité aux citoyens d'avoir un droit d'alerte, en quelque sorte une plateforme de signalement".
Côté emploi, "la réponse qu'on a eu pendant des décennies, c'est de dépenser de l'argent public. Vous avez un problème ? Venez, emploi public. On donnait du Doliprane pour un mal profond. Il faut passer aux antibiotiques", a-t-il lancé, en prônant une "politique pour des emplois durables" et "plus de concurrence".
Une délégation intersyndicale n'a pas été reçue par Emmanuel Macron jeudi, chacune des deux parties se renvoyant la responsabilité de cet échec.
Vendredi, pour sa dernière journée sur l'île, le président de la République doit visiter une exploitation agricole à Petite-Ile et participer à une table ronde avec les représentants des filières, avant un pique-nique "Pei" mettant en valeur les produits locaux.